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.JEAN XXII, SES ECRITS

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de sa mère pure et exempte de toute souillure. Ms. cité, toi. 73 i". 71 i".

Si la Vierge mourut sur ce point Jean XXII n’a point de doute et se rallie à la tradition — il croit à son assomption. Il dit avec netteté ces paroles : Sancla Mater Ecclesia pie crédit et eviderder supponit <liioil beata Virgo in anima et corpore /ail assumpta. Ms. cité, fol. 13 v" : voir aussi 2 v°, .i r°, I v°.

2. Doctrine sur le pouvoir législatif du pape.

En vertu de quelle autorité, un pape peut-il changer la législation instituée par ses prédécesseurs ? D’après certains théoriciens, c’était en vertu de la puissance absolue de Dieu dont le souverain pontife est le représentant sur terre. Tout autre était l’avis de Iran XXII. Les changements, apportés dans la législation ecclésiastique, sont un garant de la faillibilité de l’intelligence humaine. Les papes en tant qu’hommes, étant incapables de tout voir et de tout prévoir, leurs règlements subissent les conséquences « Us changements de situations qui nécessitent de nouvelles règles de conduite. Ms. cité, fol. G7 V°.

s. Doctrines trinitaires. — Les ennemis de Jean XXII

épiaient ses paroles et répandaient dans la chrétienté le bruit qu’il professait l’hérésie. Deux d’entre eux, Nicolas le Minorité et Michel de Césène, prétendirent que, dans un sermon prononcé le 2.3 mars 1330, le pape avait enseigné la supériorité relative du Fils sur le l’ère et le Saint-Esprit, et en conséquence l’inégalité des personnes de la sainte Trinité. Ils lui font tenir ce langage : Yere Filius Dei incarnatus est magnus cl, salua reverentia Patris et Spiritus Sancti, major est utroque. Sam, licet Pater sil Deus et Spiritus Sanctus, tamen Pater non est incarnatus, nec Spiritus Sanctus inhumanatus, sed solus Filius, et in hoc major est l’aire et Spirilu Sanclo. Évidemment, si un tel discours avait été tenu, on le trouverait fort scabreux.

I leureusement pour la mémoire de l’orateur, la réalité est tout autre. Voici en quels termes il s’exprime : Primo, dico, tangit dignitatem Incarnali, cum voeat uni Dominant : < Domino, inquit, psallite. » Iste fuit vere dominas…. et cerle ailco mai/nus quod non fuit ila magnus. Loquamur cum reverentia Patris et Spiritus Sancti, iste enim fuit major quoad aligna, quia fuit rerus liomo. et tidis homo cai nunquam polail similis inveniri, et fuit verus Deus. Non sic de Paire et Spirilu Sanclo, qui non sunt homo. Ms. cité. fol. 71 r° ; Paluze-Mansi, Misccllanea, t. m. p. 349 et K. Millier, dans Zeitschrift fur Kirchengeschichte, 1884, t. vi, p. 88. Oïl voit par cet exemple quel crédit méritent les franciscains révoltés, qui se permirent d’attaquer l’orthodoxie de Jean XXII. Toute expression amphibologique était isolée du contexte de la phrase et dosée de façon a compromettre l’autorité doctrinale du pape. Aussi ne ilnii <m pas prendre pour authentiques les propos que le Minorité met dans sa bouche et d’après lesquels la liberté divine serait quasi supprimée. X. Valois, op. cit., p. 549-551.

I. Doctrine sur la vision béalifique. On a déjà exposé, t. II. col. 654-669, la diieli’ine professée dans ses sermons par Jean XXII sur la vision héatilique.

IIe : I i lu ne inutile de raconter les phases de la ci ml 1 1.

verse suscitée par le goûl exagéré du pontife pour les

problèmes ardus de la ihéologic à la solution desquels

ne l’avait pas prépare sa formation cléricale. Mais il faut insister sur la rétractation solennelle que lit le pape de ses docl riiics. sur son lit de mort, le.’i déeeni bre 1334. A [’encontre de tous ceux qui en ont parlé. Noël Valois a..semble t il. bien établi que Jean XXII introduisit dans l’acte tics connu une véritable restriction, i Nous confessons et croyons que les aines éparées des corps et pleinement purifiées sont au

eiel dans le royaume des cieux, au paradis, et avec Christ, en la compagnie des anges, et que,

suivant la loi commune, elles voient Dieu et l’essence divine face à face et clairement, autant que le comportent l’état et la condition de l’âme séparée. « Denifle et Châtelain, Chartularium l’niversitatis Parisiensis, Paris, 1891, t. il. p. 141. Ces derniers mots ne laissent-ils pas entrevoir que le pape n’abandonna qu’à demi son sentiment 1 Son langage calculé indique t que les âmes séparées voient Dieu autrement que les âmes réunies aux corps, i Ainsi, tout en se soumettant humblement aux décisions de l’Église en une matière où la doctrine n’était pas encore fixée. Jean XXII introduisit, dans sa rétractation, une restriction qui en change notablement le caractère. En toute hypothèse, l’acte suprême du vieux pontife authentique la rétractation même que ses ennemis ont considérée comme fausse, comme nulle ou comme extorquée à un moribond.

2° Oraisons, prières ou offices liturgiques, ouvrages divers. — Jean XXII encouragea de façon spéciale, par des indulgences, la récitation de certaines prières, telle que V Angélus. Voir Angélus, t. i, col. 1278. Est-il l’auteur de toutes celles que des manuscrits ou des contemporains lui attribuent’? Il y a impossibilité à trancher le débat, dans l’étal actuel de nos connaissances. Toutefois j’inclinerais à admettre que l’oraison Anima Christi, fort répandue au moyen âge, serait son œuvre, car on la trouve, sous son nom, dans des manuscrits de la première moitié du xiv c siècle. Kehrein, Uebcr den Ycr/asser des Gebeles « Anima Christi, sancti/ica me » dans Der Katholik, 1898, IIIe série, t. xviii. p. 118-120 ; Zum Anima Christi Gebel, ibid., 1904, t. xxix. p. SU ; Noël Valois, op. cit., p. 532. On trouvera indiquées les autres oraisons attribuées à Jean XXII dans Noël Valois, op. cit., p. 531-535 et Marcel. I.cs livres liturgiques du diocèse de Langres, Paris, 1912. p. 21. Les mss attribuent encore au pape la composition de trois offices ceux de la Passion, du Saint-Esprit et de la Compassion de la Vierge, et celle d’un résumé de la Passion selon saint Marc.

Les registres dits d’Avignon et du Vatican, existant dans les archives secrètes du Saint-Siège, contiennent la correspondance du pape Jean XXII. Ils sont cotés de 2 à 47 pour la série d’Avignon et de 63 à 117 pour celle du Vatican. L’énumération en a été faite par A. l-’ayen. Lettres de Jean XXII, Paris. Lias. t. i. p. iY-xxxvii. J’ai publié moi-même les lettres communes dans la Bibliothèque des Écoles Françaises, d’Athènes et de Rome ; huit tomes ont paru. On trouvera dans mon ouvrage sur Les Papes d’Avignon, Taris, 1920, p. 5-24, l’indication des recueils de textes. M. Loulou a fait paraître 2 volumes contenant les l.cllrcs santés et CUTiales relatives à la l’rance, Paris. 1899-1920.

Jean XXII n’est pas l’auteur d’un traité de Arte metallorum transmutatoria qu’un grand nombre de bibliographes lui ont attribué.

Il n’a pas non plus prononcé, devant les pères du concile (le Vienne, un discours relatif aux Templiers, ni au procès de Boniface VIII, comme l’a prétendu

faussement L’abbé Ycrlaquc. Jean XXII, sa vie et ses

œuvres, Paris. 1883, p..V2 -5 1.

I. L’affaire ois spirituels, i" Sources. Baluze-Mansi. Wiscellanea, t. m ; L. Wadding, Annales Minorum, i. m ; Denifle et Châtelain, Chartularium Universitalis Parisiensis, Paris, 1891-1894, i. a et ni ; L. Oliger, Documenta tnedtta ad historlam frattcellorum spectantia, Quaracchi. |913 ; M. liihi. L’documentis < « / historiam Spirltualium dans Archiuum Franciscanum histortcum, 1909, I. u. p. 158n ;

i ; F. Ehrle, Die Spiritualen, ilire Verhàltniss zum

Franciscanerorden und zu den Frattcellen dans Archiv fur Literalur-und Kirchengeschichte, 1885-1888, t. i i ; K. J’.ubel, Bullarium Franciscanum, Home. 1898, t. v.

2° Travaux. - F. Callæy, L’idéalisme franciscain spirituel