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INNOCE’NT XI — INNOCENT XII


dans son Dictionnaire, Bayle avait accusé Innocent d’ambition et autres défauts. Pour examiner ces accusations, Clément XIII institua une congrégation particulière de cardinaux. Benoît XIV voulut la présider lui-même ; le postulateur de la cause répondit à toutes les objections du promoteur de la toi, et le pape décida dans le même sens. Pourtant, à ce moment, tout s’arrête ; depuis plus de 150 ans la cause n’a plus fait un pas ; il n’y a plus de postulateur pour s’en occuper, faire les instances nécessaires et se procurer les fonds à cet effet. Or, disait le cardinal Mermillod, « Rome ne crée pas, elle confirme. « Ce qui veut dire que, dans l’espèce, il est à présumer qu’elle ne prendra pas les devants ; à moins d’une initiative privée, le procès ne sera pas continué, et les choses resteront en l'état présent. Léon XIII a cherché à intéresser à la cause la famille Odescalchi, mais sans effet. Battandier, Annuaire pontifical, 1901, p. 525 : liste des causes en suspens devant la S. C. des Rites.

Anaiccla jiiris pontificU, 11- série (1872), p. 271-327 ; 20 « série (1881). p..3.S-.37, 1132-1134 ; documents sur Innocent XI, et surtout actes de son procès de canonisation (documents importants et peu connus). Il y a plusieurs Vies d’Innocent XI ; voir Palatins, Gesta pontificum romanoriiin, Venise, 1600, p. 1 sq. ; Guarnaccius, Vitx et res gestæ pontificum romanorum, Rome, 17.51, t. i, p. 105 sq. ; les pulilications de G. Berttiier, Rome, 1889-1895 ; Immisch, Papsl Innocenz XI, Berlin, 1900.

Sur les relations avec la France : Gérin, Recherches hfstoriques surl’assemltlée de 1C82, Paris, ISG^ ; L’ambassade de Lavardin et la séquestration du cardinal-nonce Ranuzzi, dans la Revue des questions historiques, octobre 1874 ; Le pape Innocent XI et la révolution anglaise de 1688, ibid., octobre 1876 ; Le pape Innocent XI et la révocation de Védil de Nantes, ibid., octobre 1878 ; Michaud, Louis XIV et Innocent XI, 4 vol., 1882 sq. ; J. de Récalde (pseudonyme). Le message du Sacré-Cœur à Louis XIV et le P. de La Chaise, Paris, 1920.

Sur les querelles avec les jésuites, et notamment sur le probabilisme : J. Dœllinger et H. Reusch, Geschichte der Moralstreitigkeiten in der rômisch-katholischen Kirche, 1889, t. I et II ; surtout les articles du P. Brucker, dans les Études, mars 1901-novembre 1903, et du P. Mandonnet, dans la Revue thomiste, septembre 1901-janvier 1903 ; tirage à part, Paris, 1903 ; voir aussi Franz ter Haar, Das Dekret des Papstes Innocenz XI iiber den Probabilismus, Paderborn, 1904 ; J. Brucker, La Compagnie de Jésus, 1521-1773, 1919, p. 524 sq.

Sur le quiétisme : G. Burnet (évêque anglican). Voyage de Suisse, d’Italie et de quelques endroits d' Allemagne et de France, fait es années 1685 et 1686, Rotterdam, 1687 ; (Protestant anonyme). Trois lettres concernant l'état présent de l’Italie, écrites en 1687, pour servir de supplément aux lettres du D' Bwnet, Cologne, 1688 ; (Protestant annoyme). Recueil de diverses pièces concernant le quiétisme et les quiétistes ; ou Molinos, ses sentiments et ses disciples, Amsterdam, 1688 ; C. E. Scharling, Michæl Molinos, trad. ail. du danois, dans Zcitsclirift fiir hisloriche Théologie, 1854 ; H. Heppe, Geschichte der quietischen Alystik in der katlwlischen Kirche, 1875, (médiocre) ; Marcellino Menendez Pelayo, Historia de los hétérodoxes espanoles, s. d. (1880?) t. ii ; Bigelow, Molinos the Quietist, NewYork, 1882 (doit être médiocre) ; E. Michaud, Louis XIV et Innocent XI, 4 vol., 1882 sq. ; J. Hilgers, Der Index der verbotenen Bûcher, 1904 ; J. Paquier. Qu’est-ce que le quiétisme ? 1910 ; P. Dudon, divers articles dans les Recherches de science religieuse, juillet 1911-août 1920 ; dans la Revue d’ascétique et de mystique, janvier 1919-août 1920 ; et surtout Le quiétiste espagnol Michel Molinos, 1628-1696, Paris, 1921.

.1. Paquier. 12. INNOCENT XII, pape (du 12 juillet 1691 au 25 septembre 1700). Antonio l’ignatelli (1015-1700), appartenait à une vieille famille de Naples. Il fit ses études à Rome, chez les jésuites. Il fut successivement vice-légat d’Urbin, gouverneur de Pêrouse, nonce à Florence, en Pologne et à Vienne. En 1681, Innocent XI le créa cardinal et, en 1087, archevêque de Naples. A la mort d’Alexandre VIII, successeur d’Innocent XI, il fut élu pape (12 juillet 1691) ; par

admiration et reconnaissance pour Inii' cent XI, il prit lui aussi le nom d’Innocent.

Comme Innocent X I, et contrairement aux pratiques de son prédécesseur Alexandre VIII, il ne voulut pas que sa famille profitât de son élévation au souverain pontificat. Par la bulle Romanum decet pontificem (22 juin 1692), il condamna même officiellement le népotisme. Les papes, décrète-t-ii, ne pourront nommer qu’un seul neveu cardinal ; sous aucun prétexte, un pape n’a le droit de donner aux siens de l’argent, des biens ou des charges ; sont-ils absolument sans ressources, le pape peut alors les secourir comme des pauvres ordinaires. Si, à cause de ses mérites, un parent du pape devient cardinal, ses émoluments ne dépasseront pas 12 000 écus romains. Tous les cardinaux, présents et futurs, devaient jurer d’observer cette constitution, liinoceat interdit aussi la vente des charges et des dignités ecclésiastiques : à ceux qui avaient acheté leurs charges il fit rendre l’argent ; de sages économies lui permirent de se procurer les sommes que demanda cette mesure.

Innocent prit d’autres mesures pour le bon ordre et la stricte administration de la justice dans ses États. Membres de la noblesse brav^ant les lois, femmes se livrant à des jeux de hasard connurent également la prison. Il défendit aux juges de recevoir des présents. Pour faciliter l’administration de la justice, il fit achever et aménager la Curia Innocentiana, maintenant Chambre des députés. Pour restaurer la discipline monastique, il créa la Congrégation pour la discipline et la réforme des réguliers. Bref 'Debilum pastoralis officii, du 4 aoîît 1698.

Innocent XII fut très bon pour les pauvres ; il les appelait ses neveux. Un jour qu’il revenait de voyage, ils allèrent à sa rencontre à deux milles de Rome et l’acclamèrent en criant : « Voici le père des pauvres. » Ils enlevèrent aux porteurs la chaise où était le pape, et ils la portèrent jusqu'à Rome.

A l’extérieur, il termina les différends de Louis XIV avec la cour de Rome. Voir Innocent XI. Dans l’affaire de la succession d’Espagne, il fut constamment favorable à la France. Il changea ainsi une longue orientation de la politique pontificale : depuis Urbain VIII, tous les papes avaient été favorables aux Habsbourg.

Le pontificat d’Innocent XII fut agité par trois querelles doctrinales : la continuation du jansénisme, la lutte de Bossuet contre Sfondrate sur des questions concernant la grâce ; le quiétisme de M™" (îuyon et de Fénelon.

Dans les Pays-Pas, des prêtres, sur le simple soupçon de jansénisme, avaient été dépossédés de leurs charges : ils en appelèrent au souverain pontife. Comme le soupçon était immérité. Innocent se mit de leur côté ; en 1694, par un bref à l’archevêque de Malines, il lui recommanda de n’inquiéter personne sur des accusations vagues, mais uniquement après la constatation juridique d’attachement à des erreurs condamnées. Les jansénistes en reprirent courage ; mais Innocent XII déclara que le formulaire d’Alexandre VII, de 1665, qui condamnait les cinq propositions de Jansénius, devait être signé in sensu obvia. Les jansénistes virent là un adoucissement aux mesures précédentes, et ils en conclurent de plus en plus qu' Innocent leur était favorable. Mais, en 1696, le pape dissipa toutes ces espérances ; il déclara que rien n'était plus loin de sa pensée que de retirer ou de modifier les ordonnances de ses prédécesseurs sur l’hérésie janséniste.

L’affaire de Sfondrate se rattache aux discussions sur le jansénisme. Le cardinal Célestin Sfondrate était mort le 4 septembre 1696 ; à la fin de la même année parut de lui le Nodus priedeslinationis… dissolutus.