Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/392

Cette page n’a pas encore été corrigée
765
766
JEAN DE JANDUN — JEAN DE JÉRUSALEM


Géraud de Frachet, ibid., t. xxi, p. 68. I-os condamnations successives de Jean XX Il ont toujours frappé simultanément ces deux « détestables hérétiques ».

Pour l’exposé de la doctrine et les actes de l’Église qui la concernent, voir Marsile de Padoue et Ji w XXII, col. 637.

On a voulu parfois ne faire de Jean qu’un simple copiste : Em. Friedberg, Die millelallerlichen Lehren iïber dus Verhâltniss von Kirche und Slaat, Leipzig, 1874. t. iii, p 2.">. C’est méconnaître la puissance de sa personnalité A y regarder d’un peu près, il n’est pas impossible de trouver dans le Defensor pacis des marques du style de Jean de Jandun. On y reconnaît surtout sa tournure d’esprit philosophique, sa façon de distinguer le domaine de la foi de celui de la science et son habitude d’invoquer l’autorité d’Aristote. Une grande partie du Defensor n’est qu’un commentaire de la Politique, ouvrage sur lequel Jean de Jandun ne parait pas avoir laissé de glose, mais qu’il cite à plusieurs reprises dans ses divers traités… Il ne serait pas surprenant que Marsile de Padoue eût eu recours à son ami pour donner à son système politico-religieux une base philosophique. » X. Valois, p. 572. Abandonné plus tard à lui-même dans son De/ensor minor, Marsile ne cite presque plus Aristote, ibid., p. 607 : ce qui laisse entrevoir le genre de concours que Jean de Jandun lui avait apporté.

Prévoyant avec raison le scandale qu’allait soulever leur doctrine, nos deux réformateurs prirent le parti, aussitôt que leur œuvre se fut un peu répandue, de se réfugier à la cour à » Louis de Bavière, alors en conflit ouvert avec Jean XXII. Ce fut sans doute en 1326. L’empereur semble tout d’abord les avoir reçus avec défiance ; mais ils devinrent bientôt ses conseillers. Ils le suivirent à ce titre dans sa campagne d’Italie et prirent une part active au coup d’État ecclésiastique qui, au printemps de 1328, prononça la déchéance du « prêtre Jacques de Cahors » et lui substitua l’antipape Xicolas V. Jean de Jandun fut récompensé de ce zèle par une nomination à l’évêché de Ferrare, qu’il obtint de l’empereur le 1 er mai. Mais, enveloppé dans la débâcle des troupes impériales, il ne put même pas prendre possession de son siège et mourut à Todi, probablement du 10 au 15 septembre 1328. Son nom reste associé à l’une des plus audacieuses révolutions théoriques et pratiques que le moyen âge ait entreprises contre la constitution de l’Église et de la papauté.

Étude biographique et bibliographique très complète par Noël Valois, Jean de Jandun et Marsile de Padoue, dans Histoire littéraire de la France, t. xxxra, Paris, 1906, p. 528623. Notice dans Hurter, Xomenclator 3e édit., t. ii, col. 529.

J. Rivière.

47. JEAN DE JÉRUSALEM, prêtre et procureur, avec son confrère Thomas, de l’épiscopat d’Orient au septième concile général, second de Nicée (787). Avant cette époque, il avait été syncelle ou vicaire général, d’abord du patriarche de Jérusalem, vers 760, puis de celui d’Antioche, vers 780. Entre ces deux dates, probablement vers 764, à l’occasion du synode tenu par l’épiscopat oriental contre Cosmas, évêque iconoclaste, à Epiphanie, il composa un Synodicum contre le conciliabule iconoclaste de 754. Cette pièce, qui lui est expressément attribuée dans un grand nombre de manuscrits, comme les Mosquenses 201 (Wladimir), ꝟ. 131-139, et 197, î" 192-199, tous deux du ixsiècle, a été ensuite légèrement modifiée par l’auteur lui-mêm ou par un anonyme, à l’époque du concile de 787, et publiée, sous le nom fautif de Jean Damascène, par Combefls dans le t. u de son Auclarium, reproduit par . p. G., t. xcv, col. 309-34 l. Dans le manuscrit /// ; de Paris, on trouve, à côté du Synodicum, un récit des progrès de l’iconoclasme en Syrie absolument identique à l’exposé fait par Jean lui-même, au cours du V 1 1° con cile, à la fin de la cinquième session. La paternité de Jean de Jérusalem relativement a ce traité semble donc solidement établie Mais ce que l’on ignorait, c’est qu’il n’a guère fait, dans ce pastiche, que reproduire une Noulhesia ou Exhorlatio sur le culte des images contenue dans le Mosquensis 197, ꝟ. 142-171 v°. En effet, ce document correspond, dans sa 2° et 3° partie, au discours cité plus haut du pseudo-Damascène, mais avec cette différence qu’il n’y est fait aucune, allusion au conciliabule de 754 ; il a donc dû être composé entre 750 et 754, tandis que le discours du pseudo-Damascène est postérieur à la mort de Constantin Copronyme (775) et antérieur au concile de 787, qui n’y est pas encore mentionné. On s’accorde à attribuer la Noulhesia à Georges le Chypriote, l’antagoniste de l’évêque hérétique Cosmas, celui-là même qui eut l’honneur d’être condamné en 754 avec Germain et Jean Damascène. Jean de Jérusalem, bornant son travail à quelques retouches, aura donc fait sienne l’œuvre de Georges, quitte à être pillé à son tour non seulement par le pseudo-Damascène, mais par d’autres encore. On a, en effet, du patriarche de Constantinople Méthode, un discours sur les saintes images, publié par Arsénij d’après le Mosquensis 412, ꝟ. 143147, qui n’est dans sa majeure partie qu’un centon du pseudo-Damascène.

13. Mélioranskij, Georges de Chypre et Jean de Jérusalem, deux champions peu connus de l’orthodoxie au VIII » siècle, Saint-Pétersbourg, 1901, xxxix-131 p. in-8° (en russe) ; Buzantinische Zeitschrift, 1902, t. xi, p. 538-543.

L. Petit.

48. JEAN DE JÉRUSALEM, patriarche,

controversiste grec, sur la vie duquel plane la plus grande obscurité. Tandis que Cave, Scriplores ecclesiasiici, 1745, t. ii, p. 11-12, en fait un auteur du ixe siècle, Fabricius le place après Photius, Bibliolheca græca, t. xi, p. 656, et Oudin, aux alentours de 1430, Commentarius de scriploribus Ecclesùe antiquis, Leipzig, 1722, t. iii, col. 2366. Dosithée, patriarche de Jérusalem, dans sa Dodecabiblos, p. 752, comme dans son T6u.oç àydtTCYjç, p. 504, l’identifie avec ce patriarche Jean qui assista au concile de Constantinople contre Panteugénès en 1156-1157. K. Krumbacher, Geschichle der buzantinischen Litteratur, Munich, 1897, p. 91, dit simplement qu’il vécut au xiie siècle. Est-il possible de préciser davantage ? D’abord il faut résolument écarter, non seulement l’absurde affirmation de Oudin, mais encore celle de Dosithée. En effet, dans ce même synode de 1156, parmi les textes que l’on oppose à Panteugénès, il s’en trouve précisément un tiré du 1 er discours de Jean sur les azymes. A. Mai, Spicilegium romanum, t. x, p. 51. L’auteur du discours n’est donc pas le prélat que nous voyons siéger comme patriarche. Dans deux manuscrits de Moscou, portant lesn. 239 et 240 dans le catalogue de Wladimir, ces discours sont attribués à Eustrate de Nicée, l’antagoniste de l’archevêque de Milan à Constantinople en 1112. Cette mission de Pierre Grossolano suscita en effet une telle éclosion de libelles anti-latins, qu’on ne saurait être surpris de rencontrer parmi les polémistes d’alors un patriarche de Jérusalem. Il est vrai que ni Lequien, Oriens christianus, t. iii, p. 500, ni les Bollandistes, Acla Sanctorum maii, propylseum, p. xlv-xlvi, ne mentionnent sur le siège de la ville sainte, vers cette époque, de patriarche Jean, mais les documents récemment découverts signalent un prélat de ce nom comme successeur de Siméon, le dernier patriarche grec qui ait résidé à Jérusalem avant l’occupation latine (1099). A. Papadopoulos-Kerameus, ’AuaXexxa [epoaoXu[itfixîj< ; araxuoXoytaç, i.i. p. '>, 133, 140, 142. Et comme on attribue à ce Siméon un traité sur les azymes, nul doute que son successeur n’ait eu à soutenir des discussions analogues.