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    1. JEAN DAMASCÈNE (SAINT)##


JEAN DAMASCÈNE (SAINT). DOCTRINE

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.1 un seul corps que le Christ parle aux fidèles, » ùtç évl ao)[xaT’. SiacXéysTat roîç maToîç, Fragmenta in Maltlurum. t. xcvi, col. 1 H2 éd. Il ne nous reste pas de trace de rapports entre saint Jean Daniasccne et le pontife romain : mais nul doute qu’à l’exemple de ses contemporains orientaux, il ne le reconnut comme le vrai successeur de Pierre, - mort à Rome sous Néron », De lu/mno Trisiujio. 1-1. t. xcv, col. 48. Ce sont les disciples île Pierre, ses propres brebis que le Christ lui confia, qui ont élevé des tentes, des églises, au Christ, a Marie et à l’.lie. par toute la terre, et en particulier en Palestine. In Transf., 16, col. 569 sq.. Cela signifie que le patriarche même de Jérusalem est une brebis de Pierre. La seule allusion directe au pape que nous ayons trouvée dans les œuvres de Jean se lit au début du premier discours sur les images. C’est bien le pape, en effet, c’est-à-dire saint Grégoire II, qui est « ce bon Pasteur du troupeau raisonnable du Christ exprimant en lui-même le souverain sacerdoce du Christ, xco xaXcp — o’.fiivi tîjç. Xoyixîjç, XpiaxoG — oipiv/jç, tû itjv Xp’.aroj Upapxtocv èv éaurcô î>— orpaçov-ri ». col. 1233 c, dont parle l’auteur, après avoir nommé tout le peuple de Dieu, la nation suinte, le sacerdoce royal, c’est-à-dire le corps de l’Église universelle ; et nous ne comprenons pas comment Lequien a pu appliquer ces paroles au patriarche de Constantinople. saint Germain. Rien, en effet, dans le contexte, qui fasse penser à Germain. Jean Damascène s’adresse bien à l’Église universelle et à son chef. C’est sans doute par respect pour la chaire de Pierre, et parce qu’il avait lu les ouvrages de saint Maxime justifiant le pape Honorius, que notre docteur omet le nom de ce pape dans la liste des hérétiques monothélites, dans la profession de foi de l’évêque Elie et dans la sienne propre. Cette omission est tout à fait remarquable.

De Deo uno.

Il y a pour saint Jean deux sortes

de théologies, la ŒoXoyCa $)vcù(Aév7], qui correspond à notre traité de Deo uno et la SsoXoyîa 8taxsxptp.évï), qui répond au traité de Deo trino. En fait, il ne suit pas cet ordre d’une manière rigoureuse, dans le livre I de la Foi orthodoxe, et il mêle les deux traités. Nous les distinguerons dans notre exposé.

La théodicée de notre docteur se compose d’éléments empruntés à diverses sources. Ces éléments ne sont point réunis ensemble ni disposés d’une manière logique. Il est fort difficile d’en donner un aperçu synthétique. Ils ne présentent, du reste, rien de bien original, et sont entré

  • , dans le courant commun de la pensée chrétienne.

1. Définition du mot 6sôç. — Jean donne quatre étymologies du mot grec 6s6ç. Ce mot dérive soit du verbe 8ô (-’.Qr^t), qui signifie compono et efficio : Dieu est l’auteur et l’ordonnateur de toutes choses ; soit du verbe Oîeiv, courir, circuler autour de tout : Dieu est présent partout : soit du verbe OîâaOca, voir : Dieu voit tout, et rien n’échappe à son regard : soit enfin du verbe aïOs’.v, chauffer, brûler : Dieu est un feu consumant toute malice. De fideorlh., t. I, 9, col. 836-837 ; De S. Trinit., 5, t. xcv, col. 16.

2. Connaissance de Dieu.

Bien que personne n’ait vu Dieu, et que lui. seul se connaisse’parfaitement lui-même, il n’a pas voulu que les hommes fussent a son sujet dans une ignorance complète. Il s’est manifesté a eux et par la création et la conservation de l’univers, et par la révélation positive, car il est essentiellement bon et communicatif ; mais il ne nous a révélé que ce qu’il nous était utile de connaître et ce que nous pouvions porter. h>- fi.de orth., I. I, 1, col. 789792. On peut dire que la connaissance de l’existence de Dieu est innée à tous les hommes, ~ân’. r Yvûatç roû elvau 0eov far’afa’oû ^jt.LCz tpcocTéonapTai. Ibid., col. 7X9, et 3. col 79

L’essence de 1 Heu est infinie et incompréhensible en elle-même, et la connaissance que nous pouvons en

acquérir est plutôt négative que positive. Ce que nous en saisissons de plus exact est justement de savoir qu’elle est infinie et incompréhensible, touto p.6vov aÙToO y.aTâXY)7rrov, -fj àrceipta xoà àxaraXT^Êa. Ibid., 4, col. Sun h. Jean signale cependant les deux autres voies d’affirmation et d’éminence. Ibid., et S, col. 808809, et surtout, 12, col. 845-848. L’Écriture sainte, du reste, parle souvent de Dieu comme s’il avait une forme humaine et corporelle. Le c. 11, col. S 11-844, explique les anthromorphismes les plus courants.

Le nom qui convient le mieux à Dieu est celui qu’il s’est donné à lui-même en apparaissant à Moïse : il est l’être tout court, ô cîv. ramassant en lui toute la plénitude de l’être, 9, col. 830 ; ou bien, comme le dit Denys, on peut le définir le bon, 6 àyaOôç : ce qui revient au même ; car en Dieu être bon n’est pas postérieur à être, où yàp ettiv stti 0eoû eÎtteïv, Tcpcoxov to eïvea, xod t6te tô àyaOôv. Ibid. (Signalons le contresens de la traduction latine à cet endroit.) De ce primat de la bonté la théologie de Jean est toute pénétrée. C’est l’attribut qui est mis dans le plus vif relief.

3. Démonstration de l’existence et de l’unité de Dieu.

— Jean démontre par des arguments métaphysiques, l’existence de Dieu et son unité. La manière dont ces arguments sont présentés prêterait fort à la critique. On y trouve cependant les éléments suffisants d’une démonstration rationnelle. Les arguments auraient seulement besoin d’être mis en forme et élagués de certaines notions inutiles.

L’existence de Dieu est prouvée a) par la contingence des êtres changeants : Ce qui change n’existe pas par soi, et a une cause ; b) par la conservation et le gouvernement du monde ; c’est l’argument le plus faible ; c) par l’ordre qui règne dans le monde. De fide orth., t. I, 3, col. 793-798.

L’unité de Dieu est établie dans le De fide orth., t. I, ">, par quatre brefs arguments, que l’on trouve développés d’une manière beaucoup plus claire et beaucoup plus métaphysique dans le grand Dialogue contre les manichéens. Nous avons dit, que ce Dialogue était postérieur à la Foi orthodoxe. La comparaison entre les deux argumentations est une nouvelle preuve de ce fait. Les arguments sont tirés ; de la perfection de Dieu ; de sa* immensité ; du gouvernement du monde ; de ce principe métaphysique : que l’unité est antérieur à la pluralité, et l’explique.

4. Les attributs divins. En plusieurs endroits de la Foi orthodoxe et de ses autres écrits, Jean donne de longues listes d’attributs divins. Voir, par exemple, t. xciv, col. 792, 808, 860, 1236. Il démontre, en particulier, l’incorporéité, c. iv. col. 797, la simplicité, c. ix, col. 833, l’immensité, c. xii, col. 849-853, et explique en quel sens on peut dire que Dieu seul est incorporel, t. II, 12, col. 925, et incirconscrit, col. 853.

L’opération de Dieu est toute simple, cause universelle de tout ce qui est et de toute activité des créatures, à la manière duTayon de. soleil, qui réchauffe toute chose. En parlant de cette causalité universelle de Dieu, Jean emploie le langage quelque peu panthéistique de Denys l’Aréopagite. De fide orth., t. I, 10, 12, 11, eol. 840, 844, 860. Mais il corrige ces exprès sions, en déclarant positivement que Dieu nous a tirés du néant, et qu’il ne nous a communiqué ni son essence ni la connaissance de son essence en elle-même. Ibid.. 12, col. 845 b.

La science de Dieu est universelle. Son œil immatériel embrasse d’un simple regard les choses présentes, passées et les choses futures, avant qu’elles arrivent. Ibid., i. col. 860 (I. Les choses futures, il les contemple connue si elles étaient déjà arrivées, Contra manichœos. 37, col. 15Il b : car, étant (anse de tout, il porte en lui le. raisons de toutes choses, et tout arrive infailliblement suivant le plan qu’il porte éternelle-