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JANSENISME, L’AUGLSTINUS, T. II. MÉTHODE DE LA THÉOLOGIE


grâce n’atteint pas tous les hommes, c’est en vertu de la science conditionnelle par laquelle Dieu connaît ceux qui auraient été sauvés, s’ils avaient vécu (enfants ) ou qui auraient cru, s’ils avaient entendu prêcher l’Évangile (adultes), c. rv. La seconde grâce générale est formée par les restes de l’intégrité primitive de notre nature, par la naturelle possibilité de faire le Lien qui persiste chez tous les hommes et qui permet de faire quelques actions bonnes, c. v. La troisième grâce générale est la grâce actuelle interne, suffisante pour croire, mais non point pour agir. Les stmipélagiens, en effet, affirment la nécessité d’une telle grâce pour Adam lui-même, à plus forte raison pour l’homme déchu, c vi, nais ils signalent avec soin que cette giâce laisse à la volonté toute liberté d’agir. Gennade et Cassien soutiennent cette thèse : la glace ist ] our la volonté une occasion de croire et de se convertir, car c’est avec cette grâce et non point sans elle que la volonté se convertit. Le péché n’a pas fait peidre à la volonté le pouvoir de choisir, la volonté peut toujours accepter ou rejeter les inspirations de la grâce, en sorte qu’en aucune façon la grâce ne détermine la volonté et ne produit l’élection, c. vu. Saint Augustin, avant son épiscopat, avait les me’mes idées qu’auront plus tard les Marseillais ; pour lui la foi et la prière n’étaient pas des dons de Dieu venus de la giâce, sinon en ce sens que la grâce précède la prédication de la vérité De même que l’œil, quelque sain qu’il soit, ne peut rien voir sans la lumière, de même la volonté, quelque saine qu’elle soit, ne peut opérer une 1 onne action sans le secours de la grâce : Pceil o ; i avec la lumière, comme la volonté fait la tonne œuvre avec la grâce, c. vin. Ainsi les Marseillais ne sont pas. comme h s pélagiens, des ennemis de la grâce ; ils admettent une grâce générale et suffisante ; c’esl par cette grâce qu’ils expliquent la prédestination et un théologien moderne, Molina, (il est cité nommément ici pour la première fois) a repris cette thèse, c. ix. Cependant, dit Jansénius, les semi-pélagiens ne parlent pas souvent de celle grâce interne, parce que, dans leurs controverses avec saint Augustin, cette question n’était pas débattue ; pour eux, celle grâce est conservée élans la nature intégre que nous a laissée la faute d’Adam, c. x. La naturelle possibilité de faire h’bien, vestige de celle intégrité primitive, est le principe du salut qui comprend la foi au médecin, le eh sir eh la guérison et la prière ; ainsi le commencement du salut vient de l’homme lui-même, c. xi, xii. L’homme, par ses seules forces, peut produire les actes essentiels au salut : crainte, douleur, sollicitudes, vf)luple ou plutôt velléité île bien vivre se manifestant par des prières, e. xiii ; cependant il ne peut arriver à la foi entière, il n’ai outit qu’au commencement de la loi et ne peut persévérer élans la poursuite dela toi et dans son accroissement, C, xiv (.cite persévérance dans la foi et dans la justice elle-même est un don ele Dieu ejeii ne peut être obtenu que par la prière ; niais comme la prière dépend de notre libre volonté, il faut conclure que la persévérance vient Indirectement de l’homme, c. xv.

les.Marseillais accordent que la loie i la prière sont déjà un. fj< l de la grâce, c. XVI, mais ils reeluiseiil à rien Cl Ite eonci sm on, car, dise nt-ils, la grâce est obtenue par le bon usage de la liberté ; c’esl a l’occasion de ce 1 on

usage que Dieu mlsérlcordieusement donne la grâce, Les auteurs récents (les molinistes) Interpi étant le Fameux texte : Facienii quod in se est (pei vires naturse) Liens non denegat gratiam, disent sans ambages que l’homme, par les seules forces de’sa nature, peut se disposer prochainement à la grâce. D’après Lessius, ces actes naturels sont l’occasion de la grâce et cel auteur est d’accord avec Molina pour affirmer que, durant

Cette vie, noire salut dépend toujours de notre liberté ;

or cela même est le fond des erreurs semi-pélagiennes’: la volonté précède, la grâce suit. Les actes bons méritent la grâce et ne viennent point de la grâce, mais de la nature, c. xvii. Dès lors, bien que les mots soient plus récents, on peut dire qu’ils admettent le mérite de^ congruo, mais point le mérite de condigno, parce que les forces humaines sont trop faibles, c. xviii. D’après Cassien. comme d’après saint Augustin, saint Prosper et saint Dilaire, le secours qui vient après la foi est une vraie grâce, c. xix, quoi qu’en disent les nouveaux théologiens, et cette grâce ne s’oppose en rien à la liberté, e. xx.

Les semi-pélagiens admettent la prédestination c< nsécutive à la prévision des mérites : Dieu élit ceux qu’il a prévu devoir persévérer jusqu’à la fin par leur lil cité agissant avec la grâce. Cette prédestination présente les apparences d’une rétribution, d’une récompense, sinon dans l’exécution, du moins dans la prévision divine, car la prédestination n’existe que pour celui dont la volonté lil re aura paru produire la foi et la persévérance dans la foi et dans la grâce, c. xxi. Le noml re des élus est déterminé, en ce sens que Dieu connaît le nombre de ceux qui persévéreront, mais il n’est pas déterminé en ce sens que Dieu, sans tenir compte de la volonté humaine, aurait fixé le nombre des dus. Dieu ne fait qu’enregistrer, en quelque sorte, le noml re de ceux qui élevant persévérer sont, par’le fait, prédestinés et sont connus comme tels par Dieu. Tout autre prédestination favorioerait le désespoir et la paresse, c. xxii. C’est faussement que les semi-pélagiens, et, à leur suite Hincmar de Beims. Baronius, Suarez, ont invente l’hérésie du prédeslinatianisme dont saint Augustin et saint Prosper ne font aucune mention. Gennade a, le premier, parlé de cette prétendue hérésie qu’il extrait des ouvrages de saint Augustin mal compris. Sigebert et Hincmar n’ont fait que le reproduire, ce dernier contre Gollescalc. Le prédeslinatianisme est une hérésie imaginaire invente e par les semi-pélagiens contre saint Augustin et la doctrine catholique. Jansénius défend Gottescalc contre les attaques d’Hincmar, par l’autorité des conciles ele Lyon et du III 1’concile de Valence, c. xxiii.

Compare ! cel exposé du pélafiamVnc avec reluie ; u’rn a fait le P. Port al ié, t. i. col. 2380, 2383 2387.

II. Doctmni de i. grâce. — En opposition, aux erreurs des pélagiens et des semi-pélagiens exposée*

au t. I er, Jansénius étudie la vraie doctrine catholique ele la grâce aux t n et m.

I. roui : il. — Le t. ii s’ouvfe par un livre préliminaire qui sert d’introduction : Jansénius s’applique à caractériser la méthode de la théologie et à mettre en relief l’autorité singulière de saint Augustin dans les questions de la grâce et de la prédestination,

1° Juin (ludion. — t. Méthode de la théologie. — Contrairement à la philosophie qui, s’appuyant sur la raison, ne fait qu’ergoter et discuter, la théologie fait appel à la mémoire, à l’autorité, à la tradition, e.i-iv. La philosophie, quand elle s’introduit dans la théologie, ne produit ejue des eflets désastreux. Les Pères n’ont écrit que’par nécessite et lorsqu’Origène, le premier, voulut exposer la religion avec des principes empruntées à Platon et à Aristote, il sema les germes ele toutes les hérésies : Afius, Mace donius, bhotius, e, sont issus de lui, c. v. Notre-Seigneur n’a point oulu faire ele neuis ele s savants ; il nous a donné une simple connaissance des vérités divines, la trinité, l’incarnation, sans l’explication, le quomodo, de ces vérités, c. m. On peut chercher à approfondir les grandes vérités surnaturelles par la rai„on, mais c’est un procédé dangereux, e. vii, car cetteméthode ne conduit qu’à des discussions. ( lu min faisant, et c’est peut-être la seule allusion qu’il fera â ce sujet.. ! an-