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JACQUES (EPITRE DE), CANONICITÉ


Jean. Ce canon date vraisemblablement du v c siècle.

La Synopsis sacrarum Scripturarum, attribuée a saint.Jean Chrysostome. dit qu’il y a « trois épîtres catholiques, sans les nommer. P. G., t. lvi, col. 317. Ces épîtres doivent être Jac, I" Pet.. J> Joan. Le canon de saint Jean Chrysostome et deThéodoret était celui de la Pescliitto. Cf. M. Meinertz. Der Jakobusbric/ mut sein Verfasser, p. 107, 172. Cf. P. G., t. lxtv, col. 1040-1052 ; t. lxxx, col. 1053 ; t. i.xxxi, col. 152.

Théodore de.Mopsueste, au témoignage de Léonce de Byzance, P ? (L. t. i.xxwi a. col. 1365, rejetait le livre de.Job. et l’épître de Jacques parce qu’elle proposait Job comme exemple de patience, iii, 11. Cf. M. Meinertz, op cil., p. 171. L’attitude de Théodore envers l’épître de Jacques fit scandale à Antioche, car elle allait contre le sentiment de son Église. Cf. Th. Zahn, Einlcilunq in dos neuc Testament, t. i. p. 89. A Antioche on recevait les trois grandes épîtres catholiques. La traduction arménienne du Nouveau Testament faite au Ve siècle sur le syriaque, contenait l’épître de Jacques, avec les autres livres du Nouveau Testament sauf l’Apocalypse. La version éthiopienne, faite probablement au iv c siècle et revisée au vr ou au viie, les contenait tous sans exception. Cf. C. H. Gregory, op. cit., t. ii, p. 554.

L’épître est donnée dans le Codex Vaticanus et dans le Codex Sinaïticus qui sont du iv c siècle, dans VAlexandrinus et le Codex Ephrmmi, du v c siècle ; dans la liste du Codex Claromontanus, liste qui est probablement d’origine grecque et remonte au iv c siècle.

En Occident, l’hérésie arienne obligea les défenseurs de l’orthodoxie a étudier les écrits des orientaux et à se servir de tous les livres tenus par eux comme canoniques. Saint llilaire de Poitiers cite l’épître de Jacques comme Écriture, De Trinit., iv. <S, P. I..A. x, col. 101 ; cf. Jac, i, 17. Saint Philastrc de Hrescia énumère toutes les épîtres catholiques, P. L., t. xii, col. 1199. Ru fin, dans VExpositio in Symbolum Aposlolorum, donne une liste des livres canoniques : il place Jac. après les épîtres de Pierre : o une de Jacques, frère du Seigneur et apôtre. P. /… t. xxi. col. 374.

Saint Jérôme donne l’état de la tradition chrétienne à la fin du IVe siècle. Dans la liste de sa lettre Ad Paulinurn, il place l’épître de Jacques la première des épîtres catholiques. P. L., t. xxii, col. 548. Dans le De viris illuslr., c. ii, il dit que Jacques, frère du Seigneur, a écrit une des sept épîtres catholiques, mais il rapporte l’opinion de quelques-uns, à savoir : qu’elle a été publiée sous son nom par un autre et qu’avec le temps elle a acquis peu à peu de l’autorité : imam tantum scripsit epislolam, quæ de sepiem catholicis qua et ipsa ab alio quodam sub nomine eius édita asseritw, licet paulalim lempore procedente obtinueril auctorilatem. P. /… t. xxiii, col. 640. Il tient sans doute ces renseignements d’Eusèbe qui est sa principale source. Dans le même chapitre, il donne son sentiment sur la personne de l’auteur : c’est le « frère du Seigneur », surnommé i le juste », « fils de Marie soeur de la mère du Seigneur ?. Il signale que quelques uns i le regardent comme le lits de Joseph et d’une autre

épouse. ;  ; / noMiulli f > zistimant. Joseph ex alla uxore ;

plus tard il qualifiera sévèrement cette opinion et la

caræl érisera comme un des deliramenta apoen/phorum. In Maith. xii, 19, P. L., t. xxvi, col. 88. Voir plus loin Origine de l’épître Il attribue également à l’auteiu de l’épître la dignité d’apôtre, Contra Pelag., u. 18, P. L., t. mii. col. 581.

Saint Augustin, dans le canon des écritures qu’il donne De doclrina christiana, ii, 13, place l’épître la dernière « tes épîtres catholiques, et après tes Actes et l’Apocalypse, « qui pourrait indiquer qu’elle a

été reçue la dernière des épîtres catholiques dans le

canon latin. (.1. P. L., t. kxxjv, col. 1 1.

Cassien la cite souvent : cf. Corpus de Vienne, t. xvii, p. 409 ; il mentionne Jacques avec Pierre et Jean, en se référant à l’épître aux Galates : ibid. p. 141. Priscillien la cite comme l’œuvre d’un apôtre. Corpus de Vienne, t. xviii, p. 63 ; cf. p. 160.

Elle est dans la liste du Décret de Gclase, sur la date duquel on n’est pas fixé. Les parties I-II1 qui contiennent la liste des livres canoniques remontent peut-être à Damase (j- 384). Le concile d’Hippone, 393, et les conciles de Cartilage..’197 et 419. donnent la liste complète des livres canoniques : l’épître de Jacques et celle de.Inde y sont mises après celles de Pierre. cl de Jean, probablement à cause de leur admission tardive dans l’Église d’Afrique En 105, Innocent 1 er dans une lettre à Exupère évêque de Toulouse, énumère tous les livres qu’il faut recevoir comme canoniques. Là encore, l’épître de Jacques est placée après les autres épîtres catholiques. A partir de ce moment le canon est officiellement fixé dans l’Église latine. On cite parfois Junilius, comme jetant une note discordante dans la tradition africaine. Il place, en effet, l’épître de Jacques parmi les livres « ajoutés par plusieurs, mais d’autorité moyenne », Instituta regiilaria divins legis, P. L., t. lxviii, col. 19-20. Mais ce personnage qui vivait au vie siècle ne fut pas évoque en Afrique, comme on l’a prétendu, mais questeur du palais de l’empereur Justinien. Il se rattache à l’école de Nisibe, par son maître Paul de Nisibe et reflète les tendances de Théodore de Mopsueste. Cf.Bardenhewer, Palrologie, 3e édit., Fribourg, 1910, p. 552.

5° l.’Éptlre de Jacques à partir du VIIe siècle. — Dans les Églises orientales, bien que le canon n’ait été fixé officiellement qu’à la fin du viie siècle, la plupart des catalogues de livres saints antérieurs à cette époque donnent l’épître de Jacques avec les autres épîtres catholiques. On cite cependant Cosnias Indicopleustes, Topographie chrétienne, 7, P. G., .- lxxxviii, eol. 374, qui rejette les épîtres catholiques pour des raisons de polémique. Il s’efforce de justifier son opinion en se référant aux hésitations d’Eusèbe et d’mphiloque, mais il reconnaît que chez les Syriens on reçoit les trois principales épîtres catholiques, une de Pierre, une de Jean et une île Jacques. Le concile In Trullo, 692, consacre les décisions antérieures qui doivent faire autorité dans l’Église sur la liste des saintes écritures. Mansi. ConciL, t. xi, col. 940. A partir de cette époque le canon est officiellement fixé pour toutes les églises. Si l’on rencontre encore des doutes au sujet de l’épître île Jacques, par exemple chez Cajétan et Érasme, ils portent plutôt sur son origine que sur sa valeur canonique. Cf. Cajétan, Epistolte Pauli et aliorum apostolorum ad Grtecam veritatem casligalæ, Lyon, 1556, p. 110 ; Érasme, Novum Testamentum grsece, Bàle, 1516, l’. 606. l.e concile de Sens, 1528, prescrivit de suivre pour la liste des livres canoniques l’usage reçu dans l’Église depuis le I II’concile de Cartilage et les décrets

d’Innocent l, r et de Gélase. Mansi. ConciL, t. xxxii, eol 1164. l.a liste des livres du Nouveau Testament donnée par le Concile de Trente à la tin du décret De canonicis Scriptufis, avait pour but de déterminer les livres inspirés, c’est-à-dire écrits sous l’influence du Saint-Esprit, non de définir les auteurs de ces livres, l.e décret mentionne Jacobi apostoli una (epistola). Cf. Theiner, Acta genuina concilii Tridentini, Zagrabiæ, 1874, t. i. p. Mi.

En résumé, nous trouvons l’épître de Jacques, en Orient, dans le canon d’Alexandrie dès la fin du second siècle, et dans celui de saint Éphrcm et de la Pescliitto, au cours du iv siècle. A cette époque, elle est largement répandue en Palestine et en Syrie ; malgré les doutes émis par quelques uns sur sou origine, elle est reçue dans la plupart des églises.