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JEAN DAMASCÈNE SAINT », ÉCRITS

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s’il l’avait rédigé, aurait été le pendant du manuel de théologie dogmatique qu’est la Foi orthodoxe. Tel qu’il nous est parvenu, le recueil peut servir de livre de lecture spirituelle, et être utile aux prédicateurs de tous les temps. Au point de vue de l’histoire littéraire, il est précieux par un certain nombre de citations d’oeuvres patristiques perdues, spécialement d’écrits de Pères anténicéens.

2. De octo spiritibus nequitiæ, Ttepi twv o-ctw r^ç -ovTjpiaç ttveouxtwv, t. xcv, col. 79-S4. Ce court opuscule ascétique s’adresse aux moines, et leur enseigne les moyens de combattre les vices capitaux, qui sont : la gourmandise, la luxure, l’avarice, la tristesse mondaine, la colère, la paresse (tiboqSta), la vainc gloire et l’orgueil.

3. De virtutibus et viliis animas et corporis, 71epi xpSTÛv xxl xccxiûv ys/j.v.Cov xocl ocojjiaTixôiv, ibid., col. 85-98. Cet opuscule, plus développé que le précédent, paraît en être comme une seconde édition augmentée. L’auteur y a condensé une foule de notions psychologiques et ascétiques, mais sous forme d’énumérations, et sans développement.

4. Il faut rattacher aux œuvres ascétiques l’opusc i île De sacris jejuniis, ircpl tcov àyitov v^axe’.wv, ibid., col. 63-78. C’est une lettre adressée au moine Cométas sur le jeûne du carême et de la semaine sainte. Elle fut provoquée par certaines discussions entre moines sur la durée du carême. Jean, ami de la paix, avait essayé d’apaiser ces querelles inutiles, et s’était montré accommodant aux diverses opinions, conseillant du reste à tous de s’en tenir aux décisions de l’autorité ecclésiastique. Le bruit, dès lors, avait couru qu’il était partisan du jeûne de huit semaines. Il répond à Cométas qu’il suit la pratique de l’Église de Jérusalem qui est conforme à la tradition des anciens Pères. A Jérusalem, le carême proprement dit durait six semaines. Il était suivi du jeûne de la semaine sainte : ce qui faisait en tout sept semaines. Les jacobites syriens et copies, au contraire, jeûnaient huit semaines, parce qu’ils ne comptaient pas les samedis et dimanches, où le jeûne était interrompu. Les citations patristiques qui terminent la lettre ont été ajoutées après coup soit par Jean lui-même, quand il lit la révision de ses éerits, soit par une main étrangère. L’extrait de l’encyclique du patriarche Anastase de Constantinople est sûrement interpolé.

Homélies.

Jean fut un prédicateur éloquent et

original. Ses discours portent un cachet doctrinal, qui les rend parfaitement reconnaissables. On y trouve toujours le théologien de la Trinité et de l’Incarnation. Il sait être à la fois abondant et concis, et contrairement à beaucoup de Byzantins, il parle toujours pour dire quelque chose. Ses homélies sont certainement ce qu’il a écrit de plus personnel, et elles sont riches de doctrine.

Sur les treize discours publiés sous son nom, P. (’., t. xevi, col. 545-814, neuf sont sûrement authentiques, a savoir : une homélie sur la transfiguration, une sur le figuier desséché, une sur le samedi saint, l’homélie sur la Nativité de la sainte Vierge qui commence par mots : Aeùte. toxvtoc (6vn, col. 661-680, les trois homélies sur la Dormition, prononcées en un seul jour, c’est-à-dire un 15 août, vraisemblablement à Gethsémanl même, dans l’église qui abritait le tomheau de la Vierge ; un panégyrique de saint Jean Chrysostome et un panégyrique <ie sainte Barbe.

L’homélie sur la Nativité de la Vierge qui commence par les mots : A « |X7rpûç JtavT)yuplÇei i] y.-.laïc, ar ; (i.epov, col. 680-698, doil être restituée à saint Théodore

StUdite (t.S’ili), d’après le témoignage même des mss, dont l’un est du i.v siècle. Cf. C. A. Schneider. bcr heil. Theodor von Studion, sein Leben und Wtrken, Munster, 1900, p. 8, et C. Van de oort, t propos d’un

discours attribué à saint Jean Damascène, dans la Bijzanl. Zeitsehrift (1914-1920), p. 128-132. Allatius, dans son De Simeonibus, avait déjà attribué cette pièce à saint Théodore.

La seconde homélie sur l’Annonciation, col. 648662, incip. : Njv v> -r, z (3aat.À(80ç P.aai>.ix.Tj, que I.equien a crue authentique, est généralement considérée comme apocryphe par les critiques de nos jours, et nous croyons que c’est avec raison, car ni le fonds ni la forme ne rappellent la manière de Jean. Quant à la traduction arabe d’une autre homélie, ou plutôt d’un autre fragment d’homélie sur l’Annonciation, col. 643648, il importe de se montrer plus réservé, et de cataloguer le morceau, jusqu’à nouvelle découverte, parmi les œuvres douteuses.

Il reste l’homélie sur le vendredi saint et la croix, col. 589-600, que certains mss donnent sous le nom de saint Jean Chrysostome. Nous hésitons à l’attribuer au Damascène. parce qu’elle nous apparaît très inférieure, pour le fond, à ses autres homélies. Nous n’osons cependant nier absolument son authenticité. Certains critiques ont contesté l’authenticité des trois homélies sur la Dormition, mais c’est à tort. Nous y avons retrouvé des phrases entières empruntées aux œuvres authentiques ; et le témoignage des mss est irrécusable. Ces trois pièces se trouvent notamment sous le nom de Jean dans le cod. 1470 du fond grec de Paris, qui est de 890. Plusieurs critiques déclarent interrol’e la citation de V Histoire eulhymienne qui se rencontre dan> la seconde homélie, col. 748-752. Les arguments les plus dt’eisifs sont donnés par J. Niessen, Panagia Capuli, Dulmen, 1906, p. 128-140. Il est certain que d’après le contexte, la citation apparaît comme un hors-d’œuvre, et rompt l’allure naturelle du discours. Ce qui est inquiétant, c’est que le passage en question se trouve dans des mss très anciens, par exemple dans le cod. parisin. 1410.

6° Hymnes liturgiques et prières. — Saint Jean Damascène est resté célèbre dans l’Église grecque par ses poésies liturgiques. Son biographe du’siècle et les synaxaires parlent avec enthousiasme de ses tropaires, de ses canons et de ses hymnes en l’honneur du Seigneur, de la sainte Vierge et des saints « qui sont encore chantés, et procurent à tous un plaisir divin. » 11. Dclehaye, op. cit., p. 278-279.

Il n’est pas facile de faire l’inventaire de ce qui lui appartient dans les livres liturgiques actuels. La tradition lui attribue la composition de YOctoékhos ou livre des huit tons contenant les offices du commun du temps. On ne peut prendre à la lettre cette affirmation. « Si Jean jette les bases de l’Octoéchos byzantine et prépare la plupart de ses matériaux, il ne la bâtit certainement pas seul, ni tout d’une pièce. » Pargoire, L’Église byzantine de) ;.’; à r, 47. Paris, 1905, p. 332333. Signalons seulement les compositions d’une authenticité incontestée. Elles sont de deux sortes. Les unes sont des hymnes métriques, les autres se rattachent à la poésie rythmique. Au premier genre appartiennent les hymnes en vers iambiques pour la Nativité de Notre-Seigneur, t. xevi, col. 817-825 ; pour l’Epiphanie, ibid., col. 825-832, et pour la Pentecôte, ibid., 832-840. L’authenticité de l’hymne pour la Pentecôte est contestée. Certains L’attribuent à un Jean, moine d’Arclas. Cf. Allatius, Prolegomena, 79, P. (, .. t. xciv, col. 185-187. Il faut ajouter aux compositions métriques une prière eucharistique en vers anacréontiques. Ibid., col. 853-856. A la poésie rythmique appartiennent les hymnes pour Laques.

COl. 839-843 ; pour l’Ascension, col. 843-846 ; pour la

Transfiguration, col. 847-851 ; pour L’Annonciation, col. 851-862 ; pour la Dormition de la Vierge, col, L3631368 ; et les tropaires Idiomèles pour les funérailles.