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INSPIRATION DE L’ECRITURE


lui qui, en cette vie, a vu l’essence divine. Mais, si les degrés de la prophétie dépendent de la clarté reçue, David, sous ce rapport, a été supérieur même à ISIoïse, puisqu’il a annoncé plus clairement un plus grand nombre de mystères du Christ. Du reste, la vision de Dieu, qui exclut l’acte de prophétiser, n’est pas une prophétie, et ainsi Moïse n’est pas supérieur à David, car il a reçu le rayon de la lumière divine sans signes sensibles, tandis que Moïse ne l’a pas reçu aussi souvent ni si communément. Super Psallerium, præf.

Le Saint-Esprit a été aussi l’agent principal du ps. XLiv, lui qui remplissait de sa plénitude le cœur du prophète qui chanta ce can’tique. Il était ce scribe rapide, qui, pour enseigner, n’a besoin d’aucun intervalle de temps. In ps. XLIV. Les livres sapientiaux ont eu aussi une double cause efficiente : l’une, principale, qui est Dieu révélant la sagesse contenue dans ces livres, l’autre, instrumentale, Salomon lui-même, qui eut cette sagesse divinement infuse et l'écrivit, sous la dictée du Saint-Esprit, dans les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique. Super libros Salomonis, præf.

Nicolas de Lyre insinue seulement l’inspiration des évangélistes, quand il dit que saint Matthieu fut le premier, qui fut dnnné par Dieu pour écrire l'Évangile en vue de l’instruction de tous les fidèles. Expositio in 7°™ prologum ISlallhsei evangelistæ. Il affirme celle de saint Paul en ces termes : Licet Pendus fuit scriptor hujus doctrinœ…, hoc iamen fuil ministerialiter ; Christus autem principaliier. Le Christ la lui révélait et la lui dictait ; Paul aurait donc à dire du Christ ce que Baruch disait de Jérémie : Ex ore suo loquebatur ad me quasi legens in libro, distincte et aperie mihi revelando, et ego scribebam secundum ejus revelationem in valumine atramenio. In Epist. beati Pauli, proœm. L’Apocalypse est un livre prophétique comme ceux de l’Ancien Testament. In Apoc, prsef.

Selon l’enseignement de Durand de Saint-Pourçain, Dieu nous a révélé sur lui-même, dans la sainte Écriture, beaucoup de choses que nous n’aurions pas pu connaître par la raison, et aussi d’autres vérités qui nous portent à faire notre salut. La première excellence de l'Écriture, qui lui fait surpasser toutts les autres sciences, en hauteur, en dignité et en autorité, vient de son origine, puisqu’elle a été inspirée immédiatement par Dieu ; elle est une vraie émanation de la clarté de Dieu. In IV Sent, præf.

Gilles de Rome déclare que, quoique toute vérité vienne de Dieu, speciuliter tamen veritas tradita ; n Scriptura sacra dicitur esse a Deo sive a Spiritu Sancto, quia hujus veritalem non possumus investigare per naturalem causam, sed oportet ut iiabeamus eam per divinam inspirationem… Ideo bene dictum est, quod totius Scripturæ sacræ quæ divinæ inspirationi innititur, Deus creator omnium est causa efjiciens principalis. In IV Sent., t. I, prol.

Richard Fitzralph, archevêque d’Armagh, dit que dans tout écrit, il faut rechercher le sens de l’auteur. C’est pourquoi, dans l'Écriture, il recherche le sens, quem Scripturæ conditor sive auctor, non dico scriptor, intellegil, quia forte auctor ipse non scripsit, sed alius ab ipso instructus, qui forte non omnia sic intcllexit ut auctor sive editor, sicut habes, quod Baruch scripsit ex ore Jeremiæ omnes sermones Domini. Summa de quæstionibus Armenorum, I. I, 1. Les prophètes qui reproduisent les paroles de Dieu, en disant : Dominus dixit, ne sont pas les auteurs de leurs prophéties ; ils affirment seulement que Dieu a parlé. C’est Dieu qui en est l’auteur, puisque c’est lui qui affirme et qui compose ; le prophète n’est que son notaire pour écrire. Ibid., 1. 1, 3. Toute l'Écriture prophétique, affirmée par un prophète, est aussi inspirée par le Saint-Esprit et affirmée par lui. Le sens littéral et histo rique de l'Écriture est donc celui de l’auteur immédiat, mais c’est aussi le sens du prophète, qui ne fut que Vassertor ou Veditor de l'Écriture, et c’est le même que celui qu’a eu le Saint-Esprit, l’auteur premier de la prophétie. Ibid., t. I, 4.

En passant à la solution des difficultés, qu’on peut soulever contre chacun des livres de l'Écriture, Richard répond à celui qui l’interroge : Tibi curandum non est quis homo libri cujusquam auctor fuerit, dum tamen constet Dcum istius libri esse auctorem, quoniam sic libri auctoritas quam scire satagis claret. Par suite, il prouve l’inspiration de l’Ancien Testament par le Nouveau et par la foi des juifs, ibid., t. XVIII, 1-6, et celle du Nouveau par la doctrine de l'Église, 8. Les variantes et les fautes des versions de l'Écriture n’empêchent pas de croire à l’infaillibilité et à la vérité de l'Écriture primitive, en vertu de la foi qua creditur Spiritum Sanctum locutum fuisse per prophelas et per Christi apostolos atque discipulos, qui etiam erant prophétie. Ibid., t. XIX, 19. Richard d’Armagh confond donc encore l’inspiration avec la révélation.

3° Théologiens et exégètes du xv<e siècle. — Dans son Epistola ad novos Hebrœos, voulant déterminer quel est le sens littéral de l'Écriture, Pierre d’Ailly, encore simple bachelier, dit que c’est celui que l’auteur avait dans l’esprit. Mais, avec Richard d’Armagh, il distingue d’abord l’auteur ouconditor du scriptor, en citant l’exemple de Baruch ; puis il signale trois significations du mot auctor, suivant la manière commune de parler. L’auteur d’un écrit est ou bien son editor seu compilator, ou bien son assertor, ou bien Veditor et Vassertor à la fois. Mais la seconde signification, cjuoique usitée, est très impropre, car il en résulterait que Moïse, les évangélistes et tous les compilateurs des Livres saints, en assurant seulement que les paroles qu’ils rapportent ont été dites, diraient des mensonges, comme si Moïse était l’auteur responsable de la parole du serpent à Eve : Ncque moriemini. Moïse n’est que Vassertor que cette parole a été prononcée. De même, Isaïe, Jérémie, Osée et tous les prophètes, qui rapportent les paroles de Dieu, n’en sont pas les auteurs ni les asseriores de leurs prophéties ; ils assurent seulement que Dieu a prononcé ces paroles. Talis autem Scriptune Deus auctor est qui ilUmi asserit et composuit, et propheta non est nisi notarius Dei in scribendo. Les prophètes ne sont donc pas responsables des mensonges et des erreurs qu’ils rapportent avoir été dits. Toutefois un fidèle doit savoir que toute parole dite par le prophète, en tant que notaire de Dieu, est vraie. Epistola ad novos Hebrœos, c ii, dans L. Salembier, Une page inédite de l’histoire de la Vulgate, Amiens, 1890, p. 19-22.

Pierre d’Ailly tient l’autorité de l'Évangile ou de l'Écriture sainte, bien que celle-ci ait été écrite et promulguée par des hommes, non comme humaine, mais comme divine, parce qu’elle a été inspirée par Dieu. Il en dit autant de celle de l'Église chrétienne, qui est divine et non humaine. Toutefois il place celle de l'Écriture au-dessus de celle de l'Église, et bien que toutes les Écritures canoniques aient été révélées par la même autorité infaillible, c’est-à-dire par Dieu, il établit entre elles une différence d’autorité. En effet, quoique l’Ancien et le Nouveau Testament soient principaliter du même auteur, Dieu, le Nouveau a cependant chez les catholiques plus d’autorité que l’Ancien, parce que, tout en tenant les deux Testaments d’une foi ferme, l’autorité de l’Ancieji est tenue par les catholiques principalement à cause de l’autorité du Nouveau. En outre, entre les Écritures des deux Testaments, les unes ont une plus grande autorité que les autres. Ibid., c. iii, p. 31-34.

Traitant ensuite de la canonicité des Livres saints, d’Ailly déclare qu’on ne peut recevoir comme cano-