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FSA C L’ARMÉNIEN — [SA 11.

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calholicus Isaac, cujus in Armenos gentiles suos invectivam Combefisius eodem atque Narrationem volamine edidil. Pourquoi cette contr. diction ? Parce que Lequien avait observé depuis, qu’il était question, dans l’une et l’autre invective, col. 1189 et col. 1233, du synode de Manazkert, qui eut lieu en 726, donc un quart de siècle après le p.triarcat d’Isaac III. L’auteur de l’Oriens christianus aurait pu ajouter qu’il y est aussi fait mention du second concile de Nicée de 787, col. 1216, postérieur de tout un siècle au même Isaac III. Celui-ci doit donc, sans nul doute possible, être mis hors de caus —.

A. Ehrhard, dans K. Krumbacher, Geschichte der byzanlinischen Lilteratur, Munich, 1897, p. 89, fait vivre notre Isaac au xii’siècle, sans d’ailleurs en donner les raisons, et Fr. Tournebize, Histoire politique et religieuse de l’Arménie, Paris, 1900, p. 247, paraît du même avis qu’Ehrhard, tout en citant l’opinion de Lequien. A notre avis, c’est descendre trop bas, car Euthymius Zlgabenus, qui vivait sous Alexis I er Comnène (1081-1118). a c.rtainement pillé sans vergog ie les deux Invectives. Un auteur contemporain du même Alexis Comnène, Anastase de Césarée, va peut-être nous fournir le moyen d’éclaircir le mystère. Dans son intéressant opuscule sur les jeûnes, il dit ceci (nous ne citons que le latin) : Et adhuc in Invectiva quam Joannes melropolita Nicœa scripsilad catholicum magnæ Armeniæ contra jejunium Arlziburii, quod tanquam illegitimum evertil, ubi ait : Cum nec sancti apostoli, etc., P. G., t. cxxvii, col. 521, et il cite tout au long un passade de la première Invective, c. xiv, dans Combefis, Auctarium, t. ii, col. 372 ; P. G., t. cxxxii, col. 1200. Ainsi donc, pour Anastase de Césarée, l’auteur des Invectives n’est pas Isaac, mais Jean de Nicée. Faut-il voir dans cette nffirmation un lapsus mémorise, suivant l’expression de Cotelier dans sa note sur le passage cité ? Nous ne le pensons pas. Il est certain, comme il appert du début de la seconde Invective, que l’auteur n’était encore, quand il l’écrivait, que simple prêtre. Il a fort bien pu par la suite devenir évêque, mais il a dû, s’il a reçu l’épiscopat, changer de nom, suivant une coutume générale chez les grecs, et il a dû également, en change nt de nom, suivant un usage non moins sacré, retenir de son ancien nom la première lettre. Or, en grec, Isaac et Jean commencent effectivement par la même lettre. Et comme nous savons que Jean de Nicée était pour ainsi dire un spécialiste des affaires arméniennes, au point que le catholicos Zacharie (853-876) ne crut pouvoir mieux faire que de s’adresser à lui pour la solution de certaines dillicultés relatives aux divergences liturgiques entre les deux Églises, il est infiniment probable, sinon certain, que l’Isaac des deux Invectives et le Jean de Nicée de la lettre au catholicos Zacharie, P. G., t. xcvi, col. 1435-1450, sont un s ul et même personnage. Et comme il n’existe pas d’autre Zacharie susceptible d’avoir reçu par ille lettre d’un prélat grec en dehors du contemporain de Photius, c’est également à l’époque de Photius qu’il faudra placer l’existence de Jean de Nicée, et, par suite, du prêtre arménien converti Isaac. Pien, dans les documents en question, ne vient contredire cette hypothèse. Une chose certaine, c’est que Jean de Nicée étant cité par Nicon, l’auteur des Pandectes, qui vivait sous Constantin Ducas (10591067). d’après le prologue publié par Montfaueon, et même au rapport de Nicon lui-même, sous les empereurs Basile (976-1025) et Constantin (1025-1028), Lequien, Oriens christianus, 1. 1, p. 648, il est évident que l’existence de Jean doit être reportée au delà du règne de ces deux empereurs. Il y a plus. Démétrius de Cyzique, qui vivait sous le patriarche Alexis (1025-1043), a inséré dans son exposé des rreurs arméniennes la Sarrutiode rébus Armenise ; ce document est donc nécessairement antérieur à Démétrius. Rien ne s’opposerait dès lors à ce qu’il eût réellem nt pour auteur Jean de Nicée, et, par suite, le prêtre arménien Isaac, qui l’aurait écrit vers 840. Toutefois, la Narratio s’arrètant, dans la liste des patriarches arméniens, à Israël Otmsétzi (667-677) et à Isaac Tsoraporétzi (677-703), Il est probable qu’elle a dû être composée sous ces deux derniers prélats. Aussi ne pouvons-nous, en ce qui nous concerne, l’attribuer à Jean de Nicée. Par contre, et les deux Invectives et la lettre au catholicos Zacharie nous semblent provenir d’un auteur unique, arménien converti, du nom d’Isaac, qui devint, sous le nom épiscopal de Jean, métropolitain de Nicée et vivait à l’époque du catholicos Zach de (853-876). Cette hypothèse, que nous soumettons au jugement de la critique, cadre fort bi n avec tous les synchronismes et explique seule qu’un écrivain comme Anastase de Césarée ait pu attribuer à Jean de Nicée une œuvre que les manuscrits nous ont conservée sous le nom d’Isaac.

L. Petit.


5. ISAAC, théologien de l’ordre de Cîteaux, vécut au milieu du xiie siècle. Né en Angleterre, il y embrassa la vie religieuse sous la règle cistercienne et en 1147 passa en France où il devint abbé de l’Étoile au diocèse de Poitiers. On a de lui, P. L., t. cxciv col. 1683-1896, des sermons, au nombre de 54, une lettre sur la nature de l’âme, adressée à Alcher, moine de Clairvaux, qui, peu après, écrivit lui-même un traité De spiritu et anima ; et enfin une lettre assez courte à Jean de Bellême, évêque de Poitiers, commentaire mystique du canon de la messe. Dom Luc d’Achery, qui publia ce dernier récit, l’avait d’abord attribuée I aac, évêque de Langres ; plus tard il en reconnut pour auteur l’abbé de l’Étoile. Spicilegium, in-fol., Paris, 1723, t. i, p. 449. Un commentaire du Cantique des cantiques est demeuré inédit, ainsi que quelques autres ouvrages.

Wisch, Bibliothecascriiitorum S. ordinis cisterciensis, ln-8* Cologne, 1656, p. 225 ; B. Tissier, Bibliotheca Patrum cis terciensium, in-fol., Bonnefontaine, 1664, p. 1. ; GalUa christiana, in-fol., Paris, 1720, t. II. col. 1352 ; C. Oudin, Commentarius de scriptoribus ecclesiasticis, in-fol-, Leipzig, 1722, t. il. co !. 1485 ; Histoire littéraire de la France, in-4°, Paris, 1763, t. xii, p. 678 ; [dom François), Bibliothèque générale des écrivain de l’ordre de Saint-Benott, t. ii, p. 8 ; Fabricius. Bibliotheca lalina média : et in/imie latinitatis, in-8°, Florence, 1858, t. IV, p. 463 ; Kirchenlexikon, t. VI, col. 937 ; Franz, Die Messe imdeutschen Mittelaller, p. 438440 ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1906, t. ii, col. 155-156.

B. Heurtebize.


ISAIE Cette étude sur Isaïe comprendra trois parties. Dans la première (col. 14-17), nous recueillerons quelques renseignements sur la vie du prophète sur le milieu et l’époque de son ministère ; dans la seconde, (col. 17-16) nous indiquerons le contenu du livre et en examinerons l’authenticité ; dans la troisième, (col. 46-77) nous exposerons la doctrine théologique le du livre, en nous arrêtant spécialement aux importantes prophéties messianiques qu’il contient.

I. Le prophète Isaïe.

Isaïe est un des rares prophètes sur le compte desquels les livres historiques de l’Ancien Testament nous renseignent quelque peu. Le livre des Rois, IV Reg., xix-xx, raconte l’activité prophétique d’Isaïe, fils d’Amos, sous Ézéchias ; il nous dit comment le prophète releva le courage du roi et prédit l’échec de l’invasion assyrienne, comment il annonça sa guérison à Ézéchias malade et le réprimanda d’avoir reçu les envoyés du roi de Babylone. Le second livre des Paralipomènes, xxxii, passe presque sous silence cette intervention d’Isaïe sous le règne d’Ézéchias, et se contente de dire que le roi Ézéchias prophète Isaïe, fils d’Amos, prièrent Dieu avec iris tance d’écarter le péril assyrien, xxxii, 20. Par contre, d’après II Par., xxvi, 22, baie aurait écrit la vie d’Osias, et d’après xxxii, 32, le reste des actions d’Ézé