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IRENEE (SAINT

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c. xxviii, n. 6, col. 808 (Marc, xiii, 32) ; le Verbe et le Saint-Esprit sont dits ministres du Père qui conunande dans la création, t. IV, c. vii, n. 4, col. 993, etc. Cf. Ginoulhiac, Histoire du dogme catholique pendant les trois premiers siècles de l'Église, 2e édit., Paris, 1866, t. ii, p. 270-291. Telle ou t. Ile formule d’Irénée a pu être perfectionnée ultérieurement ; mais, en somme, quand il ne se borne à répéter les expressions des Évangiles et de saint Paul, le contexte montre qu’il pense conformément h l’orthodoxie catholique. Le subcrdinatianisme qu’il admet, c’est ou le subordinatianisme qui est réel s’il s’agit du Verbe incarné considéré en tant qu’homme, du Christ « qui, étant le Verbe du Père, était auprès du Père, et qui s’est fait homme et a subi la condition de l’humaine naissance, » Dem., c. LU, p. 699, ou un subordinatianisme nominal qui est inévitable dès que l’on envisage le Père comme source de la Trinité, et qui, tenant à l’indigence de nos pauvres mots incapables d’exprimer l’ineffable, est légitime pourvu qu’il n’entraîne pas l’infériorité de l’une ou l’autre personne et laisse intacte la parfaite possession par chacune d’elles de la nature divine. Au Saint-Esprit pareillement Irénée attribue la personnalité et la consubstantialite divines. Voir t. v, col. 702-704. Ici la terminologie irénéinne pourrait prêter à des confusions qu’il importe d'éviter. Alors que la plupart des Pères ont identifié la Sagesse des Livres sapientiaux avec le Verbe, Irénée, après Théophile d’Antioclic, Ad Autoli/cum, t. I, c. vii, P. G., t. VI, col. 1036, l’identifie non avec la deuxième, mais avec la troisième personne de la Trinité. En soi la chose est explicable, car toute la Trinité n’est pas affirmée dans les textes sapientiaux : " seule la Sagesse se distingue de Dieu, et encore n’a-t-elle point tout le relief d’une per'-onnalité vivante ; l’Esprit ii ? s’en distingue pas plus que le Logos. » J. I^ebreton, Les origines du dogme de la Trinité', p. 1 18. Quand il appelle le Saint Esprit Sagesse, t. II, c. xxx, n. 9 ; t. IV, c. viii, n. 4 ; c.xx, n. 1, 3, col. 822, 993, 1032, 1033 ; Dcm., c. x, p. 667, Irénée, loin d’entendre que le Verbe et le Saint-Esprit soient une personne unique, marque nettement leur distinction : Vcrbum, id est Filius, semper cum Pâtre erat… Et Sapientia, quæ est Spiritus, erat apud euni ante omnem constitutionem. La confusion pourrait provenir encore de ce qu’il arrive à Irénée d’appeler le Fils de Dieu Esprit, t. III, c. x, n. 2, col. 874-875, disant que et salus et Salvator et salutare vere et dicitur et est… ; est enim Saluator quidem quoniam Filius et Verbum Dei, salutare autem quoniam Spiritus, « spiritus enim, inquil, faciei nostrse Christus Dominus, » salus autem quoniam caro. Cf. Dem., c. lxxi, p. 713. Irénce est influencé par la traduction défectueuse du verset des Lamentations, iv, 20, qu’il cite. D’autres qu' Irénée ont appelé Esprit le Fils de Dieu incarné. Cf. L. Tonetti, L’anima di Cristo nella teologia del Nuovo Testamentoe dei Padri, 1, Anima, spirito e dioinità, dans la Rivista storico-critica délie scienzc teologiche, Rome, 1909, t. v, p. 102-103. Quoi qu’il faille penser de la correction théologique de leur langage, en ce qui regarde Irénée, tout se réduit à une indécision fâcheuse de ternainologie ; le fond de son enseignement n’en est pas atteint, et la distinction entre le Verbe et l’Esprit Saint éclate tout le long de son œuvre. C’est à tort également qu’on a conclu la négation de la personnalité du Saint-Esprit de la formule : In Cliristi nominesubauditur qui unxit, et ipse qui unelus est, et ipsa unclio in qua unctus est. Et unxit quidem Pater, unctus est vero Filius in Spiritu, qui est unctio. L. III, c. xviii, n. 3 ; cf. c. ix, n. 3, col. 871-872, 934 ; Dem., c. XLvni, lii, p. 695-696, 700. Bien des Pères dont l’orthodoxie est sûre ont employé cette formule. Ailleurs, t. III, c. vi, n. 2, col. 860-861, Irénée lui-même s’exprime de la sorte ; Utrosque enim Dei appellatione

signavit Spiritus, et eum qui ungitur Filium, et eum quiungit, id est Patrem. Le Saint-Esprit est donc distinct du Père et du Fils. Cꝟ. t. IV, c. xxxiii, n. 15, col. 1083^ Ex quo (Spiritu Dei) qui credunt Deo et sequuntur Verbum ejus percipiunt eam quæ est ab eo salutem ; Dem., c. LUI, p. 700, « il (le Christ) a été oint par Dieu et par l’Esprit de son Père. »

Irénée ne traite pas ex pro/esso des processions divines. Elles sont insinuées ou sous-entendues dans les textes qui nomment, ' d’abord, le Père incréé, inengendré, non fait, infeclum, Dem., c. v, vi, p. 663-664 ; Cont. hier., t. III, c. VIII, n. 3, col. 868 ; puis, le Verbe, son Fils, Fils unique, engendré, non fait, coéternel, t. I, c. ix, n. 2-3 ; t. II, c. xxv, n. 3 ; t. III, c. xvi, n. 9, col. 540541, 799, 929, etc. ; enfin, le Saint-Esprit, Esprit unique, également coéternel. Cet ordre est invariable, et jamais le Saint-Esprit n’est dit engendré : unus Deus Pater, et unum Verbum Filius, et unus Spiritus. L. IV, c. vi, n. 7, col. 990. Un passage difficile de Dem., c. xxvi, pourrait peut-être s’entendre du Saint-Esprit, « doigt de Dieu, » qui « procède du Père ». Cf. la traduction allemande de K. Ter-Mekersttchian et E. Ter-Minassiantz, Des heil. Irenaus Schrijt zum Erweise der apostoli.ichen Verkùndigung, Leipzig, 1907, p. 15, et la traduction anglaise de "Wilson, P. 0., t. xii, p. 679-680. Le traducteur français, J. Barthoulot, ibid., p. 769, note, pense que cette traduction n’est pas justifiée par le contexte, et traduit obscurément : « Par le doigt de Dieu il faut entendre ce qui est étendu par le Père dans le Saint-Esprit. » Un texte, Cont. Iiter., t. IV, c. vii, n. 4, col. 993, où il est dit que Dieu n’avait pas besoin, pour créer, du ministère des anges, car il avait copiosum et inenarrabile ministerium, ministral enim ei ad omnia sua progenies et figuratio sua, id est Filius et Spiritus Sanctus, devrait se lire très probablement : et figuratio eius, et signifierait que le Verbe est le Fils du Père et le Saint-Esprit l’image du Fils. Cf. Massuet, note à ce texte, et Dissert., 111, a. 5, n. 59, col. 308. On a rapporté aux processions divines les textes sur l’onction que le Père fait du Fils dans le Saint-Esprit ; Irénée les entend du Fils de Dieu incarné, Filius Dei filius hominis factus, col. 934, et, col. 871 ; Secundum id quod Verbum Dei homo erat…, ungebatur ad cvangelizandum.

4. Les œunres de la Trinité '^ad extra » et les missions divines. — « Dieu a tout fait par lui-même, c’est-à-dire par le Verbe et sa Sagesse (le Saint-Esprit). » L. II, c. xxx, n. 9, col. S22. Cette phrase exprime énergiquement l’unité de nature danslatrinité des personnes, « le Verbe et le Saint-Esprit sont ce qu’est le Père même ; et cependant les personnes ne sont pas confondues, puisque l’une agit par les autres. » T. de Régnon, Études de théologie positive sur la sainte Trinité, t. i, p. 350. Dieu a tout fait par le Verbe qui est sa main, par le Verbe et le Saint-Esprit qui sont ses mains. L. I, c. XXII, n. 1 ; t. II, c. xxx, n. 9 ; t. III, c. xxii, n. 1 ; t. IV, præf., n. 4 ; c. xx, n. 1, 4 ; c. xxxii, n. 1 ; t. V, c. I, n.3 ; c. vi, n. 1 ; c. xv, n. 2 ; c. xvi, n. 1 ; c. xxviii, n. 4, col. 009, 822, 956, 975, 1032, 1034, 1070-1071, 1123, 1137, 1165, 1167, 1200. T. de Régnon, op. cit., t. i, p.S350-353, a mis en lumière cette théorie de la criation, commune à Irénée et à beaucoup de Pères grecs. I II semble que le rôle du Père soit de commander, dans ce sens qu’il est la source d’où part l'ébranlement créateur. Quant aux deux personnes procédantes, elles obéissent, dans ce sens qu’elles exécutent, qu’elles eflectuent, qu’elles accomplissent ; car elles sont les deux mains du Père. Mais, de plus, il semble que l’on distingue le rôle de chacune de ses mains, et que, dans l’exécution de l’ordre paternel, chaque personne conserve le caractère de sa procession distincte. » Le Fils est, par sa génération, l’expansion du Père ; il est celui par qui le Père a établi toutes choses, l’ar-