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    1. JEAN DE LA CHOIX (SAINT)##


JEAN DE LA CHOIX (SAINT). DOCTRINE

pour contrebalancer l’attrait, quelquefois violent. vers les créatures. (Comparer ici la traduction Hoornært, t. ii, p. 57, avec celle des carmélites de Paris). Mais la foi opère d’une façon purement spirituelle, imperceptible aux sens. Et l’âme pour s’adapter â cette influence, et dans la mesure où elle peut et doit coopérer d’une manière active, doit simplement consentir, fixer ses facultés avec tous ses goûts et appétits spirituels dans la foi pure. L’auteur dira aussi comment l’âme se dispose activement a la nuit par l’exercice de la foi. Quant à l’opération divine que l’âme reçoit passivement, il en sera question plus tard. Remarquons ici encore les expressions « nuit active » et « nuit passive », elles désignent deux attitudes à l’égard d’une seule et même nuit causée par la foi.

Jean établit d’abord que la foi est pour l’âme une nuit obscure, c. n ; puis il indique la coopération positive à fournir a la divine lumière. Par manière de parenthèse, il explique la nature de l’union de l’âme avec Dieu, c. iv. Ensuite il montre en détail la collaboration active, laquelle consiste dans l’exercice des trois vertus théologales, c. v. Cette voie ou fpçon de procéder, est la « voie étroite » car elle exige un complet dépouillement, c. vi. Voici maintenant la coopération (disposilive toujours), que l’on peut appeler négative, parce qu’elle consiste à rejeter toute connaissance autre que la foi. A cet effet, l’auteur expose en général, c. vii, que ni créatures, ni connaissances distinctes quelconques ne peuvent servir de moyens prochains à l’union divine, et, au c. viii, il prouve que cette fonction appartient en propre à la’loi.

Tout le rcsle du 1. 11, et le I. III de la Montée traitent des connaissances distinctes et enseignent à en tirer bon parti, en évitant les écueils. Vient d’abord, c. ix, la classification complète des connaissances que l’entendement peut acquérir par voie naturelle et surnaturelle. Les notions provenant par voie naturelle des sens extérieurs oui fait l’objet du 1. I de la Montée. Le e. x. s’occupe donc des perceptions d’ordre surnaturel des sens extérieurs. Au c. xi, nous rencontrons les perceptions acquises par l’exercice naturel de l’imagination ; elles entrent en jeu dans la pratique de ta méditation, dite [jour ce motif « discursive ». Pour parvenir a L’union divine, ce discours doit cesser, car il trouble l’exercice du pui amour dans la foi. La question est de déterminer le temps opportun où l’âme peut et doit renoncer à l’activité naturelle, l’arrêter ; il faut savoir à quel moment le discours n’est plus pour l’âme le moyen aple qui lui lut Utile jusqu’ici, moyen naturel et premier qu’il n’est pas permis de délaisser aussi longtemps que d’autres besoins de l’âme ne le rendent pas inutile ou même nuisible. C’est ici, c. XII, que Jean explique les trois signes auquel l’homme spirituel peut s’apercevoir qu’il doit sans crainte abandonner la méditation ; c’est a) l’impuissance â méditer ; b) l’inappétence totale de l’imagination et des sens â l’égard de tous leurs objets repectifs ; c) l’attrait vers l’attention amoureuse et solitaire à Dieu, dans la paix, la quiétude, le repos total, à l’exclusion de tout travail discursif des facultés. Les trois signes doivent exister simultanément. Quelle attitude conseiller alors ? Le docteur mystique répond : Que ces âmes apprennent â s’appliquer à Dieu dans une attention amoureuse ; en toute quiétude, ans recourir â l’imagination. Et il ajoute : Si parfois les puissances de l’âme agissent, que ce ne soit pas avec effort, ni par discours laborieux, mais en suavité d’amour, unies par Dieu plutôt que par l’initiative personnelle, comme nOUS le dirons dans la suite. C’est

en effet l’action spéciale de Dieu qui cause dans L’âme les trois effets pai où se décile sa présence, il convient aussi de remarquer qu’au début, l’amour est si subtil

et si délicat qu’on l’aperçoit à peine, d’où une tendance à retourner à L’ancienne habitude. L’auteur explique magistralement pourquoi la contemplation est ténèbres pour l’âme, pourquoi il faut la posséder avant d’abandonner le discours, son intensité variable, la part qu’y prennent tantôt l’entendement, tantôt la volonté, le motif pour lequel on l’appelle connaissance générale et amoureuse, comment l’âme n’y est pas inactive quoiqu’il y paraisse, enfin, c. xiii, qu’il est utile, au début, de reprendre parfois l’opération naturelle des facultés. Signalons encore un point de doctrine important. L’amour contemplatif est un j don que Dieu accorde soit par l’intermédiaire des actes | de méditation, soit immédiatement ; en tout cas, j l’activité spontanée de l’âme est une cause dispositive, et non efficiente par rapport à la contemplation. Notre mystique continue ensuite l’examen des . perceptions distinctes. Les visions imaginât ives, c. xiv, i ne sont pas un moyen prochain d’union, mais le Seigneur i les utilise parfois pour communiquer des biens spiri ; tuels, parce qu’il adapte son action à la nature ; quoi| qu’il lui plaise en d’autres cas de passer outre â ses exigences. L’âme ne peut ni les rechercher, ni s’y atta, cher ; en cela, elle ne s’oppose pas à la volonté de j Dieu ; au contraire, pour se conformer à l’intention divine, l’âme doit retenir l’avantage spirituel produit

passivement et qu’elle ne saurait empêcher, mais elle

doit renoncer à la vision elle-même en toute humilité et respect, sans quoi, son imperfection neutraliserait J le bon effet de la vision. De plus, l’âme s’expose à perdre du temps, rencontre des difficultés, lorsqu’elle veut faire le départ entre les visions bonnes et les mauvaises, e. xv. Certains directeurs spirituels’manquent ici de discernement, c. xvi ; leur attitude I encourage le pénitent à s’occuper de ses visions, ou même ils se servent de lui comme d’intermédiaire auprès de Dieu ; ils ouvrent ainsi la porte â de graves erreurs, car les révélations et paroles divines n’ont pas toujours le sens que l’homme y découvre ; on ne peut ni s’y appuyer, ni les admettre aveuglément, alors même que leur authenticité serait indubitable ; nous pouvons en effet les interpréter faussement, c. xvii. faute d’apprécier exactement les causes qui les ont provoquées, c. xviii. Quoique Dieu daigne parfois répondre â qui l’interroge, Il n’aime pas qu’on use de ce moyen, et s’en montre souvent irrité, c. xjx. C’était licite sous l’ancienne Loi, mais depuis que Dieu nous a parlé par son Fils Jésus-Christ, Il n’a plus rien à nous dire et c’est une exigence injustifiable, et injurieuse a Dieu que de ne pas s’en contenter. D’autre part les confesseurs éviteront l’excès contraire ; puisque ces communications sont un instrument de Dieu, ils n’en seront ni effrayés, ni scandalisés ; mais écouteront bénignement les confidences, et ru besoin les imposeront, puis persuaderont leur disciple qu’un seul acte de charité est plus précieux devant Dieu que imites les communications du ciel ; nombre d’âmes en manquent. qui pourtant sont incomparablement plus avancées que d’autres abondamment favorisées sous ce rap ])CJ1 I, V. XX.

Le saint docteur passe ensuite aux perceptions purement spirituelles, produites sans l’intervention des sens, et reçues dans l’âme passivement : visions, révélations, paroles et sentiments spirituels, c. xxi. Les visions peuvent porter sur des substances corporelles, et sur des substances Immatérielles : Dieu, les anges, les âmes. Elles requièrent une lumière supélieiue. Incompatible avec la vie présente si ce n’est par exception. Ces visions de substances spirituelles ne Boni pas innés ici-bas de façon claire et nette ; elles peuvent néanmoins se faire sentir dans la substance de l’âme, au moyen d’une connaissance amoureuse

accompagnée de touches très suaves ; ceci appartient