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JÉRÉMIE. VERSIONS

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l'élégance par la recherche en particulier de synonymes se substituant à un terme unique en hébreu. ainsi.1er., îv. 23-26 où le même verbe répété quatre fois est traduit de ces différentes manières : Aspexi terrant… Vidi montes… Intuitus sum… aspexi… Même préoccupation aussi que dans les autres livres prophétiques <le mettre dans tout leur joui les prophéties messianiques en accentuant l’idée messianique réellement présente dans le texte. L’hébreu : « Et voici le. nom dont on l’appellera : lahvé. notre justice. devient : El hoc est nomen quod rocabunt eum Dominus justus noster, Jer.. xxiii. G. Ailleurs, le traducteur maintiendra contre l’ancienne version latine une façon de rendre l’hébreu qui lui permettra une interprétation messianique. Femina circuiridabil virum. In Jeremiam, l.VI. c. Jtxxi, P. /… t. xxiv. col. 880-881. Cf. Condamin. Les caractères de lu traduction de lu Bible par^aint Jérôme, dans Recherches de Science religieuse, .19ll K p. 425-440 et 1012. p. 105-138.

II. LE TEXTE HÉBREU SfASSORÉTIQUE ET LA VER Sios DES Sept ax te. — Uuedes nombreuses questions soulevées par l'étude du livre de.lérémie est celle des rapports du texte hébreu massorétique et de la version des Septante. Les différences entre l’un et l’autre sont plus considérables que pour aucun autre livre de la Bible ; les unes intéressent le groupement des prophéties, réparties selon deux ordres bien différents, les autres leur étendue, réduite, dans la version grecque, de la huitième partie du livre environ. De ces faits, quelle explication donner ? La réponse importe non seulement à la critique textuelle mais encore à l’histoire même du livre et de sa composition ; l’histoire de la version des Septante, toujours des plus obscures, malgré les nombreux travaux dont elle a été l’objet, pourra, elle aussi, en recevoir quelque lumière.

Pour plus de facilité et de clarté les deux questions de l’ordre des prophéties et de leur étendue seront successivement étudiées.

L’ordre des prophéties.

Texte hébreu et version grecque se correspondent parfaitement (à l’exception de xxiii, 7-8 reportés dans les Septante après

xxiii. 40) jusqu’au chapitre xxv, 14 ; à partir du verset suivant cesse l’accord qui ne se retrouve qu'à la fin du livre avec le chapitre lu. Voici l’ordre respectif des deux textes, il s’agit des oracles contre les nations : »

Grec.

    1. XXXII-LI##


XXXII-LI.

xwi (l’Egypte), xxix, 1-7 (Philistins). xxxi, 1-44 (Moab). xxx, 1-5 (Ammon). xxix, 8-23 (Édom). xxx, 12-10 (Damas). — 6-11 (Cédar et les royaumes de Hasor). xxv, 14-xxvi-l (Élam). xxvii-xxviii (Babylone).

LU

Ce simple rapprochement des deux textes pose immédiatement deux problèmes : 1. Quelle est la place primitive des oracles considérés dans leur ensemble ? — 2. Quelle est la distribution originale de ces oracles contre les nations ?

1° Quelle est la place primitive des oracles dans le recueil des prophéties de Jérémie ? — Le grand nombre et la variété des réponses données à cette question proviennent du manque d'éléments suffisants pour aboutir à une complète certitude. Selon l’opinion le plus communément admise aujourd’hui, l’ordre du grec serait le plus ancien ; le v. 13 du c. xxv n’apparaît-il pas en effet comme l’annonce de la série des oracles contre les nations étrangères et tout particulièrement contre le peuple qui a réduit Israël en cap Hébreu

xxv,

15-XLV

XLVI

XLVII

XLVIII.

1-44

XLIX,

1-5


7-22

23-27


28-33


34-39

L-LI

lii

tivité '.' : i Je ferai venir sur ce pays (des Chaldéens) toutes les paroles que j’ai prononcées contre lui, tout ce qui est écrit dans ce livre, ce que.lérémie a prophétise contre les nations. « Or ce n’est que vingt chapïl res plus loin qu’apparaissent dans l’hébreu les oracles. manifestement visés dans ce passage Cf. Cornely, Historien et critica introductio in utriusgue Testament i libros sacras, Paris. L897 t. n ii, p. 367-373. De plus la vision symbolique de 'a coupe de vin à présenter aux nations, xxv, 15-26, semble bien u le sort d’introduction au recueil des mêmes oracles. La discussion de la deuxième question ajoutera encore à la probabilité du caractère primitif de la plae donnée par le grec aux oracles contre les nations.

2. Quelle est la distribution originale des oracl s co tr les nations ? — L’hypothèse qu’il y eut deux traducteurs grecs pour le livre de.lérémie et qu’il exist < dès lors deux recueils hébreux primitivement indépendants pourrait bien donner la réponse à la question. Si la constatation de la pluralité ou de la dualité de traducteurs avait été faite à différentes reprises déjà (Strcane, Kneucken, Scholz, Frankl), la délimitation de l'œuvre respective des deux traducteurs revient à H. St. J. Thackeray, The greek translalors oj Jeremiah, dans The Journal of theological Studies, 1903, p. 245266. Par la comparaison des différentes manières de rendre en grec les mêmes mots hébreux, on est amené à constater que certains mots, certaines expressions sont régulièrement traduits de telle façon dans une première partie du livre qui va du chapitre i à xxviii des Septante, tandis que ces mêmes mots, ces mêmes expressions reçoivent une autre traduction, constante également, dans une seconde partie du livre qui va de xxix à li. (Le c. lii serait encore d’une autre main). Les exemples abondent, ainsi l’hébreu mrP nos D3 traduit par TaSe "kéyei /tûpioç environ 60 fois dans i-xxviii, l’est par oôtwç sÏtcv xôpioç 70 fois environ dans xxix-li ; de même l’hébreu nottf diip rendu par Tàoociv (8 fois) eîç àçxviajxôv (18 fois) dans i-xxviii, l’est par T10svai (ou StSôvai) eîç a(3aTov 13 fois dans xxix-li. De tels exemples pourraient être multipliés. Cf. Thackeray, loc. cit., p. 247-251 ; A. Scholz, Dos massorctische Text und die LXX Uebersetzing des Bûches Jeremias, Ratisbonne, 1875, p. 14. A l’appui de ces considérations viennent encore les remarques faites sur certaines particularités de la traduction de la seconde partie de Jérémie, à savoir son ignorance de tels et tels mots hébreux et la présence dans son vocabulaire d'àrcai ; XsyàyLevx. Cf. Thackeray, A Grammar of the OUI Testament in Greek, 1. 1, 1909, p. 14 Un tel ensemble de faits ne peut guère s’expliquer que par l’hypothèse de deux traducteurs. Mais pourquoi cette double traduction ? Par suite, sans doute, de l’existence de deux recueils hébreux partiels et séparés, traduits chacun par un auteur différent. C’est entre autres hypothèses, celle qui paraît la plus vraisemblable parce qu’elle rend compte en même temps de quelques particularités du livre de Jérémie par ailleurs inexpliquées.

Ainsi quatre des oracles contre les nations, Élam, l’Egypte, Babylone et les Philistins ont un titre spécial : « Parole de lahvé adressée à Jérémie (ou prononcée par Jérémie). » Dans le grec, ils se trouvent groupés en tête de la série, sans doute parce que primitivement ils appartenaient au même recueil dont ils formaient les derniers chapitres xxv-xxix, ou mieux encore la fin d’un premier recueil xxv-xxviii et le commencement d’un second xxix, 1-7. On ne voit pas au contraire quelle raison aurait pu commander la répartition de ces mêmes oracles avec des titres spéciaux dans l’hébreu où ils sont dispersés parmi les autres oracles xi.ix, 34-39 ; i.vi : L-LI, xlvii.

Ainsi s’explique encore cette note que l’on trouve à