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JEAN CHRYSOSTOME (SAINT), LE PRÉDICATEUR ET LE MORALISTE

JEAN DAM A SC î ; NE (SA INI’. ÉCRITS

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vizir aux vertus religieuses lui aurait fait subir. La vente des corbeilles par le novice dans les rues de Damas ( !) doit être une pure imagination.

Somme toute, Jean dut se faire moine de bonne heure, probablement vers l’âge de trente ans. Les synaxaires nous disent qu’il parvint jusqu’à une vieillesse heureuse et féconde, bi *f^P ? ttovi. H. Delehaye op. cit., p. 279. Cette affirmation est confirmée par Jean lui-même : au moment où il prononce en un même jour ses trois homélies sur la Dormition, il est arrivé à l’hiver de la vie. èv /siy.Cyji èitûv, tôv yefipixr xôtoc X6yov. Homil. ii, in Dormitionem, 1, P. G., t. xcvi. col. 72-4. Si nous lui accordons un minimum de 75 ans, du moment qu’il est à peu près sûr qu’il est mort en 749, il a dû naître vers 674-G75. Entré au couvent, au début de l’épiscopat du patriarche Jean, en 7015, il a eu le temps, d’être instruit par lui dans lev sciences divines, et d’être vraiment son disciple. C’est à la laure de Saint-Sabas qu’il a dû composer tous ses ouvrages théologiques. Il conservait, du reste, d’étroites relations avec le clergé de Damas, comme nous le verrons tout à l’heure, en parlant de ses écrits. Devenu prêtre et possédant à un haut degré le don de la parole, il était invité à prêcher aux grandes solennités hiérosolymitaines. Les échantillons, trop rares, qui nous sont parvenus de son éloquence font regretter les homélies perdues.

Cette éloquence répandue dans tous ses écrits lui valut bientôt d’être comparé à la rivière qui arrose Damas, sa patrie, et en fait la pe le de la Syrie : C’est l’historien Théophane qui, dès le début du IXe siècle, lui donne le nom de Chrysorrhoas, qui roule de l’or, tant à cause de l’élégance fleupe de ses discours que <le l’éclat de sa vertu. Op. cit., ad an. 2 Constant ini, col. 841. Sa sainteté, on la voit transparaître dans ses œuvns. Le ton d’humilité sincère avec lequel il parle de lui-même en plusieurs endroits de ses écrits, allant jusqu’à se traiter d’homme ignorant, son amour pour Jésus-Christ, sa tendre dévotion à.Marie, son dévouaient pour l’Église qui lui a fait composer tous ses ouvrages, tout cela nous montre que le docteur de Damas appartient à la race des grands saints qui ont illustré l’Église à la fois par leur science et par leur vertu.

Son culte dut commencer presque aussitôt après sa mort. Le VIIe concile œcuménique fait de lui le plus grand éloge, dans sa sixième session, et à la septième lui crie : « Mémoire éternelle ». Le concile iconoclaste de Iliéria avait dit, en parlant des trois défenseurs des saintes images : Germain de Constantinople, Jean de Damas, Georges de Chypre : « La Trinité a /ait disparaître les tmis, /) Tp’.à : toù ; Tpeïç xaŒïXsv. » Mansi, t. xiii, col. 356. Les Pères du VII « concile changèrent la formule en celle-ci : ’HTptàç t’, ù ; "rpeTç êSéÇaæv, La Trinité </ glorifié les trois. Ibid., col. 400. Théophane appelle Jean i notre père saint », ô ôtio : wrijp tjjjuov’Itoàwrjç, toc. cit. Son nom apparaît au 1 décembre dans les plus anciens synaxaires connus. Delehaye, op. cit., p. 278-279. Quelques-uns, comme le cod. iO du couvent Sainte de Jérusalem, qui est du v r siècle, fixent sa fête au 29 novembre. Ibid., p. 263. L’Église a retenu la date du i décembre. Le martyrologe romain place le dies nul/dis de Jean au 6 mai. Par un décrel du 19 aoûl 1890, le paje Léon X 1 1 1 l’a proclamé docteur de l’Église, et a étendu sa fête 6

l’Église universelle, en la fixant au 27 mars. I.eonis XIII

Pont, niax., Acta, t. x, p. 216-218. Longtemps v< à la laure de Saint Sabas, OÙ Jean Phoca8 le voyait encore au u siècle, Descriptio Terra sanctee, I’. a.. wui. col. 948, son corps fui ensuite transporté onstantlnople, comme nous l’apprend Georges Pachimère, au xrve siècle. Historia, De Andronico,

t. I, c. xiii. Certains martyrologes latins semblent faire allusion à cette translation, quand ils disent, au 6 mai : Constantinopoli, depositio sanctæ memoriæ Joannis Damasceni, doctoris egregii. Cf. la longue note de Lequien, P. G., t. xav, col. 483-488.

La notice biographique qu’on vient de lire est nouvelle sur plusieurs points. Nous apportons ci-après, en parlant des écrits du saint, quelques autres déterminations chronologiques. La Vie écrite par Jean de Jérusalem sur la fin du v siècle a servi de source à presque toute les notices anciennes et modernes. Elle fut publiée en traduction latine seulement dans les Acta sanctorum, mai, t. ii, p. 109-118. Lequien en donne le texte original avec traduction latine en tête des œuvres du saint docteur, en l’accompagnant de notes critiques qui la contredisent par endroits. Cette édition est reproduite dans P. G., t. xciv, col. 429-490. Le savant éditeur n’a pas essayé d’écrire lui-même une biographie du 1 lamascène, c n prenant ses œuvres pour base. Il s’est contenté de recueillir les témoignages des anciens écrivains orientaux et occidentaux sur le saint docteur, ainsi qu’un certain nombre de notices hagiographiques empruntées aux synaxaires grecs et aux martyrologes latins. Ces témoignages et ces notices, de même qu’une traduction latine d’une biographie grecque différente de celle de Jean de Jérusalem, et le récit de Vincent de Beauvais dans le Spéculum historiede, se trouvent dans P. G., ibid., col. 489-514. Papadopoulos-Kéranieus a publié dans les’A va) enta lepovo/uuirix^ ; <rrayuo)o-ftar, t. iv, S. Petersbourg. 1897, p. 303-350, une vie anonyme des saint Cosmas et Jean Damascène postérieure à celle du patriarche.Ii an de Jérusalem et encore plus légendaire. Il n’y a rien à en tirer. Rien à tirer non plus du panégyrique de S. Jean composé par Constantin Acropolite au xiv siècle. P. O’.. t. XL, col. 812-885. Ce morceau n’est qu’une paraphasc de la bibliographie du xe siècle. La meilleure notice ancienne, est celle des premiers synaxaires, telle qu’elle se lit dans l’édition du P. Delehaye, Acta sanctorum novembres, Propylseum, p. 278-27’.). c’est en se tondant sur la Vit de suint Etienne le Sabatte, neveu de S. Jean Damascène, que le P. S. Vailhé est arrivé à fixer avec une très RTande probabilité la date de la mort du saint docteur : Date de la mort de saint Jean Damascène, dans les Échos d’Orient, 1906, t. IX, p. 28-30. Cette Vie de saint Etienne, écrite par le moine Léonce de Saint-Sabas avant l’année 809, est malhereusement incomplète. Cf Acta sanctorum, juil., t. iii, p. 504-584. Parmi les notices biographiques écrites par des modernes, la meilleure est celle de 11- Lupton, dans eDictionary o/ Christian biographg de Y. Smith et H. Wace, t. m 1882, p. 409-423. L’auteur a utilisé les deux articles de Félix Nèvesur saint Jean Damascène parus dans la Revue belge <t étrangère, t. xii (18(>1), p. 1 et H 7.

IL Écrits de saint Jean Damascène. — Saint Jean Damascène est avant tout un théologien, et l’on peut dire qu’il n’est que cela. S’il s’occupe parfois de questions philosophiques, c’est toujours en vue de la théologie. Pour lui, les diverses sciences humaines ne sont que les servantes de cette reine : -pé-ei ~Yl Paai).tSi ippoaç titIv û~r, , : £7eTaOoct, , dit-il au début de sa Dialectique, ]’. Ci., t. xciv. col. 532 b. Cela n’empêche pas son activité littéraire de se manifester sous des tonnes 1res variées ; car de la théologie il a cultivé presque toutes les branches. Le premier dans l’Église, il tente un exposé synthétique du de et il le défend contre les diverses hérésies de son temps. Il s’occupe en même temps d’exégèse, de morale et d’ascétique. Il prononce de belles homélies pleines de doctrine, el cultive la poésie liturgique. C’est sous

ix rubriques : Dogmatique, Polémique, En Morale et ascétique, Homilétique, Poésie liturgique, que nous allons grouper ses divers écrits. Nous essaierons

ensuite d’en donner une classification chronologique,

dans la mesure où la chose est possible. Nous terminerons par quelques brèves indications sur les œuvres perdues, douteuses ou apocryphes.

1)isons tout de suite quc plusieurs des écrits authentiques portent des traces d’additions et de corrections importantes. L’explication de ce fait nous est fournie par le biographe du v siècle, qui nous. Il que sur