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INNOCENT ViIII — INNOCENT XI !


leur avis, Innocent refusa d’autoriser la soutenance ; puis, par un bref du 4 août 1486, il condamna en bloc toutes les propositions.

A ce moment, l’affaire s’obscurcit. Daté du 4 août, le bref ne fut public qu’au mois de décembre. Dans l’intervalle Pic écrivit rapidement une défense de ses thèses, et, si l’on en croit ses ennemis, il l’antidata : par là, il semblait ne pas répondre au bref. Finalement, il se retira dans une villa près de Florence, et s’y adonna à la prière ; en 1494, il mourut tout jeune encore, au moment où, sous l’inlluence de Savonarole, il allait se faire dominicain. On a prétendu que par un bref de 1493 Alexandre VI avait abrogé la condamnation d’Innocent VIII. Le bref existe, mais il ne semble pas qu’il faille l’interpréter en ce sens. Du moins est-il que certaines thèses de Pic étaient inconciliables avec le dogme catholique : ce n'était pas réellement que le Christ était descendu aux enfers ; limité dans le temps, un péché mortel ne pouvait être puni de peines éternelles ; aucune science n'était plus capable que la magie et la cabale de démontrer la divinité de Jésus-Christ. "oir l’arLicle spécial.

Muratori, Rerum italicanim scriptores, 17, 34, t. m b, p. 1070 sq. ; t. xxiii, p. 87 sq. ; Annali d’Ilalia, Milan, 1820, t. XII, p. 6Il sq. ; Raynaldi, Annales eccl., an. 14841492 ; J. Burchardi, Diarium Innocenta VIII, édit. Gennarelli, 1854 ; édit. Thuasne, 1883. Par ailleurs, on trouvera une abondante bibliographie dans L. Pastor, Geschichte der Pàpste seit deni Ausgang des Alitlelaters, 1895, t. iii, p. 167-268 ; trad. Furcy-Raynaud, 1898, t. v, p. 225-360. Pour ce pape elles suivants, on trouvera une bibliographie phis abondante dans les notices de la Realencyklopàdie fur protestantische Théologie uni Kirclie, 1901, par Benratli.

J. Paquier.

9. INNOCENT IX, pape (du 29 octobre au 30 décembre 1591). Giovanni Antonio Fachinetti, 1519-1591, avait étudié le droit à Bologne sa ville natale. A Rome, il s’attacha au cardinal Alexandre Farnèse, qui l’envoya on Avignon, comme son représentant ou vicaire. Pie IV lui donna l'évêché dé Nicastro en Calabre. Puis Fachinclli prit part au concile de Trente (1561), fut nonce à Venise (1566), et sous Grégoire XIII eut à Rome des charges très importantes ; le 1 2 décembre 1583 il devint cardinal-prêtre du titre des QuatreCouronnés ou Santiquattro. Sous Grégoire XIV, toujours malade, ce fut surtout lui qui eut la direction de l'Église. A la mort de Grégoire, il fut élu pape, favorisé par l’Espagne.

Innocent IX était très habile administrateur ; il avait des mœurs pures et un noble caractère. Il gouverna sagement ses États, et allégea aux Romains les suites d’une mauvaise récolte. Il favorisa la Ligue et l’Espagne contre Henri IV protestant. Très prudent, il ne faisait rien sans prendre conseil. Il a laissé plusieurs écrits, mais qui n’ont pas été publiés.

Ciaconius, Vitæ et res gestæ pontificum romanorum, édit. Oldoinus, de 1677, t. iv. p. 235 sq. ; A. Cicarella, continuateur de Bartholomreus Sacclii de Platina, De vitis pontificum romanorum, Cologne, 1626, p. 500 sq. ; L. de Ranke, Die romischen Pàpste in den letzten vicr Jahrhunderten. dans Œuvres complètes, Leipzig, 1881-1890, t. xxxviii, p. 149-150 ; trad. J. B. Ilaiber, Histoire de la papauté, 2e édit., 1848, t. ii, p. 336-337.

J. Paquier.

10. INNOCENT X, pape (du 15 septembre 1644 au 5 janvier 1655.) Giovanni Battista Pamrdi, naquit à Rome le 6 mai 1574, d’une famille d’ancienne noblesse. Il étudia le droit, fut auditeur de la Rote sous Clément VIII et nonce à Naples sous Grégoire XV ; Urbain VIII l’employa dans plusieurs postes ou affaires d’importance ; en 1629, il le créa cardinal-prêtre du titre de Saint-Eusèbi-, A la mort d’Urbain VIII, il devint pape.

Trois traits marquèrent le gouvernement de ses

États : des pour.suites contre les Barberini, neveux d’Urbain VIII et protégés de Mazarin ; l’influence persistante de la belle-sœur (lu pape Olimpia Maidalchina ; des préoccupations pécuniaires dans l’administration de la justice. Les Barberini, et parmi eux le cardinal Antoine, furent accusés de concussion, et finalement dépouillés de leurs biens. Toutefois la protection de la France obligea le pape à les leur rendre. Olimpia Maidalchina, homme plutôt que femme, exerça sur le pape son beau-frère une domination fâcheuse ; toutes les affaires, et surtout les faveurs, devaient passer par ses mains ; et elle se faisait remarquer par la soif de l’or. Pour expliquer cette faveur, on a parlé de relations coupables ; aujourd’hui, à la suite de Ranke, on écarte généralement cette supposition. Par suite surtout des convoitises d’OIimpia, la caisse pontificale était constamment à vide ; pour remédier à cette pénurie, on permettait à ceux qui avaient encouru des condamnations de se racheter à prix d’argent. Cette faiblesse entravait toutes mesures pour le rétabUssement de l’ordre dans les États de l'Église. Ainsi, bien qu’Innocent X fût aimable et affable, bien qu’il parût avoir des intentions droites, le gouvernement de ses États fut en général malheureux.

Ce pape favorisa les arts. Malheureusement aussi, ce n'était pas un Bramaiite, c'était un Bernin qu’il avait sous la main. Le Bernin détériora l’intérieur de Saint-Pierre ; toutefois il se racheta quelque peu par la belle ordonnance de la place Saint-Pierre, qui est son œuvre propre.

Urbain VIII avait été favorable à la France ; Innocent X fut pour les Habsbourg. Il promut des cardinaux en ce sens ; il refusa de reconnaître l’indépendance du Portugal, alors en guerre avec l’Espagne. Au contraire, dans ses poursuites contre les Barberini, dans les difficultés de Mazarin et de la cour de France avec le cardinal de Retz et la Fronde, il fut loin de chercher à être agréable à la France. En Italie, il eut des difficultés avec le duc de Parme, Rainuce II, et avec la République de Venise, dans les deux cas surtout à cause de la nomination aux évêchés.

En 1648, la paix de Westphalie se conclut à peu près en dehors du pape, contrairement à la pratique du moj’en âge. Innocent protesta par la bulle Zelus domus meæ, du 26 novembre 1648. Mais cette bulle eut peu de retentissement.

Le grand acte doctrinal d’Innocent X fut la condamnation du jansénisme et des cinq fameuses propositions, par la bulle Ciim occasione, du 31 mai 1653. Voir Jansénisme.

Ciaconius, édit. de 1677, t. iv, p. 641 sq. ; Palatius, Gesta pontificum Romanorum, 1688, t. iv, p. 571 sq. ; Gualdus (pseudonyme de Gregorio Leti), Vita de donna Olimpia Maidalchina, 1666 (peu véridique) ; L. Ranlie, op. cit., ù la bibliograpliie d’Innocent IX. Il a utilisé plusieurs sources manuscrites dont une entre autres a été publiée depuis lors : Relazioni degli Stati Europei Ictle al senato dagli ambasciatori Veneti nel secolo XV U, raccolte ed annotate da Nie. Barozzie Guglielmo Berchet, Série III, Italia, Relazioni di Roma, Venise, 1878, t. n.

J. Paquier.

11. INNOCENT XI, pape (du 21 septembre 1676 au 12 août 1689). Benedetto Odescalchi, était né à Côme, le 16 mai 1611 ; sa famille s'était enrichie dans le commerce. Il fit ses humanités dans sa ville natale, sous la direction des jésuites ; puis il étudia le droit à Rome et à Naples, et il entra à la curie sous Urbain VIII. Il fut protonotaire, président de la Chambre apostolique, eut des missions à l'étranger, et en 1645, fut créé par Innocent X cardinal-diacre du titre des Saints-Côme-et-Damien ; peu après, il devint cardinal-prêtre du titre de Saint-Onuphre. Simple, pieux et vertueux, avec un grand sens du