Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée

693 JEAN CLIMAQUE SAINT) - JEAN DAMASCÈNE (SAINT), VIE 694

muni nunc gra-ce édita n’est mis la que pour réclame, car Sophronios connaît, parfaitement l'édition de Raderus, puisqu’il lui emprunte les récits anonymes placés par le premier éditeur a la suite de la vie proprement dite par Daniel île Haithu. On aurait d’ailleurs grand tort de dédaigner cette édition ; sans être critique, elle est supérieure sous certains rapports à celle de Raderus-Migne.

Aux ouvrages indiqués par U. Chevalier dans son Répertoire, ajouter H. llurter, Xomenelator, 1903, 3e édit., t. I, col. 582-583.

L. Peut. 31. JEAN DAM ASCÈNE (Saint), Père et docteur de l'Église, de la première moitié du viiie siècle. I. Vie. II. Écrits (col. 696). III. Doctrine, col. 708. IV. Influence sur la théologie de l’Orient et de l’Occident (col. 748).

I. Vie m : saint Jean D amas cène. — Les renseignements certains que nous possédons sur -la vie de saint Jean de Damas, couramment appelé Damascène, se réduisent à fort peu de chose. Quand on a dit qu’il était originaire d’une riche famille chrétienne de Damas, qu’il fut moine et prêtre au couvent de SaintSabas, près de Jérusalem, qu’il s’illustra en prenant la défense du culte des images, au début de la persécution iconoclaste, qu’il mourut très probablement à Saint-Sabas le 4 dévembre 749, et qu’il n'était sûrement plus de ce monde, le 10 février 753, au moment où s’ouvrit le conciliabule iconoclaste de Hiéria, il ne reste plus à ajouter à ces grandes lignes que quelques détails mêlés de conjectures.

Il avait hérité de son grand-père le surnom arabe de Mansour, qui signifie victorieux et non XsXuxptouivoç, racheté, comme traduit Théophane, Chronog., ad annum 19 Leonis, P. G., t. cviii, col. 841. Le même Théophane nous apprend que l’empereur Constantin Copronyme le faisait anathématiser par son clergé, une fois l’an, et qu’il avait changé le nom de Mansour en celui de Mamser, MavÇï)p6ç, qui signifie en hébreu bâtard, nt=r, ibid. Les autres Byzantins paraissent

ignorer ce détail, et voient une injure dans le simple nom de.Mansour. Cf. Actes du VIIe concile, sess. vi. Mansi, ConciL, t. xiii, col. 356. Le père de Jean fut vraisemblablement ce Sergius, fils de Mansour, que Théophane appelle xp'.g~w.v.m- : <x.70ç, et qui remplit la charge de logothète général, yev.xoi ; "koyoQsT^ç, sous le calife Abdul-Melek (685-705). Théophane, op. cit., adan.6Ju.stiniani Rhinotmeti, col. 711c. Cf. la note de Lequien, P. G., t. xciv, col. 435. Cette charge devait sans doute consister à percevoir les impôts auprès des chrétiens pour le compte du calife. Il semble que Jean lui-même succéda à son père dans cet emploi, avant de se retirer à Saint-Sabas. C’est ce qu’insinue un passage des Actes du VIP conci’e, où il est dit que notre saint abandonna tous ses biens, à l’exemple de l’evangélisle Matthieu. Mansi, loc. cit. Cette hypothèse est bien plus vraisemblable que ce que nous raconte son biographe du xe siècle, le patriarche Jean VI de Jérusalem, mort vers l’an 970. Cf. Lequien, Oriens christianus, t. iii, p. 466. Celui-ci veut que Jean ait été grand-vizir, ^pw-ocûjjiPo’jXo ;, du calife de Damas. VitaS.JoannisDamasceni, 13, P. G., t. xciv, col. 449. Disons en passant que les invraisemblances, les légendes et les erreurs abondent dans cette mauvaise biographie au style ampoulé, écrite d’après un document arabe, qui ne devait pas valoir mieux. Si tout n’y est pas faux, la part de vrai y est bien minime. Nous hésitons à faire rentrer dans cette part les détails relatifs à l'éducation de Jean. D’après le biographe, Sergius aurait donné pour précepteur à son fils un savant moine d’Italie du nom de Cosmas. emmené captif à Damas par les Arabes. Ce Cosmas, dit l’Ancien, aurait eu pour élève, en même temps que notre Jean, Co mas, dit le Jeune, le futur évêque de Maïouma, à qui Jean devait dédier plus tard son principal ou vrage : La source de la connaissance. Sergius aurait adopté ce jeune hiérosolymitain, devenu orphelin en bas-âge. Cf. H. Dclehaye, Synaxarium Ecclesim ConsItintinopolitanæ, dans Acla sanctoruin novembris, Propijlœum, p. 395-396. Rien dans l'épître dédicatoire de la Source de la connaissance ne fait allusion à ces anciennes relations entre Jean et l'évcque de Maïouma. Il reste seulement que Cosmas fut moine de SaintSabas avant d’occuper le siège de Maïouma, et qu’il fut l'émule de Jean dans la poésie liturgique.

Un écrit de Jean peu remarqué et qu’il y a tout lieu de croire authentique, VExpositio et declaratio ftdei, P. G., t. xcv, col. 417-438, qui ne nous est parvenu que dans une.traduction arabe, nous fournit sur sa vie quelques renseignements autrement sûrs que ceux que nous trouvons dans le récit du biographe. Nous y trouvons, semble-t-il, la profession de foi même que Jean récita publiquement, le jour de son ordination sacerdotale, comme il ressort de ce passage : Vocasli me, nunc, o Domine, permanus pond ficistui ad minislrandum alumnis luis. P. G., loc. cit., col. 418. Ce pontife qui lui imposa les mains fut, sans nul doute, le patriarche Jean IV, de Jérusalem (706-734), dont le Damascène se déclare le disciple et l’ami intime dans la Lettre sur le Trisaginn. P. G., t. xcv, col. 57. Au début de cette profession de foi, Jean fait quelques vagues allusions à sa vie passée. Il rappelle sa naissance terrestre et sa naissance à la vie surnaturelle par le saint baptême, .sa participation aux divers mystères, son éducation chrétienne. Il ajoute : Pavislime, o Christe Deus meus, in loco virenli, et nutrivisti aquis reclse doctrinse per manus paslorum tuorum. Loc cit., col. 418. Il semble, d’après ces mots, que ses maîtres dans la doctrine sacrée ont été des prêtres ou des évêques ; et parmi ces derniers, il faut placer le patriarche Jean. Le locus virens est sans doute la laure de Saint-Sabas. Ajoutons qu’au moment où le nouveau prêtre prononce sa profession de foi, la persécution contre les images n’a pas encore commencé ; car il n’y est fait aucune allusion dans 1'énumération des hérésies qui termine la pièce. Ce point est important. Il nous permet d’atlirmer que Jean était prêtre antérieurement à 726, et que ses trois lettres, pour la défense des images furent écrites non à Damas, mais à Saint-Sabas ou à Jérusalem. Cela ressort, du reste, assez clairement d’un passage qui se lit à la fin de la première et de la seconde’de ces lettres : « Nous ne supporterons pas, dit le saint, parlant presque au nom du patriarche de Jérusalem, qu’on enseigne une foi nouvelle, car de Sion sortira la loi, et la parole du Seigneur de Jérusalem, suivant l’oracle prophétique de l’Esprit Saint…. Si nous en voyons qui s’obstinent dans leur opinion perverse, — puisse le Seigneur ne pas le permettre, — alors nous ajouterons le reste, t De imaginibus, i, P. G., t. xciv, col. 1281. Le reste, c'était la sentence d’excommunication contre Léon l’Isaurien et ses partisans que Jean prononça, en effet, la treizième année du règne de cet empereur (730), avec des évêques, de l’Orient, otjv toïç v7)ç àvaToATJç èmaxànoi^, Théophane, op. cit., ad an. 13 Leonis. P. G., t. cvm col. 824. Nul doute qu'à ce concile notre saint n’ait tenu une place importante. Ainsi croule par la base le récit légendaire du biographe sur la fausse lettre fabriquée par Léon l’Isaurien pour compromettre « le grand vizir » Jean auprès du calife, et sur tout ce qui s’en serait suivi : Jean ne pouvant établir son innocence et condamne a subir l’amputation de la main droite ; miracle de la sainte Vierge, restituant au défenseur des Images le membre amputé ; résolution de Jean, après ce miracle, de quitter le monde et d’entrer à Saint-Sabas. Il faut voir en tout cela un conte arabe. Après cela, on hésite à ajouter quelque crédit au récit des multiples épreuves que le vieillard sabaïte chargé de former I ex-grand