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JEAN DLL SÉGOVIE

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borne â réfuter point par point la constitution Moyses. Quelques jours plus tard, lorsqu’il faut remplacer le pape, dont le concile a prononcé la déchéance, c’est Jean île Ségovie qui, avec l’abbé de Dundrenann et Thomas île Courcelles, reçoit mission de roc Uter par cooptation le collège électoral. Au premier tour de scrutin, il recueille le plus grand nombre de suffrages après Amédée de Savoie. Le 5 novembre 1439, Amédée qui avait au second tour recueilli la presque unanimité des voix était proclamé élu. Il fallait le faire reconnaître par les diverses puissances ; Jean fut député successivement à la cour du roi de France, Charles VII, été de 1440, puis à la diète de Mayence, pour décider le nouveau roi des Romains. Frédéric III à reconnaître Félix V, le pape du concile. Il ne parvint pas à détacher ces deux souverains de l’obédience d’Eugène IV. Le voyage de Mayence lui réserva même une assez pénible avanie : Jean venait d’être nommé cardinal par l’antipape, 12 octobre 1440, mais la diète, voulant témoigner qu’elle ne reconnaissait pas Félix V, ni dès lors les dignitaires créés par lui, exigea que Ségovie pour paraître devant elle dépouillât les insignes cardinalices. Incapable de se faire reconnaître, l’antipape finit par négocier, par l’intermédiaire de Charles VII, avec le pape Nicolas V. Il réussit à conserver pour lui-même la dignité cardinalice, qu’il aurait voulu également assurer à tous les cardinaux nommés par lui. Mais trois d’entre eux seulement furent acceptés par Nicolas. Jean de Ségovie fut écarté du Sacré Collège ; mais on lui donna en commende l’évêché de Saint-Paul-Trois-Châteaux. 21 juillet 1449. Cette collation fut d’ailleurs révoquée le Il mai 1450 ; le 13 octobre on lui attribua l’évêché de Maurienne, qui lui fut ôté le 26 janvier 1453. Finalement on accorda à Jean de Ségovie le titre d’archevêque de Césarée. Retiré au prieuré d’Alton, près d’Aiguebelle (Savoie), il se consola de ses disgrâces en composant divers travaux, de longue haleine et spécialement son histoire du concile de Bâle. Il mourut après 1456, laissant, dit la Chronique latine de Savoie une grande réputation de sainteté. Sur sa tombe, comme sur celle d’Amédée et du cardinal Louis Aleman, les miracles étaient fréquents. Joannes de Segovia, sacrx theologiæ doctor profundissimus hispanus, in prioratu Aijlonis Mauriannensis dicecesis sepultus evidenlissimis claret miraculis. Nous laissons évidemment la responsabilité de cette affirmation au chroniqueur savoisien. Cf. Chronica lutina Sabaudiæ, dans les Monumenta historiée putriæ, Scriptores, t. i, col. 615.

II Œuvres. — Presque toutes sont restées inédites ; elles se rapportent aux questions traitées par le théologien au concile : 1° Johunnis de Segovia relatio in depulatione fidei super materia bullarum de prsesidentia, conservé dans de nombreux mss, en particulier dan, le Vatic. palat. lat. 600, ꝟ. 1-30 ; c’est le rapport dont il a été question ci-dessus. — 2° Seplem allegationes et lolidem avisamenla pro injormatione Palrum concilii Basileensis… circa sacratissimæ virginis Mariæ immaculatam conceplionem ejusque præservationem a peccalo originali in primo sine animationis instanli, publié en 1664 à Bruxelles par le franciscain Pierre d’Alva y Astorga. En voir l’analyse dans l’article Immaculée Conception, t. vu. col. lllOsq. — 3° Concordanliw biblicoe vocum indeclinabilium, composé à l’occasion des disputes théologiques avec les grecs. A propos de la procession du Saint-Esprit, on argumentait fort sur les prépositions de et ex ; Jean de Ségovie entreprit de rassembler, pour éclairer le sens de ces particules, le plus grand nombre possible de textes scripturaires où elles figurent. Cette concordance fut imprimée a Bâle, en 1476. La même controverse avec les grecs donna occasion à Ségovie de traiter plus amplement de la procession du Saint Esprit. — 4° De auctorilale Ecclesiæ, intitulé aussi De insuperabili sanctitate et suprema auctorilale generalium conciliorum, même ms. que pour 1°, ꝟ. 163-211, mais incomplet ; mieux conservé dans Ynlic. 4039, f » 192r « -232v et Vatic. Regin. 1012, t° I32r°-311v° ; un court Fragment est publié dans Von der Ilardt, Res concilii œcumenici Conslantiencis, prolégomènes, p. 7. L’ouvrage de Jean publié au printemps de 1433 est un exposé complet de la théorie conciliaire. Voici les idées principales qui y sont développées : L’Église est la communauté des croyants, unis par les sacrements et le lien de la charité ; ainsi comprise, elle est infaillible dans les questions relatives à la foi et aux mœurs ; mais l’Église infaillible, ce n’est ni le pape, ni le Sacré-Collège, ni l’Église romaine, ni même le concile général. Étant un corps mystique composé de plusieurs membres, elle ne peut s’identifier à l’un quelconque de ceux-ci à l’exclusion des autres. C’est l’Église en tant que corps qui est infaillible, et ce corps de l’Église est composé de l’ensemble des évoques, des prêtres, des prédicateurs, des docteurs, des curés. Le concile général, régulièrement convoqué, en étant la représentation régulière, est par le fait même le docteur suprême, ayant puissance d’enseigner le peuple chrétien et de le guider dans les voies du salut. Lui réuni, les pouvoirs du pape, chef de l’Église par délégation du Christ, semblent cesser, puisque le Christ lui-même, dont il est le délégué, est présent immédiatement dans le concile : videntur cetsare acliones capilis subslituli, sicut delegati in prxsentia deleganlis, ipso judicante. Cette phrase est empruntée au traité de prxsidentia, mais elle complète l’exposé, que nous analysons. Il suit logiquement que tous les chrétiens, y compris le pape, ont le devoir de se soumettre entièrement au concile. — 5° De tribus veritalibus fidei, « ou explication des trois vérités de foi décrétées par le saint concile général de Bâle, et exposé des cinq conclusions d’où il appert que l’ex-pape Eugène IV est hérétique, pour être retombé dans les erreurs signalées ; » traité conservé dans un ms. de Munich, ancienne Bibliothèque de la Cour, lat. 6606, composé en réponse à la constitution Moi/ses, donc à la fin d’août ou au début de septembre 1439 : la vérité à laquelle résiste Eugène IV c’est avant tout celle de la prééminence du concile sur le pape, proclamée à Constance et reprise à Bâle. — 6° Dicta Joannis de Segobia circa materiam neulralilalis principum, intitulé aussi Allegaliones contra neulralilatem ; nombreux mss. : Paris, Bibl. nat., lat., 4225 et 1442, ce dernier, copié sur un ms. conservé à Bâle, Bibl. de l’Université, E, I, 2 ; Munich, même ms. que ci-dessus et aussi 6489 ; Vatic. Regin. 1019, ꝟ. 97 V-115 r°. Un fragment très court a été publié par Von der Hardt, loc. cit., prolégomènes, p. 14-16. Ce petit traité, composé entre la déposition d’Eugène IV et l’élection de Félix V, est destiné à combattre l’attitude indécise des princes électeurs allemands. Leur hésitation entre l’obédience d’Eugène IV et celle du concile est une inconséquence ; s’ils reconnaissent, comme ils le prétendent, la légitimité du concile, ils n’ont pas le droit de lui refuser l’obéissance, n’y ayant pus d’autorité supérieure à laquelle ils puissent en appeler. — 7° Justiftcatio sacri Basileensis concilii et sententiæ ipsius contra Gabrielem olim Eugenium papam 1 V latse et injuslificatio ipsius Gabrielis et sibi adhærentium et a sacro concilia se qualitercumque abstrahentium ; nombreux mss. : Munich, ibid., 6606, f » 207 r » -221 v° ; 22 382, ꝟ. 48r°-56 v » ; Vatic. palat. 600, ꝟ. 122 r°133 v° ; 601, ꝟ. 235 r°-246 v » ; Vienne, ancienne Bibliothèque de la Cour, 5080, ꝟ. 367 r°-380 v ». L’auteur y examine le procès d’Kugène IV au quadruple point de vue de la compétence du tribunal, de la vérité des accusations, de motifs du procès, des formes juri-