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[SAIE, LE LIVRE - Al rHENTlCITE

ii, 19. Pour M. Van lloonacker. Les douze petits prophètes, p. 381, la prophétie vient de Miehée, elle aura été insérée dans [sale par on lecteur ou un collecteur postérieur.

b) iv, 2-C. — On a beaucoup contesté l’authenticité de ce petit tableau messianique. On y a relevé des expressions insolites chez Isaïe, mais la principale objection est tirée des perspectives eschatologiques qu’il contient. Nous avons déjà rencontré le même raisonnement à propos d’Isaïe, ii, 2-4. De quel droit formule-t-on ce canon que l’eschatologie prophétique n’est apparue qu’après l’exil ? Les critiques d’aujourd’hui ont un sens plus objectif de l’histoire lorsqu’ils affirment que l’eschatologie est aussi ancienne que les plus anciens prophètes. Nous rencontrons des passages semblables à ce morceau d’Isaïe dans les prophètes Amos et Osée. La mention des échappés et des survivants, iv, 2-3, rappelle le jug ment dont il a été question dans les versets précédents. Le salut d’un reste est caractéristique d’Isaïe, i, 26 sq. ; vi, 13b ; vii, 3 ; x, 21 ; xvii. 5-8 ; xxvrn, 5, xxxvii, 32, etc. La doctrine du germe de Jahvé, iv, 2, se rencontre, il est vrai, chez Jérémie, xxiii, 5 ; xxxiii, 15, et Zacharie, iii, 8 ; vi, 12, mais ne provient-elle pas d’Isaïe qui parle ailleurs du rejeton, xi, 1 ; cf. lui, 2. L’expression en ce jour-là, iv, 2, revient encore, iv, 1 ; m, 18 ; ii, 11. 12, 17, 20 : c’est le célèbre jour de Jahvé dont les prophètes postérieurs parleront si souvent et qu’Amos paraît avoir décrit le premier, v, 18, 20. Condamin op. cit., p. 32, et Bruston, La conclusion du premier discours du prophète Isaïe, Revue de théologie et des questions religieuses, t. xix, , 1911, p. 418-422, ont bien défendu l’authenticité d’Isaïe, iv, 2-6 contre les attaques de Duhm, Cheyne et Marti.

c) xi, 11-16. Les mêmes critiques ont attaqué l’authenticité de. certains fragments de la prophétie relative à Assur, x, 5-xi, 16. Sans doute, tout n’est pas parfait dans cet oracle ; il s’y est peut-être glissé quelques gloses, opéré quelques transpositions, mais aucun morceau ne répugne positivement à Isaïe. Les critiques prudents le reconnaissent. En résumé, dit Gautier, Introduction à l’Ancien Testament, Lausanne, 1906, t. i, p. 406. l’isaïcité, de tout ce morceau nous paraît pouvoir être maintenue. C.ondamin, op. cit., ne se prononce pas, p. 98 : faute de données suffisantes, mieux vaut ne trancher ni pour ni contre, que de faire intervenir des raisons de goût purement subjectives. Sellin, Elinleilung in das Acte Testament, Leipzig, 1914, p. 82, ne fait des réserves que pour xi, 11-16 où il voit un remaniement d’une prophétie d’Isaïe. La dispersion d’Israël et de Juda aux quatre coins du monde, y 11, apparaît assez surprenante à l’époque d’Isaïe, et la guerre contre les peuples voisins, 14, 15, semble en contradiction avec les promesses de paix universelle des versets 6-9.

d) xii. Les raisons apportées contre l’attribution à Isaïe de ce petit cantique de louange et d’action de grâces sont assez fortes. On comprendrait sans doute qu’Isaïe, ayant recueilli lui-même les oracles de n-xi ait donné comme conclusion à ce petit recueil le cantique du chapitre xii, de même qu’il lui avait donné comme introduction l’acte d’accusation du chapitre i. Mais on comprendrait aussi qu’un pieux lecteur d’Isaïe ait exprimé dans ce c ; mtique les sentiments de joie et de reconnaissance que lui inspiraient les promesses du livre de l’Emmanuel, vi-xi. Le chapitre xii ne renferme aucui.e allusion historique ou géographique ; il est convu en termes généraux et peut s’appliquer à beaucoup de sil uations. Il présente des particularités de langage inusitées chez Isaïe, trahit une parenté étroite avec le cantique de délivrance du chapitre xv de l’Exode et avec des psaumes d’origine récente (Condajnin, Stra k, Gautier, Driver, Skinner, etc.)

e) xin-xiv. 23. La plupart des critiques non catholiques nient l’origine isaïenne de ce magnifique poème,

l’un des plus beaux de l’Ancien Testament. Leur principal argiunent est emprunté à la situation historique que ces chapitres supposent. Voici les faits : Babylone y est à plusieurs reprises expressément nommée, xiii, 19 ; xiv, 1’, 22 ; elle apparaît comme la maîtresse du monde, xiii, 19 ; xi v, 4 >, 12-17, 21 ; sa chute prochaine est annoncée, xiii, 14-22 ; xiv, 4-21, 22-23 ; l’exécuteur du châtiment est décrit, il vient d’un pays lointain, c’est le peuple mède, xiii, 2, 5, 17 ; le peuple d’Israël est en captivité, mais Jahvé a décidé de le sauver, de le ramener dans sa terre ; la ruine de Babylone sera le point de départ de la délivrance d’Israël, xiv, 1-4. Voici maintenant les conclusions qu’on en tire : A l’époque d’Isaïe. Babylone n’était rien ; Ninive et le grand empire assyrien éclipsaient tout le reste ; le peuple d’Israël n’était pas en captivité. La grandeur de Babylone et sa ruine, la suprématie universelle de son roi et sa chute, la captivité et sa fin, telles qu’elles sont dépeintes ici, n’avaient aucun sens pour les contemporains d’Achaz ou d’Ézéchias. A la rigueur, on pourrait admettre qu’Isaïe ait prédit des événements postérieurs de deux siècles, mais ce n’est pas précisément ce qui se fait ici. La domination babylonienne n’est pas prédite, mais supposée, et le retour en est annoncé. Dès lors, n’est-on pas en droit de conclure que la situation historique existante qui sert de point de départ logique à la prophétie, lui sert aussi de terminus a quo historique et réel, et que par conséquent, cet oracle sur la fin de la tyrannie babylonienne n’a pas pour auteur un écrivain du vme siècle, mais un prophète vivant à l’époque où Babylone détenait l’empire du monde, un contemporain de la génération juive emmenée en exil au vie siècle, avant que Cyrus et ses Mèdes missent fin à la domination chaldéenne.

Les exégètes catholiques, qui défendent généralement l’authenticité de l’oracle contre Babylone, n’ont pas toujours répondu adéquatement à cette argumentation. Il ne suffit pas, en effet, pour lui enlever toute valeur probante, de faire remarquer qu’elle s’appuie sur le principe rationaliste d’après lequel toutes les prophéties qui prédisent des événements précis et lointains sont des valicinia posl eventum, ou d’en appeler à Isaïe xxxix, 5-7, qui montre que Babylone pouvait apparaître à l’horizon d’un prophète du vine siècle, ou de rappeler l’oracle de Jérémie sur Babylone, l-li, qui trahit manifestement l’influence d’Isaïe xm-xiv.

Les critiques qui nient l’authenticité de ces derniers chapitres ne les considèrent cependant pas comme des valicinia post eventum ; ils reconnaissent que la chute de Babylone et le retour de la captivité sont vraiment prédits. Le fait que Cyrus n’est pas nommé, que les Perses ne sont pas mentionnés à côté des Mèdes comme exécuteurs des vengeances divines, que Babylone et son dernier roi n’ont pas eu précisément le sort que leur annonçait l’oracle de xm-xiv, prouve suffisamment que celui-ci a été composé avant l’accomplissement des événements. Mais ces critiques disent qu’il faut bien distinguer dans cet oracle ce qui est supposé de ce qui est prédit, et ils prétendent avoir le droit de prendre comme point de départ l’époque des événements supposés, pour établir la date de la prédiction des autres. Les paroles d’Isaïe à Ézéchias qu’on lit dans xxxix, 5-7, sont d’une authenticité discutaille, pour d’autres raisons, et l’attitude du prophète s’y révèle d’ailleurs tout autre. Ce qui est dit de Babylone pourrait s’appliquera cette ville considérée comme seconde capital de l’empire assyrien ; le transfert des trésors d’Ézécl à Babylone peut s’entendre de l’énorme tri : >ut qu’il dut payer à Sennachérib, et la déportation des membres de la famille royale de Juda à i i ylone s’. >l ni fisammeiil vérifiée dans la captivité de Mari em mené a Babylone par Assarhaddon, roi jssyrie,