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I UBERT DE BARKATJLT — JAVELLI


1901, col. 956-969 et col. 1301. Chaudon et Dclandinc, Dictionnaire universel historique, critique et bibliographique, Paris, 1810 ; Eiœfer, Nouvelle Biographie générale, t. xxvi, col. 396 ; Ilurter, Nomenc^ator, 3e édit., t. iii, col. 109 ; Iforeri, Dictionnaire historique, Paris, 17 lu.

J. Baudot.

    1. JAVELLI##


JAVELLI, en religion Chrysostome deCasale, du nom de son pays natal, religieux dominicain. — U naquit vers 1470 ; il enseignail depuis plusieurs années lorsqu’il fut nommé maître des étudiants à Bologne par le chapitre général de 1T>(>7. lui 1513, il est bachelier au même couvent, et en 1515, le chapitre <le Naples lui confère la maîtrise, en même temps qu’à Silvestre de Ferrare, son illustre collègue de Bologne. En 1518, il est nommé pour trois ans retient des études. Sa carrière universitaire s’est donc écoulée tout entière à Bologne, à l’époque OÙ la vie intellectuelle de l’ordre des prêcheurs était dirigée et renouvelée par C.ajétan, alors général. Il semble que dans la suite, Javelli se SOit de plus en plus retiré de la vie active, tout en poursuivant la composition d’ouvrages philosophiques et théologiques ; son compagnon de vie conventuelle, 1. candie Alberli, écrivait, déjà, dès l’année 1516 : Chrysosiomus Casalensis, nir plurimæ doctrines plurimœque religionis, qui vilain sibi quantum permittunt inslituta patrum, quietam delegit. Cité par Echard, p. 104. En 1538, il achevait son Elhica christiana ; mais on ignore la date de sa mort.

L’activité littéraire et doctrinale de Javelli fut relativement grande ; ses œuvres complètes comprennent trois gros volumes in-folio. En voici la liste d’après les éditions générales, Lyon, 1567, 1574 ; Venise, s. d. ; Lyon, 1580. Pour les éditions particulières, cf. Echard, p. 104-105. C’est d’abord un commentaire abondant des principaux traités d’Aristote : Compendium logicsc isagogicum ; In unioersam naturalem philosophiam epitome ; In libros XII metaphysicorum epitome : l’un des meilleurs commentaires seolastiqucs de l’ouvrage d’Aristote ; In X ethicorum libros epitome ; In VIII politicorum libros epitome ; auquel se joint l’ouvrage parallèle 7/i Platonis elhica et politica epitome ; Quastiones super quarium meteororum, super librum de sensu et sensato, super librum de memoria et reminiscentia ; Tracta/us de bona fortuna ; Epitome super sphæram. Javelli reprit en partie ce travail sur Aristote pour défendre l’interprétation de saint Thomas et discuter L’exégèse du « Commentateur » Averroès : Quastiones acutissima super VIII libros physices ad menlctn S. Thoma, Aristotelis et Commentaloris plurimuni decisa ; Qusesiiones super III libros de anima, super XII libros Ihetaphysices. Il est significatif aussi, en ce temps ou l’on avail des raisons de se défier d’Aristote, que Javelli ail composé, à côté de son commentaire des œuvres morales du Stagyritc, une morale dite « chrétienne : Christiana philosophia seu elhica : c’est en fait la morale surnaturelle et théologique ; Philosophiæ politica sire civilis christiana dispositio ; Œconomica vel familiaris christiana disciplina. Le commentaire In librum de cousis ne manque pas non plus d’intérêt à ce même point de vue, puisqu’il propose parallèlement un expose aristotélicien et un exposé chrétien : souci révélateur des conflits contemporains où le rationalisme naissant s’élaborail en

dépendance de l’arislolélisnie.

Javelli eut d’ailleurs occasion de prendre une part active dans ces conflits, lorsque Pierre l’oinponazzi,

le célèbre professeur de Padoue, publia son De immortalitate anima. Le concile de Latran, parsondécrel du lu décembre 1513, avail tente d’arrêter la diffusion

Croissante des doctrines avcrroïsles. en particulier celle QUI niait l’immortalité de l’aine individuelle, lui 1516,

parut l’ouvrage « le Pomponazzi, qui augmenta encore l’effervescence intellectuelle dans les milieux univer sitaires, saturés d’aristotélisme rationaliste ; rejoignant implicitement, par de la Averroès. Alexandre d’Aphrodisias, il déclarait que intellectus humanus absohile est mortulis et secundum quid immortalis, c. 9, 10, édit. Venise, 1525, fol. 41 v°, 46 r° ; c’est donc improprement que l’âme humaine est dite immortelle : animant humanam solum habere quandam participationem intellectus. quare et improprie immortalis, c.’.), in fine, ibid., fol. 46 r n. Vincent Colzado, Barthélémy Spina. étiez les prêcheurs, sans parler de Nifo et des autres, attaquèrent le philosophe padouan ; condamné par les inquisiteurs, il avait dû à Bembo d’échapper à une condamnation plus solennelle. C’est sans doute pour écarter ce péril et mettre fin à une très âpre controverse, que Pomponazzi s’aboucha avec Javelli et lui demanda, avec de "landes marques d’estime, une réfutation de ses propres arguments contre l’immortalité, l.e dominicain, laissant de côté l’épineuse question de l’authentique interprétation d’Aristote, répondit point par point, sous forme brève, aux thèses de Pomponazzi. Voir la correspondance et les pièces de cette discussion dans les œuvres de Pomponazzi, édition île Venise, 1525. Javelli, loyal et cordial, semble dans la circonstance avoir fait office de pacificateur, car il n’était pas de ces eucullali de qui Pomponazzi méprisait les clameurs et les ignorances. Loc. c17., fol.52r ii, SI i". et la lettre à Javelli. fol. 108 0°. Après accord avec l’inquisiteur Jean de Torfani. et sous condition d’accepter la doctrine de Latran, Pomponazzi publia son traité ainsi que son Dcjensorium. mais en y ajoutant les solutiones de Javelli : aucune autre édition ne serait permise : hac argumenta adduntnr ea se. lege ut sine hujusmodi accessions eos libros vendi non liceat. Loc. cit., fol. 1 12 r°, lus ". On n’oserait « lire que Pomponazzi avait été convaincu vraiment, et qu’il n’y avait pas là quelque souci politique et quelque habileté. Théophile Haynaud dit Pomponatius,

mulatu mente, opus suum de eo argumente improbasse dicitur. varianlibus senler.liis. on id amicorum precibus dederil, an fama sua ac nomini caverit, an ex animo audierit Ecclesiam et palinodiàm cecinerit, ut conscientiæ suæ facerct sidis. De bonis et malis libris, n. 43. En tout cas, la paix était faite. Javelli devait reprendre une dernière lois la question dans son Tractalus de animic humanx indeftcienlia in quadruplici via, se. Péripaletica, Academica, Naturaliet Christiana, Venise, I

Un dernier opuscule de Javelli vaut d’être signalé : Qturstio perpulcra et resolutissima de Dei pradestinatione et reprobatione. Sous couleur d’un commentaire de Summa theol., I", q. xxui, c’est en fait, avant la lettre, une formule moliniste de la prédestination ex pnrvio consensu ; et Echard estime sévèrement que, Javelli, pour mieux écarter les erreurs luthériennes, est tombé dans un pur semi-pélagianisme. On en jugera par Cfll énoncé où Javelli lui-même, avec force réserves prudentielles, propose sa thèse : Il y a une raison a la volonté divine de prédestination, et hac ratio ex parle pradestinati est ustts bonus liberi arbilrii moralis antecedens gratiam, ut dispositio congrua, non lamen condigna ml gratiam. et elicita a libéra arbitrio moto a Deo, non solum ni unioersaii movente, sed influente in nobis particulare auxilium, quo simus suffteientes, ctiarn reniolu gratia, producerc bonus actus morales, ut temperate oioere, defendere patriam… et tste bonus usus, ut pravisus a Deo in Jacob est ratio quod pradestinetur} cl ex opposite malus usus arbilrii liberi moralis moti a Deo ni universali motore, reddens hominem indignum gratta, est ratio quod.tintas reprobetur. On trouvera

eel opuscule dans l’édition Morelles des œuvres de

s. Thomas, I’pars, Anvers, L612, placé en son lieu au cours d’un commentaire partiel de la [ » pars. Ce commentaire de Javelli. concis et clair, rappelle

un peu la manière de Cajélan. île qui d’ailleurs il