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JANSENls.NK. L’AI (il Si’l.N US, T. 1. LE PÉLAGIAN ISME

conduisent à la vie étemelle, c. m. iv. Pelage distingue trois états successifs du genre humain qui vit sous la nature, sous la loi, sous la ijrùcc. c. y ; dans ces trois états, le secours de la grâce inter ient, d’abord pour la rémission <U s péchés, c. vi, qui est produite spécialement par la foi au Christ, c. vu ; la doctrine et l’exemple de Jésus-Christ constituent une autre grâce, c. viii, qui prend différents noms suivant les différents effets qu’elle produit : elle révèle la sagesse, elle ouvre les yeux, elle promet une récompense, elle découvre les embûches, elle illumine, elle persuade, elle enseigne, c. ix. Pelage d’ailleurs dit positivement que la grâce de Dieu n’est pas nécessaire pour tous les actes et ainsi il est en contradiction formelle avec la doctrine chrétienne, c. x. Les pélagiens distinguent le secours de possibilité qui fortifie la puissance, de sorte qu’elle puisse vouloir ou agir ; le secours de volonté et d’action fait que la volonté et l’action sont produites réellement ; avec le premier, la volonté reste indéterminée à vouloir ou à agir, elle est vraiment maîtresse de ses actes, elle commande ; c’est le secours sine quo non dont parle saint Augustin ; avec le second, la volonté est déterminée dans un sens ; c’est le secours quo fit actio. Le premier peut être identifié avec la grâce suffisante des théologiens modernes ; le second avec la grâce efficace, c. xi. Les pélagiens n’admettent que la grâce de possibilité qui aide l’homme à pouvoir agir, mais ne le fait pas agir effectivement. Cette grâce de puissance, laissée à notre disposition et dont la volonté se sert â son gré, seule, d’après les pélagiens, sauvegarde la liberté ; aussi ils rejettent la grâce de volonté et d’action comme incompatible avec la liberté. Pour eux, en clïet, la liberté est essentiellement indifférente, biceps, bicornis. Est libre ce qui est en notre pouvoir, or une action n’est certainement pas en notre pouvoir, lorsque le secours nécessaire pour pouvoir dépend absolument de la volonté d’un autre : hoc liberum est quod est in potestate ; in potestate autem esse non potest, si deesl adjutorium per quod potest et quod sibi dore non potest. sed tanquam gralia pure grauita ab aller ius pendet arbilrio, c. xii. Par le fait que l’homme a été créé libre, il a reçu le pouvoir d’agir ou de ne pas agir, car, si pour agir, il a besoin d’un secours étranger sans lequel il ne peut vouloir et qui lui est accordé comme une grâce purement gratuite, il n’est pas libre d’agir, c. xii. Bien plus, l’acte pour lequel le secours ticcette grâce est nécessaire n’est point l’œuvre de l’homme, niais l’œuvre de celui qui a donne le secours, c. xiii. Ce secours, s’il est nécessaire, supprime la liberté et les moines d’Hadrumète déclarent que, dés lors, les exhortations et les châtiments sont Inutiles, puisque c’est la grâce seule qui lait faire le bien, c, xiv ; ce secours produit la coaction et la nécessité, c’est le [aluni, puisque la volonté est déterminée au mal, quand ce secours n’existe pas, et au bien, quand Dieu l’accorde, e. XV, De plus, puisque ce secours ne dépend que de Dieu, il est inutile de faire des efforts personnels ; on tombe dans une sécurité dangereuse qui engendre la paresse ; on supprime le mérite et la récompense qui n’est due qu’au mérite, c. xvi. Ici Jansénius fait allusion à ces théologiens modernes qui n’admettent que la grâce de possibilité, autrement dit, la grâce suffisante. Saint Augustin, dit-il, n’a jamais parle d’une telle grâce : il n’admet, dans l’étal actuel, que la grâce médicinale <|iii réellement fait vouloir et agir. c. xvii.

Les pélagiens trouvent le secours de possibilité interne pour V intelligence dans la connaissance, les révélai ions et les illuminations, c. xviii, pour la volonté dans les cil constances et dans le concours général de Dieu sur toutes ses créatures, c. xix, xx ; ce concours général.suffit pour tous les actes naturels, comme s’asseoir, se tenir debout, marcher, etc.c. xxi.

Lu même temps que le concours général, les pélagiens. au dire de.1 auseuius, admettent dans cette troisième phase, la grâce habituelle, e. xxu-xxvii, pour effacer les péchés et produire dans l’âme une vraie rénovation ; c’est ce que prouvent les effets privatifs et positifs du baptême, par exemple, qui efface les fautes, procure le salut, restaure la nature, libère l’âme de l’habitude du péché, c. xiii, et en même temps régénère et illumine l’âme, lui donne la foi, lui procure la justification, la sanctification, la procréation spirituelle, l’incorporation au Christ, l’onction du Saint-Esprit, c. xxiv. la réconciliation avec Dieu, l’adoption spirituelle ; elle lait de l’âme le temple de Dieu et nous rend héritiers et cohéritiers de Jésus-Christ, c. xxv.

Il est sûr, déclare Jansénius que, quoi qu’en disent certains théologiens modernes (ici il attaque Suarez et Molina sans nommer ce dernier) les pélagiens admettent l’existence d’une grâce habituelle ; sans doute, aucun acte ne dépasse les forces de la nature et du libre arbitre, mais cependant la grâce habituelle intervient pour effacer les péchés et combattre les tentations ; alors elle agit conjointement avec la puissance même de la volonté, c. xxvi-.xxvii. Les grâces actuelles augmentent la puissance de la volonté, mais le vouloir lui-même et l’action ne dépendent que de la volonté non ul voluntas ad actum suum victrice illa (jrati ; e détectât ione flectatur, sed potius ipsi qraliiv quantum ad ugere spectat aul non agere invicie doininetur. La grâce actuelle intervient, pour certains modernes, dans les mouvements indélibérés de la volonté pour l’exciter et la fortifier, mais sous le contrôle de la volonté. Les pélagiens ne rejettent point la grâce en elle-même, mais seulement toute intervention de la grâce qui détruirait l’indifférence de la volonté, car cette indifférence leur est plus chère que la pupille de leurs yeux : illam indifjerenliam ad dominatricem arbitrii potestulem ac nutum semper pelagiani pupillis oculorum suorum habuere cariorem, c. xxvin. D’après Jansénius, Pelage n’a point, â ce sujet, changé sa doctrine après sa condamnation par le pape Zozime, c. xix, xxx, quoi qu’en dise un habile homme qu’il ne cite pas. mais qui pourrait bien être l’abbé de Saint-Cyran, lequel, en fait, soutient une opinion contraire.

!.. VI. L’étude de la quatrième phase du pélagianisnie occupe tout ce livre : c’est b> moment où l’hérésie prend figure de semi-christianisme. Par les forces de la nature et sans la grâce, l’homme peut commencer les bonnes œuvres et la grâce ne devient nécessaire que pour atteindre la perfection, c. ii, au moins pour l’atteindre plus facilement, c. m. Cette grâce n’est point gratuite ; elle a été méritée par le premier désir du bien qui est la foi, la prière, la conversion, c. iv, v. Reprenant une thèse d’Origène. le pélagianisme rejoint le nestorianisine et va jusqu’à dire que c’est par les mérites de son libre arbitre que Jésus-Christ est devenu Dieu, c. vi. La prédestination elle même n’est point gratuite, car le salut ne dépend que du libre arbitre, c. vu. L’homme naît sans vertu et sans faille et Dieu veut le salut de tous. La grâce du Christ consiste tout entière dans sa doctrine et dans l’exemple de ses vertus, c. viii. Les pélagiens distinguent l’élection des mérites par laquelle on est élu d’après les mérites qu’obtient l’observation de la loi et des préceptes et l’élection de la grâce par laquelle gratuitement on est appelé au salut par la foi ; mais, même dans ce dernier cas, l’élection est déterminée, en quelque manière, par les mérites antécédents, c. ix. Quant â la prédestination, elle vient, comme la réprobation, de la liberté humaine, et pour les enfants, de la prévision de ce qu’ils auraient fait, s’ils avaient vécu, c. x.

Les pélagiens ont introduit dans l’Église la notion de la nature pure, dit Jansénius. Les enfants naissent