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JEAN DE LA CROIX (SAINT). DOCTRINE

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générales. Pour remédier à ces maux et les prévenir,

le saint auteur dira quelle doit être la conduite de l’âme et celle du confesseur, les Indices de la nuit des sens et de celle de l’esprit, el de plus, l’usage qu’il faut

faire des faveurs divines. Lue telle matière, bonne en elle-même, pourra paraître obscure, surtout au début ; mais, en continuant la lecture, en la répétant, ce qui suit éclairera ce qui précède. Cette spiritualité n’a pas les attraits que beaucoup d’âmes recherchent ; substantielle et solide pour tous, elle ne convient qu’à ceux qui consentent à passer par la nudité d’esprit. D’ailleurs l’auteur ne s’adresse pas à tout le monde, mais à quelques personnes, religieux et religieuses de l’ordre du Carmel de la primitive observance, qui lui en ont fait la demande.

La Montée comprend trois, livres divisés en chapitres. Le 1. I explique la première strophe du poème ; les deux autres se rapportent à la seconde strophe. La Nuit obscure contient deux parties : la Nuit des sens, et la Nuit de l’esprit ; la première commente la première strophe du même poème ; elle est partagée en vers et en paragraphes. La seconde reprend encore le même chant lyrique pour en exposer les deux premières strophes et indiquer la troisième ; elle est également divisée en vers et en paragraphes.

Au premier chapitre de la Montée, saint Jean dresse le plan des deux traités. Pour parvenir à l’état parfait, l’âme doit ordinairement passer par deux sortes de « nuits », que les auteurs spirituels appellent purgations » ou « purifications ». La primera Noche… es de la parte sensiliva del aima, de la cual se trala en la présente Canciôn, y se tratarâ en la primera parte de este libro. La segunda es de la parle espiritual, de la cual habla la segunda Canciôn que se sigue ; e de esta también tralarcmos en la segunda parte cuanloâ lo activo ; porque cuanlo a lo pasiuo, sera la lercera y la quarta parte. Il fallait reproduire ce texte, à cause des interprétations différentes qu’on peut en donner. Quoi qu’il en soit nous constatons, que l’auteur a réalisé son plan comme suit : Montée du Carmel : L. I, Nuit des sens (un seul chapitre, le xiii, est d’ordre pratique et concerne lo activo, c’est-à-dire, enseigne ce que l’âme peut faire de sa propre initiative pour se procurer la nuit des sens ; le reste a une portée doctrinale, sans distinction d’actif ou de passi ; et convient à la voie passive autant qu’à l’active ; il est donc inexact d’assigner comme objet, au 1. I pris en bloc, la purification active). L. II et III, Nuit de l’esprit, purification active. — Nuit obscure, en deux sections : Nuit passive des sens, nuit passive de l’esprit. Les quatre parties annoncées par l’auteur seraient donc : l re, 1. I ; 2e, 1. II et III de la Montée ; 3e et 4e, les deux sections de la Nuit obscure.

2. Analyse de la Montée du Carmel.

Qu’est-ce que 1 ! saint entend par « Nuit obscure’? > Il s’en explique dès le début : nous entrons ainsi en contact avec sa doctrine dont il pose dès l’abord les principes. L. 1, e. il. L’union divine est considérée comme le terme vers lequel l’âme doit tendre. Il y a comme une distance a franchir, un passage à traverser : ce passage s’appelle nuit pour trois raisons : a) a cause du point de départ, car l’âme doit être libérée de l’appétit naturel inhérent à toute-. ses puissances ; de ce chef elle sera donc dans la nuit, ne goûtant plus rien de créé : — h) a cause de la route elle-même qu’elle suit dan-, -a marche ; cette route c’esl la foi. obscurité pour l’intelligence ; c) a cause du terme lui-même, Dieu, qui reste toujours ici-bas incompréhensible pour laine. L’unicité de cette nuit » est bien mise en relief par la comparaison avec la nuit naturelle. La nuit des sens, la nuil de l’espiil dan foi, et Dieu lui-même, dan-, l’étal d’union parfaite ici-bas. ces trois nuits jonl entre elles comme le crépuscule qui voile d’ombre les objets sensibles,

minuit ou les ténèbres totales, l’aurore enfin qui précède immédiatement la lumière du jour.

La privation du goût que l’on trouve dans l’exercice naturel des puissances, doit d’abord affecter la partie sensible de l’âme. I. m. C’est la première partie de la nuit des sens, absolument indispensable vu la nature même de l’union divine. C. iv et v. Car les appétits abandonnés sans trein à eux-mêmes engendrent dans l’âme des effets gravement dommageables, qui mettent obstacle à l’union parfaite, c. vi à x, quelque faibles que soient ces appétits. Le grand mystique précise. Il s’agit de mortifier les appétits dans ce qu’ils auraient de volontaire ; en eux-mêmes, s’ils ne dépassent pas un premier mouvement, et s’ils ne sont pas consentis, leur nuisance est nulle ou très minime ; il est impossible dans la vie présente de les mortifier totalement. .Même il arrivera que durant l’union de quiétude très élevée, ils agissent indépendamment de la volonté absorbée dans l’oraison. Le mal ne réside pas en ce que l’appétit sensitif goûte son objet connaturel, mais en ce que la volonté s’y délecte, s’y repose comme dans son terme. Aussi notre saint docteur souligne-t-il que la mortification des sens doit viser à un profit spirituel ; mais telle est l’ignorance de plusieurs : ils s’adonnent à des pénitences et à des exercices désordonnés, sans se mettre en peine de gouverner leurs appétits ; voilà pourquoi ils ne progressent pas dans la vertu. Le principal souci des maîtres spirituels doit donc être de mortifier leurs disciples. C. xi et xii. Nous arrivons ainsi aux principes proprement ascétiques du saint. Le c. xiii est très important. Les éditions antérieures à l’édition critique portent des variantes, que le P. Gerardo dit avoir été introduites pour expliquer la doctrine du saint. t L’auteur va donner des avis pour entrer dans la nuit des sens ; jusqu’ici il en a simplement fait la description et prouvé la nécessité. Deux voies ordinairement y acheminent : l’une active, l’autre passive. Est dite active la voie où l’âme fait ce qui est en son pouvoir. (Ici, les éditions antérieures ajoutent : « aidée de b grâce », ayudada de la gracia.) Dans la passive, l’âme ne fait rien d’elle-même ou par sa propre industrie ; mais Dieu agit en elle. (Nouvelle addition dans les textes anciens : « Dieu agit en elle, moyennant des secours plus particuliers, con mas particulares auxili >s et elle se tient passive, consentant librement consinlicndolibremente. L’on appréciera la portée de ces ajoutés, et l’on découvrira aisément les préoccupations qui les inspirèrent.) L’ascèse de saint Jean tient en quelques avis substantiels, méditer, imiter Jésus-Christ ; par amour pour Lui, renoncer à tout ce qui ne tend pas purement à la gloire de Dieu ; dans ce but mortifier l’attrait, en pratiquant les maximes l’odo y nada. A noter <pte saint Jean admet de la méthode dans les exercices : obrando ordenada i ; thscrelamenle. Pour réaliser celle œuvre, il faut.i l’âme une flamme d’amour plus ardente, produisant des i anxiétés » capables de surmonter celles de L’appétit sensitif. C’est l’amour du divin (’poux ; source d’angoisses délicieuses ei indescriptibles.

Le 1. II de la Munir’traite du moyen prochain pour parvenir à l’union divine ; ce moyen est la Foi. » On y trouve l’exposé ! toute la doctri ; nuit

de l’esprit. L’âme est plus heureuse d’avoir travi celle-ci que la nuit des sens ; sou cantique décrit les caractères et les avantages du chemin de la pure foi. L’âme dit notamment qu i la loi, sa maison,

c’est-à-dire la partie rationnelle et spirituelle, est en paix, parce qu’elle est dépo mouvements

et anxiétés sensibles. Ce n’était pas le cas dans la

nuit précédente ; alors, en effet, L’amour, quoique

spirituel de sa nature, était accompagné d’angoisses d’amour sensiblement expérimentées ; el il le fallait