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[SA II., LE ROI MESS] UMIQ1 E

rôme interprète : Nos virgam de rqtfice Jesse sanctam Mariam virginem intelligamus…, et florem, Dominum

salvatorem. In Is.. xi. 1. P. /… t. xxiv, col. 144. Mais le parallélisme synonymique exige que le rameau et le rejeton désignent la même personne, comme le tronc et les racines désignent la même souche. Le Messie est appelé ici un ramena et un rejeton ; il est nommé ailleurs un germe. Is.. iv. 2 ; xlv. 8 ;.1er., xxui. wxiii. lô : Zach., m. S ; vi. 12. une pousse, Is., un, ’.. xvii. 22. une racine. Is.. un, 2. une végétation. Et, xxxiv, 29. C’est peut -être à tous ces textes, et spécialement, d’après saint Jérôme et beaucoup de commentateurs, au mot’w.sér d’Isaïe. xi, 1, que se réfère saint Matthieu, n. 23. quand il dit de Jésus : « Il vint habiter une ville nommée Nazareth, a fin que s’accomplit ce qu’avaient dit les prophètes : il sera appelé Nazaréen. LeTargum de Jonathan applique au Messie le premier verset : Egredietur uirga de radiée Jesse. II est suivi par la plupart des anciens commentateurs juifs, entre autres Abarbanel et Kimchi. Saint Paul, IIThess.. ii. S. applique à Jésus-Christ la parole d’Isaïe, y, 1 : Du souffle de sa bouche, il anéantira l’impie. Cf. Apoc., i. 16. L’Apocalypse, v, 5 ; xxii, 16, emprunte à Isaïe un des qualificatifs dont elle salue l’agneauxle la Jérusalem céleste : « Le voici le lion vainqueur de la tribu de Juda, le rejeton de David, a Cependant, quelques juifs, parmi lesquels Aben-Esra, et quelques commentateurs modernes à la suite de Grotius ont soutenu qu’Isaïe voyait Ézéchias dans le rejeton sorti du tronc de Jessé. On pourrait encore dans ce cas, admettre le messianique typique, mais il est certain qu’Isaïe n’a pu s’attendre à voir réaliser par Ézéchias le brillant avenir qu’il décrit au chapitre xi. Au témoignage de Théodoret certains juifs auraient appliqué cette prophétie d’Isaïe à Zorobabel : lacrymis digna est, dit-il. judxorum slupiditas. In Is., xi, 1, P. G., t. lxxxi. col. 318. Zorobabel ne vérifie pas le portrait d’Isaïe. D’ailleurs, le regard prophétique ne se porte pas sur un personnage historique déterminé, mais seulement sur le Messie, dont il annonce la naissance miraculeuse au chapitre vii, dont il a donné les noms au chapitre ix, dont il a décrit le rôle au chapitre XI.

Le rôle du Messie est d’abord de faire régner la justice : Il sera un juge parfait, aura une attention particulière pour les pauvres et les malheureux, exterminera l’impie et le méchant. La justice sera son vêtement et son armure, 3 b -5. Grâce à ces dispositions, il inaugurera ce règne de paix si brillamment décrit dans les versets < ; -9. Pour réaliser ce portrait du juge idéal, le nouveau David sera animé de l’Esprit de Jahvé qui reposera sur lui d’une façon permanente et lui communiquera la plénitude de ses dons. Dans une énumérat >on à sept termes, le prophète indique d’abord d’une façon générale l’Esprit de Jahvé, puis les six elTcts que sa présence produira dans le Messie.

Les dons du Saint-Esprit vont deux à deux. D’abord deux dons d’ordre spéculatif : la sagesse, en vertu de laquelle le juge saura saisir la vraie nature de la cause, et F intelligence, pour discerner les circonstances et les autres données qui peuvent influer sur la sentence. Puis deux dons se rapportant à l’ordre pratique : 1e conseil, ou l’art de prendre les résolutions et les moyens les plus propres à obtenir le résultat voulu ; la force, qui rendra le juge indépendant de toutes considérai ions de personnes et supérieur aux obstacles. Enfin, deux « Ions se rapportant à l’ordre religieux et mettant le juge de la terre en parfaite harmonie avec Dieu qu’il repré sente : la science, ou la connaissance parfaite de I >ieu et de sa loi ; la crainte de Dieu, ou l’obéissance respectueuse aux volontés divines.

Les dons du Saint-Esprit sont au nombre de six. Il ne saurait être question d’un septième don exprimé par

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

le y 3> : et replebil eum spititus timoris Domini. Ce n’est pas un don nouveau puisque la crainte de Dieu figure déjà à la fin du 2. D’ailleurs, les dons sont énumerés deux à deux, et le membre de phrase de 3 « est en dehors de l’énumération, comme l’indique sa construction même. D’où vient donc le septième don du Saint Esprit ? Les I XX et la Yulgale ont traduit le même mot hébreu de deux façons différentes dans 2A et 3°, une première l’ois par eùaéêeia, pietas, une seconde fois par cpôooç Œoù, limor Domini. sans doute pour éviter la répétition du même terme dans deux versets consécutifs. Il n’est pas prouvé que les 1. XX aient attaché un sens différent à eùasGeia et à-<p660ç Geoù. La piété et la crainte de Dieu sont synonymes et expriment simplement la religion. On en a la preuve dans la double traduction que les LXX donnent de Proverbes, i, 7 : ’Ap/r, goçîcx ; 9060c Gîoù et s)aéozix Se sic Œov àpyj’q awOrjascoç.’D’ailleurs, dans Is., xi, 2d et 3% le Targum et la Peschito traduisent la locution hébraïque deux fois de la même manière : on n’est pas fixé sur le sens exact de 3°. Dom Calmel traduit : Et sa respiration sera dans la crainte du Seigneur. Ce verset décrirait l’effet produit dans l’âme du Messie par les dons énumerés aux versets précédents, surtout par le dernier. Le rejeton de David sera tellement pénétré de la crainte de Dieu que ce sera sa vie, sa respiration. Mais plusieurs critiques (Bickell, Condamin, Duhm) considèrent 3 a comme une glose ou une variante qui vient rompre la régularité des versets 1-8 où tous les autres vers sont groupés deux par deux et soumis à un rigoureux parallélisme.

La conséquence de la justice dans le gouvernement des hommes, c’est la paix. Le prophète dessine un magnifique tableau de la tranquillité, de la douceur des mœurs, de l’harmonie universelle que le règne du Messie amènera dans le monde, xi, 6-9. Il ne faut voir dans cette description, ni un rêve purement idéal, ni une réalité destinée à s’accomplir un jour à la lettre. II faut faire la part du symbole et considérer que le prophète décrit avant tout les splendeurs du royaume messianique dans sa phase complète et définitive. La première partie du verset 10 : « En ce jour-là, c’est la racine de Jessé qui se lève comme un étendard pour les peuples, c’est lui que les nations chercheront, » est citée par saint Paul, Rom., xv, 12. C’est la personne même du Messie qui est présentée comme une bannière sous laquelle le monde entier viendra se ranger ; ce n’est pas précisément sa croix qui est l’étendard ; il n’y a pas ici de prophétie de la mort du Messie. La seconde partie du verset 10 : « Et sa demeure sera glorieuse » a été traduite par la Vulgate : Et erit scpulcrum cjus gloriosum. Saint Jérôme appliquait ce passage à la mort et à la résurrection du Sauveur, et il a traduit de la sorte pour expri mer plus clairement ce qu’il croyait être la pensée du prophète : Ut manifeslum legenti sensum faceremus.

In Is., XI, III. P. I… t. xxiv. COl. 1 19. Mais l’idée du sépulcre, même glorieux, s’accorde mal avec le contexte. Isaïe veut dire que la gloire du Messie. étendard pour les nations, resplendira dans tout l’univers, et illuminera en quelque sorte sa résidence.

II. la SECONDE PARTIE. Considérée au point, de vue messianique, la première partie du li re il’Isaïe fait surtout connaître la personne et les fondions royales du Messie. La seconde partie décrira principale ment son ministère de docteur qui s’étend au monde entier : » Il est envoyé pour être la lumière des nations et pour faire arriver le salut de Jalive jusqu’aux exlre mités de la terre i XXIX, il : et son œuvre rédemptrii i en tant que i serviteur de Jahvé > s’offrant lui m<" en sacrifice expiatoire pour nos péchés, i.m. 10. > avons dit que cette seconde partie pouvait se par en tiois sections qui nous parais en1 serai ach pectivement comme a des points cardinau. ai trois

VIII.