Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée
181
182
HOSIUS


On y devait discuter la participation au concile de nouveau convoqué à Trente, et surtout les mesures à prendre contre l’esprit de réforme. Celui-ci se manifestait dans de nouveaux ouvrages de Modrzewski, les Dialogi de ulraque specie sacramenti eucharistias a laicis sumenda, non affirmandi sed dispulandi et discendi causa conscripli, anno 1549, mense maio et junio, Pragæ, qui furent publiés en 1550. Dès cette époque, il avait terminé son grand ouvrage, Commentiirii de emendanda re publica christiana. Mais il avait rencontré de ives résistances pour sa publication et c’est en 1551 seulement qu’il avait été autorisé à le donner avec des suppressions et des modifications importantes. Aussi s'était-il décidé à le soumettre au synode de Piotrkow. Il se sentait d’ailleurs fort de l’appui de Sigismond-Auguste, dontilétait alors très goûté.

C’est précisément Hosius que le synode désigna unanimement pour réfuter son ancien collègue, par un exposé de la doctrine catholique sur les points controversés. Telle fut rorigine de la Confessio catholicse fidei christiana, a palribus in sijnodo provinciali habita Pelrikooiæ, anno 1551, mense maio, congregalis. Hosius lui-même raconte, dans la préface de l'édition de 1562, les conditions dans lesquelles il composa cet ouvrage. Il l’avait rédigé en quatre jours et présenté aux évêques du synode. Ceux-ci en furent si contents qu’ils l’approuvèrent immédiatement et décidèrent de le faire imprimer aussitôt. L’auteur réclama un délai pour polir et enrichir son œuvre. Après deux mois, la première partie, qui traitait de la foi et de l’espérance, parut à Cracovie. Elle était publiée au nom du synode, dédiée par l’archevêque Dzierzgowski à Sigismond-Auguste et ne portait pas le nom de l’auteur. Envoyée à Rome pour être examinée par les théologiens, elle tomba aux mains d’Otto Truchsess, devenu archevêque d’Augsbourg, à qui elle plut tellement qu’U en fit immédiatement donner une nouvelle édition à Dillingen.

Mais Hosius avait remis une nouvelle partie de son travail, sur la charité et la grâce, à l’archevêque de Gnesen. Celui-ci l’envoya à Mayence pour y faire imprimer le tout. L’ouvrage parut, comme la première partie, sans nom d’auteur. Ce fut la raison pour laquelle les théologiens de Louvain commencèrent par le condamner. Mais quand ils l’eurent appris, Ruard Tapper, leur doyen, écrivit à Hosius pour le prier de reconnaître ouvertement la paternité de l’ouvrage. Comme l'édition de Mayence était pleine de fautes, l’auteur se décida à la corriger et à la développer, puis il envoya son travail sous sa forme définitive à Vienne pour le faire publier. En mars 1560, il n'était pas encore achevé d’imprimer. C’est à Vienne même, où il venait d'être envoyé comme nonce par Pie IV, que Hosius mil la dernière main à la partie qui traite des sacrements.

Ce mode de publication lui permit du reste de serrer de plus en plus près son adversaire véritable, .Modrzewski. En raison de la faveur dont il jouissait auprès de Sigismond-.Xuguste, la Confessio ne le nomme point par son nom..Mais ce sont ses idées qu’elle vise constamment, l'^n 1Ô5-4, Modrzewski avait donné à Bûle une édition complète de son grand ouvrage sur la réforme de l'Église. Il y attaquait en particulier les privilèges ecclésiastiques. Hosius prit position sur ce point dans la dernière rédaction de la deuxième partie de la Confessio. De même il se reporta, dans son exposé (le la doctrine des sacrements, aux dialogues de Modrzewski sur la communion sous les deux espèces. De plus, il ne s'était pas contenté de la première approbation des évêques polonais. près avoir terminé la seconde par11e en 1554. il l’avait soumise, en novembre de celle année, au synode de nouveau réuni

à Piotrkow. L’ouvrage eut un succès extraordinaire et exerça une influence profonde. On compte trentedeux éditions publiées du vivant de l’auteur dans tous les grands centres intellectuels. On en fit des traductions dans toutes les langues de l’Europe, et même en arabe et en arménien.

Pourtant ce travail n’absorbait pas l’activité de l'évêque de l’Ermland. On avait agité au synode de 1551 la question de la représentation de la Pologne au concile convoqué à Trente. Hosius avait été désigné pour cette charge. Mais en février 1552, en raison des tentatives de réforme qui s’accentuaient en Prusse orientale, il demanda à en être dispensé. En août, il faisait de grands efl’orts pour convertir le duc Albert de Prusse. Il fut si près de réussir que quelques historiens ont cru à cette conversion. En septembre, il insiste auprès de Sigismond-Auguste pour le maintien des anciennes pratiques et de la discipUne ecclésiastique. Ici il obtint complètement gain de cause. Il ne s’adresse pas seulement aux princes. Il se tourne aussi vers les peuples. L’utraquisme fait de grands progrès dans les principales villes de l’Ermland. A Thorn, à Elbing, à Graudenz, à Braunsberg, Hosius se multiplie contre l’hérésie. Il fait donner des missions et des carêmes dont il écrit lui-même les discours. Il résume les principes de sa conduite et de sa foi dans une série de publications où il démêle avec une clarté parfaite les cjuestions politiques qui viennent compliquer à plaisir les problèmes religieux. De là le De actis cum Thorunensibus, en 1551, cum Elbingensibus, en 1553, 1555 et 1568, cum Graudentinentibus, en 1556, cum Braunsbergensibus, en 1564. Il s’attaque au principe même du mal, en réfutant directement, en 1556, les dialogues de Modrzewski sur la communion sous les deux espèces, dans le Dialogus de communione sub ulraque specie. Sous une forme plus populaire que dans la Confessio, il y expose la doctrine de l'Église. JModrzewski lui répond par une Defensio cœnas Domini intègre a populo sumendæ qui est, semble-t-il, la dernière passe de ce long duel. Hosius avait ajouté au premier dialogue deux autres essais du même genre. De sacerdotum conjugio et De cclebrando sacro in vulgari lingua, qui eurent aussi un très grand succès.

II remplissait en même temps des missions politiques. En janvier 1554, Sigismond-.uguste l’envoyait comme ambassadeur auprès d'.Mbert de Prusse, pour le règlement des contestations relatives aux droits de la F’ologne en Poméranie. Il en profitait jiour écrire au roi une série de lettres dans lesquelles il le mettait en garde contre les suggestions de son beau-frère, le palatin de Vilna, Radziwill, qui était toujours le champion du protestantisme et poussait à la réunion d’un concile national. Pour parer ce coup, il faisait demander au pape, par le synode de Piotrkow, au cours de mois de novembre, l’envoi d’un nonce spécial eu Pologne, et désignait comme 1res apte à cette charge Aloysio Lippomano. En février 1555, il appelait les jésuites dans ri->mland et les invitait à fonder un collège à Braunsberg. Au synode de 1555, les protestants présentèrent une confession de foi. Hosius demanda à son ami Martin Cromer de la réfuter. Pour son compte, il la combattit dans des lettres nombreuses adressées à des grands du royaume. Il agit de même envers les idées de son successeur sur le siège épiscopal de Cholm, l’chanski, qui voulait une réforme de la loi du célibat ecclésiastique et la communion sous les deux espèces.

Une nouvelle polémique plus importante l’attendait. Christo|ilie de W^n-lemberg avait fait proposer le 24 janvier 1552. au concile de Trente, une confession de foi rédigée par son théologien Brcnz. Le dominicain Pierre de Solo, alors professeur à l’université de Dillin-