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INTERPRETATION DE L’ECRITURE — INTERSTICES

expliquant d’une manière plus claire aux fidèles, d’une manière plus ingénieuse aux savants, soit en les défendant mieux contre les adversaires… Sa mission est d’employer toutes les ressources de sa science à montrer que, d’après les lois d’une saine herméneutique, cette interprétation est la seule qui convienne au texte sacré. » Eue. Providenlissinms, dans Denzinger-Bannwart, n. 1942 et Cavallera, n. 72-73.

S’il est vrai qu’« il est peu de pages plus honorables… que l’intervention du magistère de l’Église en matière d’interprétation biblique », Lagrange, La mélhode historique, ]). 13-14, il appartient à ses serviteurs d’en prolonger le bienfait en suivant ses enseignements et se pénétrant de son esprit.

I. Sources générales.

Cette question intéresse à la fois les théologiens et les exégètes. On la trouve étudiée :

1° Dans toutes les Introductions à l’Écriture Sainte. La plus substantielle reste encore celle de Cornely, Historica et critica Iiitroductio in U. T. libros sacros, I : Introdiiclio gencralis, Paris, Lethielleux, nouvelle édition, 1894. — 2° Dans tous les traités De locptheologicis. Le plus important est Franzelin, Tractalus de divina traditione et Scriptura, 3’édition, Rome, 1882, dont les conclusions sont passées dans Bainvel, De magisterio vivo et traditione, Paris, 1905 et De Scriptura sacra, Paris, 1910. — 3° Dans les commentaires consacrés ex professa à l’étude des documents ecclésiastiques. Les plus importants sont : acant. Études tbéologiqiies sur les Constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895 ; Th. Granderatli, Constitutiones dognialicæ Concilii vaticani, Fribourgen-Brisgau, 1892 ; J. Didiot, Traité de la sainte Écriture d’après Sa Sainteté Léon Xlll, Paris, 1894.

II. Monographies.

F. Moirat, Notion augustinienne de V herméneutique (thèse), Clermont-Ferrand, 1906 ; Corluy, L’interprétation de la sainte Écriture, dans La Controverse, juillet 1885 ; J.-B. Nisius, S..1., Kirchliche Lehrgewall und Scliriftauslegung, dans Zeitschrift fiîr katliolische Théologie, 1899, avec analyse et mise au point de toute la littérature antérieure. Cet article est résumé et commenté par le P. Lagrange, L’interprétation de la sainte Écriture par l’Église, dans la Revue biblique, 1900, t. ix, p. 1, 35-142, critiqué par Dessailly, La science catholique, 1900, t. xiv, p. 385-400, 497-512. Voir encore Lagrange, La méthode historique, Paris, 1903 et Bonaccorsi, L’interpretazione délia Scritlura, dans Questioni 6 ; bh’c/ie, Bologne 1904.

Les encyclopédies récentes donnent l’état actuel des opinions, et la bibliograpliie détachée du sujet. Kihn, art. Hermeneutik, dans Kirchenlexicon, t. v, col. 1844-1875 ; Mangenot, art. Herméneutique, dans Vigouroux, Z)ic(io ; i/ ! ai>e de la Bible, t. iii, col. 612-633 ; Alfred Durand, ait. Critique biblique et Exégèse, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t. i, col. 760-819 et 1811-1841.

E. Mangenot et J. Rivière.


INTERSTICES. On entend pai— interstices les délais que l’Église prescrit d’observer entre la réception des différents ordres. Nous étudierons I. la loi des interstices ; IL les raisons de cette loi ; IIL les Ndispenses qui en peuvent être données.

L La loi pes interstices. — 1° Avant les Décrétâtes. — 1. Formation de la loi. — La loi des inter.iiiccs a ses racines premières dans les conseils de saint Paul à Timothée. Quand 1’: pôtre ordonnait à son disciple de ne pas choisir pour évèciuc un néophyte, ou quand il lui recommandait la circonspection avant d’imposer les mains à quelqu’un, I Tim., iii, 6 ; v, 22, il posait le principe duquel devait sortir ce point de discipline. Pour éprouver le futur chef, on jugea vite nécessaire d’imposer des délais pendant lesquels il aurait le temps de donner sa mesure dans les degrés inférieurs de la hiérarchie avant d’être admis aux degrés jilus élevés ; or toute la loi des interstices se résume en cette épreuve.

La première prescription concernant les interstices a été formulée par le concile de Sardique, en 343 ou 344. Le canon 10, ordonne de faire passer par les diverses fonctions de lecteur, de diacre et de prêtre celui qui, de laïque, est demandé pour être évêque. 11 faut qu’il monte au sommet de la hiérarchie en

passant par les degrés préliminaires, ù’il en est digne.

« Il lui faut rester assez longtemps dans chacun de ces

degrés, pour que l’on puisse être fixé sur sa foi, sur ses mœurs, sur son caractère et sur son talent et pour qu’il soit honoré de la plus haute dignité après avoir été jugé digne du sacerdoce. Car il n’est ni convenable, ni prudent, ni de bonne administration de procéder d’une manière hai’die et légère et d’installer trop facilement un évêque, un prêtre ou un diacre. Il pourrait être comparé k un néophyte, et on sait que saint Paul, l’apôtre des nations, a fortement insisté pour que l’on évitât de pareils choix. Une épreuve durable fera connaître les habitudes et les mœurs de chacun. » Hcfele, Histoire des conciles, trad. Lcclercq, t. i, p. 791.

Le principe ainsi posé ne semble pas avoir été discuté, tant il était sage et en harmonie avec les recommandations de l’apôtre. Mais quand on voulut donner des réglementations de détails, il fut plus difficile d’arriver à une pratique uniforme et constante.

Le pape saint Sirice, 384-399, exposant divers points de discipline à Himerius, évêque de Tarragone, établit ainsi les délais entre les ordinations : « S’il s’agit d’un homme qui a été, dès son enfance, voué au service de l’Église, il faut, avant l’âge de puberté, lui donner 1& baptême et l’admettre parmi les lecteurs ; à l’âge de trente ans, s’il en est digne, il devra être acolyte et sous-diacre ; puis après un temps d’épreuve, il sera ordonné diacre ; si, pendant cincj ans, il s’est bien acquitté de ses fonctions, il recevra la prêtrise ; et enfin après un nouveau délai de dix ans, s’il a montré pendant ce temps l’intégrité de sa vie et de sa foi, il pourra être élevé à l’épiscopat. La règle est un peu différente s’il s’agit d’un homme qui se destine sur le tard à la sainte milice : aussitôt après son baptême, on le mettra au nombre des lecteurs ou des exorcistes ; après deux ans, il sera fait acolyte et sous-diacre ; il restera cinq ans dans ces fonctions ; après quoi, il pourra être élevé au diaconat et ensuite plus haut, en observant les délais précédemment indiqués. » Epist., i, 9, 10, P. L., t. xiii, col. 1142, 1143.

La même distinction et des prescriptions analogues se retrouvent dans une lettre du pape Zozime, 417-418. Après avoir rappelé avec force les motifs de la loi qui ordonne de garder les interstices, il prend les décisions suivantes. Celui qui dès son enfance est destiné au ministère ecclésiastique, restera au nombre des lecteurs jusqu’à l’âge de vingt ans ; si au contraire il s’agit d’un homme qui s’y destine à un âge déjà mûr, on le placera tout de suite après son baptême parmi les lecteurs ou les exorcistes. A partir de ce moment, il semble que les progrès tie l’un et de l’autre dans la hiérarchie, doivent suivre une marche semblable : ils resteront lecteurs ou exorcistes pendant cinq ans, puis pendant quatre ans acolytes ou sous-diacres : on pourra alors les admettre à la bénédiction du diaconat, s’ils en sont dignes ; et si, pendant cinq ans, ils ont accompli sans reproches les fonctions de diacre, ils pourront être promus au sacerdoce et même, s’ils remplissent les conditions voulues, espérer le pontificat suprême, c’est à-dire l’épiscopat. Epist., ix, 3, P. L., t. xx, col. 672673.

Une discipline aussi rigoureuse devait cependant présenter des inconvénients de plus d’une sorte et il fallait y apporter de temps à autre des adoucissements. Nous en avons un exemple dans une lettre de saint Gélase, 492-496, aux évêques de Lucanie, du Brutium et de Sicile. Le pape constate les ravages causés par la guerre et la famine en Italie. Devant les difficultés du recrutement sacerdotal, il décide de tempérer pour un temps les prescriptions sur les interstices. En attendant que l’on puisse revenir à la sévérité des canons, il fait une exception en faveur des moines qui voudraient recevoir les ordres. S’ils rem-