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IMPOSITION DES MAINS

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qui persistent dans beaucoup d’esprits. Malgré la fermeté du principe, qu’il ne saurait y avoir de rémission du péché hors de l’Église, Serm., lxxi, 17, 28 ; 20, 33, P. L., t. xxxviii, col. 460, 463, etc., saint Augustin accepte d’argumenter contre les donatistes dans l’hypothèse que leur baptême l’ait réellement procurée. Mais ce sur quoi il n’hésite pas, c’est que leur baptisé, lorsqu’il passe à l’Église catholique, n’ait encore à l’obtenir quand même.

Peu lui importe, en effet, l’explication à adopter ; que le péché, malgré la validité du baptême, n’ait pas été remis de fait, ou qu’il ait été remis vraiment, mais en passant seulement, l’obstination hérétique l’ayant ensuite fait revivre, toujours est-il que le converti arrive à l’Église chargé de ses fautes. C’est la thèse des c. XI à xiii du De bapiismo, P. L., t. xliii, col. 118121, résumée au c. ii du 1. III. Son cas est le même que celui de ces nombreux firti, qui reçoivent le baptême dans la véritable Église, mais à qui leurs dispositions réelles ne permettent pas d’obtenir le pardon de leurs fautes. Ils en restent chargés jusqu’au jour où une confession sincère met fin à leur duplicité : c’est alors, par suite de cette correction sainte et de cette confession sincère, qu’ils sont réellement purifiés. Ainsi en est-il aussi pour le baptisé de l’hérésie. Tant que, par son obstination dans l’erreur, il reste l’ennemi de la charité et de la paix du Christ, ses péchés sont à remettre. Mais quand il se réconcilie avec l’Église et en reçoit la paix, son entrée dans l’unité fait que le sacrement, demeuré jusque-là inefficace, produit en lui la rémission du péché. De baplismo, I, 12, 18, P. L-, t. xLHi, col. 119. La persistance du péché, voilà donc, quelle que soit la théorie admise sur l’action du baptême hérétique à l’égard des péchés antérieurs, ce qui fait inviter ceux qui l’ont reçu à venir à l’unité de l’Église : il leur reste à recevoir d’elle le remède de la charité et de la paix : Siue pcrmanserint in cis peccata, sive cantinuo dimissa redierini, ul ad sanilalem pacis atque charitatis venianl adhortamur. De baplismo, i, 13, 21, ibid., col. 121. S’il n’y a pas eu de rémission du tout, la conversion est indispensable pour l’obtenir. Ibid., iii, 13, 18. Si elle a été réelle, mais transitoire, la nécessité reste quand même de venir à la paix catholique, car il reste, en sortant du schisme ou de l’hérésie, à obtenir la purification des péchés, qui ont reparu par suite de l’absence de la charité.

Aussi saint Augustin entend-il bien que les convertis de l’hérésie se considèrent comme des pénitents. L’Église ne leur impose pas le long et humiliant régime de la pénitence publique auquel elle astreint ceux d’entre eux qui lui avaient d’abord appartenu : Aliter Iraclal illos qui eam deserunt, si hoc ipsum pœnii’endo coniyant, aliler illos qui in ea nondiim juerunt et tanc primum ejus paccm accipiunt ; illos amplius humiliando, isios lenius suscipicndo. Elle réserve pour les apostats qui reviennent sa plus grande sévérité : Nec illud sine distinclione præterimus, ut humiliorem ayant pieniientiam qui jam fidèles Ecclesiam deserucrunt quant qui in illa nnndum fuerunt. De unico baplismo contra Pelilianum, xii, 20, P. L., t. xuii, col. 605. Cependant il n’y a là qu’une différence de degré et au donatisle qui, jouant sur le mot de pénitence et le prenant au sens étroit de ce que nous avons appelé depuis la pénitence publique, chicane là-de sus et demande pourquoi, si on te tient pour coupable, on ne la lui impose pas : Quare crgo me… non bapti : as ul abluas a peccalis ?… Quare apud te vel pamilenliam non ago ? saint Augustin répond très catégoriquement qu’elle lui est indispensable : Imo, nisi egeris, salvus esse non poteris ; quomodo enim gaudebis le esse correclum, nisi doleas fuisse perversum ! Epist., clxxxv, 10, 43, P. L., t. xxxui, col. 811. Et sa réponse est si bien comprise

d’une pénitence non seulement intérieure, mais aussi rituelle et au for externe, qu’elle provoque aussitôt la question sur les irrégularités qui devraient en résulter normalement. Pourquoi cette pénitence n’entraînet-elle pas la déchéance des clercs ? Quomodo post islam pœnilentiam apud vos clerici vel eliam episcopi permanemus ? Ibid., col. 812. L’évêque d’Hippone répond que cette loi commune, l’Église l’a adoucie aussi en faveur des donatistes, et le fait même de l’exception ainsi justifiée achève de montrer jusqu’à quel point la réconciliation des hérétiques est assimilée par lui à celle des pénitents.

Or, et c’est ici qu’apparaît la contre-épreuve, saint Augustin dit tout aussi nettement qu’on impose les mains à ces hérétiques pour leur donner le Saint-Esprit. Sa parole, qu’il est classique de citer à l’appui du caractère pénitentiel de leur réconciliation, est immédiatement suivie d’une autre qui lui assigne le don du Saint-Esprit comme but propre et direct : Manus impositio, si non adhiberetur ab hasresi venienti, tanquam extra omnem culpam esse judicaretur. Propier charitatis autem copulationem, quod est maximum donum Spiritus Sancti, manus hæreticis correclis imponitur. De baplismo, v, 23, 33, P. L., t. xLm, col. 193. Et, il ne faut pas s’y méprendre, cette union de la charité, qui est le plus grand bienfait du Saint-Esprit, en est cependant le premier degré. Car, s’il est Tai que perfecta charitas perfeclum est donum Spiritus Sancti, cependant prius est illud quod ad remissionem pertinel peccalorum, Sfr7n., Lxxi, 12, 19, P.L., t. xxxviii, col. 455 ; or, on ne saurait avoir part à ce premier degré de la charité que par l’union à l’Église : Charitas quæ cooperit multitudinem peccalorum, pvoprium donum est catholicæ unitatis et pacis… De baplismo, ra, 16, 21, P. L., t. XLHi, col. 139. Elle est répandue dans les âmes par le Saint-Esprit, Serm., lxxi, 12, 18, mais on ne saurait y avoir part hors de l’Église : Non habent Dei charitalem qui Ecclesiie non diligunt unilatem, et c’est pourquoi, tant qu’ils n’étaient pas dans l’Église, les hérétiques ne sauraient être considérés comme ayant reçu le Saint-Esprit : ac per hoc intelligitur non accipi nisi in Ecclesia catholica Spiritus Sanctus. De baplismo, iii, 16, 21, P. L., t. xon, col. 148. Extra hoc corpus [Christi, quod est Ecclesia], neminem vivificat Spiritus Sanctus. De correctione contra donatistas, II, 50, P. L., t. xxxiii, col. 815. Tant qu’ils demeuraient étrangers à l’Église, ils demeuraient, tout aussi bien que les ficti qui sont dans l’Église, étrangers au Saint-Esprit, non habent itaque Spiritum Sanctum qui sunt extra Ecclesiam… Sed nec ille eum percipit, qui ficlus est in Ecclesia, ibid. ; cf. Serm.,

n, 11, 13 ; lxxi, 18,

30 ; en sorte que, n’y ayant pas de rémission des péchés en dehors du Saint-Esprit, et cette rémission ne pouvant donc être obtenue que dans l’Église, qui a le Saint-Esprit, Serm., lxxi, P. L., t. xxxviii, col. 463, malgré la validité de leur baptême, hérétiques et schismatiques se trouvent di pourvus du Saint-Esprit, Serm.. ccLxix, 2, 4, ibid., col. 1235, 1237, et c’est pour le leur donner qu’on les invite à s’unir à l’Église : Habelis ùaptismum Christi, venite ut habeatis Spiritum Chrisii. Ibid., 3, col. 1236. Ventant, … accepturi Spiritum Sanctum, quem habere non possuni, quandiu sunt hosles unitatis. Serm., viii, 11, 13, ibid., col. 73. Mais la charité que le Saint-Esprit répandra dans leur âme est celle qui couvre la multitude des péchés et fait passer de l’état d’injustice à l’état de justice : Qua-rimus vos injustos, ne permaneatis injusti, quærimus perditos ut de inventis gaudere possimus… Non quidem accipilis baptismum, qui vobis extra compagem corporis Christi inesse potuil, prodesse non poluil ; sed accipilis unilatem Spiritus in vinculo pacis… et charitalem quæ, sicut scriplum est, cooperit multitudinem peccalorum. De correctione donalisl., 10, 43, P. L.,