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[TURRIAGA EMMANUEL MARIAN DE — IYltESSE


officiers et les soldats qui l’arrêtaient par ordre royal. L’accueil paternel de Clément XIII. dont les protestations indignées n’avaient trouvé nul éeho dans les cours bourboniennes, le consola, et un vaste champ s’ouvrit bientôt à son activité dans plusieurs diocèses d’Italie, à Bologne, à Modène. a Venise, où l’appelaient les évêques pour la défense des intérêts religieux et de la saine doctrine.

Son premier soin fut de réfuter un ouvrage faussement attribué à I.anzerini. professeur de Bologne, et dénaturant la doctrine théologique sur l’attrition : Dominicus I.anzerinius… vindicatus saper allritione venialium ex metu purgalorii concepla. 1778. L’année suivante, à la demande de l’évêque de Bologne, Iturriaga soumet à un examen critique approfondi l’ouvrage du P. Pierre Paul Monaci, prêtre de la Mission, contenant, sous le pseudonyme de Lellio délia Yolpe. un recueil d’exercices de piété où de graves erreurs se mêlent à de vrais sentiments de piété : Esame crilico teologico che servira per fare un errata corrige ad un cerlo libro stampalo in Bolognia per Lelio dalla Yolpe ianno 1777, intitolato : Raccolla di rarj Esercijy di Pieta, Venise, 1779 ; 2e édit., ibid., 1781. Dans le recueil des œuvres du P. Iturriaga, cet ouvrage est suivi d’un supplément contenant les réponses aux objections faites par le P. Monaci. Un traité sur la sanctification des fêtes publié dans le même temps : Disserlazione leologico-morale intorno alla sanlificazione délie /este. Modène, 1780 ; 2e édit., iftid., 1783, souleva dans le monde ecclésiastique de Rome et d’Italie les plus vives discussions. L’archevêque de Bologne, égaré par des préjugés que rien n’avait pu vaincre, qualifiait ce livre de « tissu d’erreurs » (cf. R. Caballero, Bibliotheea scriplorum I. suppléments. Rome. 1814. t. i, p. 165), et l’avait dénoncé, non pas au tribunal du Saint-Office, mais à celui de l’Inquisition espagnole, en confiant l’affaire au confesseur du roi d’Espagne, Joachim de Osma, qu’on lui avait dépeint comme défavorable aux jésuites. Osma se contenta de soumettre l’ouvrage au jugement des maîtres de l’université d’Alcala et ceux-ci, loin de la condamner, approuvèrent la doctrine incriminée comme exactement conforme à l’enseignement de tous les catéchismes espagnols. D’éminents théologiens, comme le P. D. Fuersalida, avaient d’ailleurs pris avec un plein succès, à Bologne même et dans les diocèses voisins la défense de cet ouvrage. L’autorité du P. Iturriaga grandit encore de tout l’intérêt que suscita son traité sur la contrition : Disserlazione intorno al dolore necessario per il avalore, e per il jrullo <lel sacramento délia penitenza, Assise, 1780. Ce fut un coup sérieux porté aux doctrines jansénistes dans la péninsule. Les adversaires ne désarmaient point. Aux critiques renouvelées par l’auteur des Annali ecclesiastici de Florence, dans le fascicule du 16 janvier 1781, contre la morale d’Iturriaga. notamment contre sa doctrine de la sanctification des fêtes, le savant théologien, répondit victorieusement par sa Riposta ad un’amico sul dubbio de la sola santa missa sufpcienle a sanfificare la /esta, Bologne. 1781. Pendant quelques années, la polémique et la controverse s’imposeront à l’activité et au zèle de cet homme pacifique, mais dévoué corps et âme a la gloire de Dieu et au bien de l’Église. Il suffît de citer ici ses principaux ouvrages : Saggio di Riposta ail’aulore degli annali delli ecclesiastici, etc., A-s-use, 1782 ; Saggio di Riposta alla lettera di Adelfo Mnriodulo. etc. Venise, 1782.

Tandis que I incrédulité étendait ses ravages en France, en Espagne, en Portugal, en Autriche, la situation religieuse de l’Italie empirait de jour en jour. Le joséphisme s’implantait en I.ombardie et à Venise ; en Toscane, larchiduc Léopold patronnait

aveuglément le jansénisme, à l’instigation de Scipion Ricci et faisait triompher ses desseins au concile de Pistoie ; dans le royaume des Deux-Siciles, Caracciolo, en faisant profession de voltairianisme, continuait l’œuvre de Tanucci. L’infortuné Pie VI voyait la révolution battre de ses Ilots les portes de ses États et luttait avec une sainte énergie pour la défense de l’Église, soutenu par le zèle des jésuites qui trouvaient accueil auprès de lui et au premier rang desquels brillaient Muzzarelli, Zaccaria, l.azari et Iturriaga, le plus actif de tous. Contre le joséphisme, celui-ci mena vivement la lutte avec deux excellents ouvrages : Sul sistema délia tolleranza, lettera di Monsig. Yescovo di… indirizzata a Monsig. Lcopoldo Ab Hai Vescovo di Kônigsgratz. Assise, 1783, et Sul sistema délia tolleranza. giudizio apologeticoe nuova riposta di Don E. Iturriaga ali Esame crilico conlractorio dalo in luce dal Sig. Ab. Isacco Vanspenspeg, Rome, 1785. Le premier de ces ouvrages, traduit en allemand, eut en Autriche un grand retentissement. Pie VI loua publiquement le second et voulut exprimer lui-même ses remerciements à l’auteur. Cf. Giornale ecclesiastico di Roma, Il mars 1786, p. 147 sq. ; Esprit des journaux, mars 1788, p. 178-183.

Joseph II avait modifié de son propre chef la législation canonique sur le mariage et sur les droits des réguliers. Iturriaga intervint dans la lutte soulevée par ces mesures à Venise, en Lombardie et dans le royaume de Naples et démasqua les erreurs de Ricci et de ses partisans en Toscane par sa Lettera sulla cognizione dei regolari dalla giurisdizione de’Vescovi, e sulle cause matrimoniali. Assise, 1784. Contre les décisions du concile de Pistoie et spécialement contre les doctrines de Xctti, paraît, au premier plan des œuvres de controverse ou de polémique de cette époque si troublée : L’avvocato Pistoiense cilalo al’tribunale dell’aulorità, délia buona critica, e délia ragione. Ferrare, 1787, ouvrage vivement loué par Pie VI. Cf. Giornale eccles. di Roma, t. iii, p. 133-138.

D’autres écrits de moindre importance ont été recueillis dans ses œuvres : Opérette del M. R. sacerdote D. E. Mariano d’Iturriaga, 5. in-8°, Gênes, 1730. Il faut y joindre deux traités sur destjuestions de morale : De lege secreli dissertalio moralis, Sinigaglia, 1796 ; Dissertationes in morales quæstiones quas Fanensi clero dissolvendas proponebat E. Marianus de Iturriaga, 6 vol., Assise, 1794-1796. La plupart des évêques d’Italie recouraient dans les difficultés de doctrine à ce savant théologien, que les violentes secousses de la Révolution ne purent arracher à ses études ni aux travaux de son ministère auprès du clergé dans le diocèse de Fano. Ce fut pour lui un cruel supplice de perdre la vue sur la fin de ses jours. Retiré à Pesaro, il passait ses jours dans la méditation et la prière, et il eut la joie, avec tous ses frères, de voir la Compagnie de Jésus solennellement rétablie par Pie VII, le 7 août 1814, reprendre ses œuvres de zèle, ses collèges et ses missions sur tous les points de l’univers, et il mourut à Fano, le 31 août 1819, en chantant, comme Siméon, son Nunc dimittis. Jusqu’au dernier jour, il avait été le conseil éclairé, dans les cas difficiles, de l’épiscopat italien.

Sommervogel. Bibliothèque de la Cl* de Jésus, t. iv, col. 689-694 ; Jlurter, Nomenclator, 3e édit., 1911, t. v, col. 820 sq. ; Caballero, Bibliothecæ scriplorum S. 1. supplementa, Rome, 1814, t. i, p. fti."> sq. : Beristaio y Souza, Ensayo polilico sobn- /< Nueva Espatla, t. ii, p. 125 ; Crétineau-Joly, Histoire de la C" dr Jisus. t. V, >- 358 ; J. Cernltori, Biblioteca polemica degli scrittor I 793, p. 77.

! ’Bernard.

    1. ÎVRESSE##


ÎVRESSE. — I. Définition et divisions. IL Culpabilité III. Cas pratiques. [V. Dei maux commis durant l’ivresse.