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    1. JEAN DAMASCÈNE (SAINT)##


JEAN DAMASCÈNE (SAINT). DOCTRINE

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une doctrine tris ferme et souvent répétée : « Les Apôtres, dit-il, nous ont transmis beaucoup de choses qui n’ont pas été écrites, rcoXXà àyp<x<pwç ^u.ïv TrapéSwkojv. » De //</< orih., I. IV, 12, col. 1136 6 ; cf. col. 1173, et surtout De imag., I. 23, col. 1256. Connue exemples <litraditions non écrites il donne la coutume de prier en se tournant vers l’Orient, la triple immersion du baptême, les cérémonies liturgiques, etc.

Il exalte beaucoup l’autorité des Pères et des docteurs, et semble leur attribuer l’inspiration au même titre qu’aux écrivains sacrés. Il parle constamment des 8eô~v£ucjT01 ou 0eocp6poi irarépeç. « C’est par le Saint-Esprit qu’ont parlé la Loi, les Prophètes, les Évangélistes, les Apôtres, les Pasteurs et les Docteurs, 7toiuéve ; xal SiSxaxaXoi. » De fide orih., t. IV, 17, col. 1176 b. Mais quand on y regarde de prés, on voit que cette sorte d’inspiration est accordée non à un l’ère en particulier, mais au chœur des Pères, c’est-à-dire au magistère de l’Église pris dans son ensemble. Bien que les Pères, en général, ne se contredisent pas. « car ils ont été participants d’un même Esprit-saint, i êvô ; àyîou riveûjiaToç xi~oyꝟ. 7râvTeç yey6va<n. De imag., ii, 18, col. 1305 a ; cependant l’un d’eux en particulier peut se tromper, et, à propos du texte du pseudo-Épiphane qu’objectaient les iconoclastes, Jean cite le proverbe : « Une hirondelle ne fait pas le printemps. » De imag., i, 25, col. 1257.

Il y a eu une gradation dans la révélation divine, De imag., ii, 8, col. 1289, et il y a actuellement un certain progrès dogmatique, spécialement dans l’élaboration des formules dotrinales. Les saints Pères ont employé des mots nouveaux qui ne se trouvent pas dans l’Écriture, pour traduire des expressions équivalentes qui s’y rencontrent, « et nous anathématisons ceux cpii ne veulent pas recevoir cette terminologie nouvelle », De imag., iii, 11, col. 1333.

Nous avons déjà dit le rôle que Jean assigne à la philosophie et aux sciences humaines. Ce sont des servantes de la science sacrée, de la vraie philosophie dont Jésus-Christ est le docteur. Dialect. 1, col. 529, 532.

La foi.

Il ne faut point demander à notre

docteur une définition précise de la vertu de foi ni une analyse détaillée de son acte. Ce qu’il en dit de plus clair tient en une page. De fide orih., t. IV, 10-11, col. 1126-1127. Remarquable cependant est cette brève définition : « La foi est un assentiment sans recherche indiscrète et curieuse, ma-riç Se èaxw àTCoXuTTpayu.ovr/roç erjyxaTaŒaiç. » Elle est indispensable pour le salut. Sa règle est la tradition de l’Église catholique. Celui qui ne croit pas selon cette tradition est un infidèle : ô ur ; xxtx -apâSoaiv tîje ; xaOoXixïj ; ’ExxX’/joîa ; 7rnTeûwv CKnia-và- ; èaTiv, col. 112.S a.

L’Église.

Il est particulièrement regrettable

que dans sa synthèse théologique, le docteur de Damas n’ait pas consacré au moins un chapitre a la théologie de l’Église ; car c’est d’une doctrine ferme et claire sur ce point capital que l’Orient byzantin avait surtout besoin Sauf le passage qu’on vient de lire sur la règle de foi, on ne trouve rien dans le Dr fuir

orlhodoxa qui se rapporte a L’Église, à s ; i gonstitution, à ses privilèges. Les autres écrits de Jean suppléent

mais en pailie seulement, a cette grave lacune.

Remarquons tout d’abord le nom qui est donné à l’Église, c’est toujours V Église catholique, l’Église sainte, catholique et apostolique. Jean ignore l’appelle tion d’Église orthodoxe, qui est devenue célèbre chez. les gréco-russes ; et il parle toujours de l’Église au singulier : et ce singulier, sauf une ou deux exceptions vise l’Église universelle répandue par le monde. Noire docteui a certainement le sens ires vit de l’unité de l’Église. [1 était ennemi des discussions sur les rites et le’capables de compromettre cette unité,

comme on le voil par son opuscule De sacris fejunlis.

Son attachement à la tradition vivante, au magistère de l’Église, règle de la foi, était extrême. La principale raison qu’il fait valoir contre les iconoclastes est que la nouvelle hérésie va contre la tradition de l’Église catholique. Cf. col. 1288 c, 1356 d. L’Église est pour lui une « mère » toute belle et sans défaut. Ses enfants ne doivent pas souffrir qu’on arrache une seule pierre de son édifice, col. 1233, fis :  ;. 1320, 1356. L’observation de la loi et des règles de l’Église est la voie du salut, col. 1233 a. Réunie en concile œcuménique, l’Église est infaillible et comme inspirée de Dieu. Cf. De hæres., 6, col. 744 a, où le concile de Chalcédoine est dit 8e67Tveua-oç. Jean reconnaît l’autorité des six conciles oecuméniques « dont les décisions viennent de Dieu. » Dcd. fidei, 12, t. xcv. col. 436.

L’Église est une société distincte et indépendante de l’État. C’est l’une des gloires du Damascène d’avoir proclamé, en face du césaropapisme byzantin, la doctrine de la distinction des deux pouvoirs civil et ecclésiastique, et d’avoir revendiqué contre le basileus iconoclaste l’indépendance totale de l’Église dans sa sphère : « C’est l’affaire des synodes et non des empereurs de décider des choses ecclésiastiques. Ce n’est pas aux empereurs que Dieu a accordé le pouvoir de lier et de délier, mais aux apôtres et à leurs successeurs, pasteurs et docteurs. Aux empereurs appartient la bonne gestion des affaires publiques ; mais c’est aux pasteurs et docteurs que revient le gouvernement de l’Église. Je ne permets pas aux décrets impériaux de régenter l’Église ; elle a sa loi dans les traditions des Pères écrites et non écrites. *Deimag., i. ii, iii, col. 1281, 1296, 1304. Et Jean établit cette doctrine libératrice par plusieurs textes empruntés à l’Écriture.

L’Église est une société hiérarchique, composée des pasteurs et des fidèles. Les pasteurs et docteurs sont les successeurs des apôtres, les héritiers de leur grâce et de leur dignité, toÛtwv t/jç /âpi-roç xai tïjç à^îaç SiâSoxoi. De fide orih., t. I, 3, col. 793. Une des erreurs des massaliens étaient de mépriser l’autorité des évêques, De hæres., col. 733 d. Les pontifes, du reste, ne sont que les intermédiaires par lesquels le grand pontife, le Christ lui-même exerce son sacerdoce et son autorité. Epist. ad Cosmam, col. 524 b.

L’Église est une société monarchique, t La monarchie est principe de paix, d’ordre et de tranquillité, de justice et de croissante prospérité. La polyarchie. au contraire, est anarchique, amie de la sédition et de la guerre, cause de luttes, de divisions et de maux de toute sorte. » Contra manichœos, 11, col. 1516. Monarchique, l’Église le fut à ses débuts, car l’apôtre Pierre fut prédestiné par Jésus-Christ à être le digne chef de l’Église, tîjç’ExxXr.ataç ircàÇiov -pdeSpov, Homil. in Transflg., 6, t. xcvx, col. 553 <I. C’est à lui que.lésus-Christ a confié le gouvernail de toute l’Kglise. Tciorfi T7Jç’ExxXr i a(a< ; o’eç6fievov Ta 7t7)S(4Xia. Ibid., col. 560 c. Cl. Homil. in Sab., 33, col. 636 c : ëuxXXe toùç tt ( ç’ExxXïjataç èyxeipîÇeaOxt. oïaxac. Jean Damascène commente magnifiquement et très catholiquement le Tu es Pelrus. Homil. in Transflg., ’_'. 6, col. 548, 553et son commentaire ferme la bouche de tous les chicaneurs. Pierre est le chef de la nouvelle Alliance, ô tt)ç véaç Sia6r)XY)ç xopuçaiétaToç, comme Moïse le lui de l’ancienne. L’Église, que le Christ a acquise au prix île son sang, c’est à Pierre, coç tticttotxtw Gepâ-ovTi. qu’il l’a confie. Pierre est le porte clefs du royaume des cleux, ô x).e180ùyo ; -rf)z BocoiXclocç, l’ordonnateur de l’Église universelle, ’ExxXrjalaç. -ayxo.L. 1 6, col. 56 ; i, le régulateur respon

sable du pouvoir des clefs, t6v ~’i~> Seajjiîîv y.rl >, Ùelv tùOuvaç ooi xapiaàucvov, col.

Monarchique, l’Église le reste toujours, car les

parole, dites par Jésus Christ : m apôtres doivent

s’entendre aussi de leurs successeurs ; * c’est comme