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HOSIUS


Roterodami epistola ad inclylum Sigismundum regem Poloniæ, avec une épigramme de sa façon comme préface. En 1528, il donne libre cours à ses talents poétiques et à sa piété dans In psalmum qiiinquugesimum paraphrasis Stanislai Ilosii carminé conscripla. Le poème est perdu, il ne reste que l’cpigramme qui l’introduit et la lettre préface à Toniicki. La même année, il publiait le texte grec, avec traduction latine, d’un petit traité de saint Chrysostome : Joannis Chrysoslomi compnratio regiæ potestulis, dipitiarum cl nobilitatis cum monacho qui cuin ucra et christiana philosophia familiarilalem habel. L’ouvrage est dédié par une lettre-préface à Tomicki. Tous ces essais de jeunesse sont dans la plus pure ligne érasmienne. Le titre du dernier est particulièrement significatif à cet égard. Enfin, en 1529, il édite, avec une préface de sa main, le livre de Krzyki, devenu évoque de Plock, De ralione et sacrificio missæ.

Ses talents l’avaient désigné àl’attention de Tomicki, qui était devenu son protecteur déclaré. Il le gratifia en cette année des revenus de deux bénéfices pour lui permettre d’aller en Italie achever sa formation. Hosius passa l’année 1530 à Venise et à Bologne. L’année suivante, il était proclamé doclor in utroque jure en cette dernière université. En 1532, il visite Padoue, où il se lie avec l’humaniste Bonamico. H revient à Bologne et y fait connaissance de l’historien Guichardin et d’une série de futurs cardinaux, Campeggi, Otto Truchsess, Christophe Madruzzo, Reginald Pôle. Au cours de 1533, il retourne en Pologne et reprend son poste de secrétaire auprès de Tomicki, qui l’initie, à Cracovie, aux secrets de l’administration diocésaine. Mais Tomicki meurt le 29 octobre 1535. C’est probablement peu de temps après que Hosius compose la Vita Pétri Tomicii, éditée pour la première fois en 1879, par Hipler et Zakrzewsjki, dans la collection de ses lettres. En tout cas, en 1536, U publiait une Elegia in obilum Peiri Tomicii episcopi Cracovicnsis, dans laquelle il payait sa dette de reconnaissance envers son bienfaiteur.

Il entre alors comme secrétaire au service de Jean Choinski, évêque de Plock, vice-chancelier de Pologne. Des honneurs et des bénéfices viennent récompenser ses vertus et ses talents. Il est nommé chanoine de Frauenbourg dans l’Ermland (Varmie) en 1537, de Cracovie en 1540, de Sandomir en 1542. En même temps il reçoit les cures de Golobie et de Radlov, que, du reste, il n’occupa point personnellement. Il est ordonné prêtre en 1543. Par l’intermédiaire de Choinski, il connaît Maciejowski, évêque de Cholm, alors tout puissant dans les conseils du roi de Pologne, Sigismond l’Ancien. Sur sa recommandation, il devient secrétaire royal en 1538. Il s’occupe alors des aiïaires d’administration temporelle, dans lesquelles il révèle ses talents politiques. En 1539, il édite et dédie à Maciejowski le Carmen parœnclicum ad C. Alliopagum, de l’ami de Copernic, Dantiscus, qui venait d'être nommé évêque de l’Ermland. Cf. F. Hipler, Des ermlàndischen Bischofs Johannes Danliskus und seines Freundes Nikolaus Kopernikus geisiliche Gedichle, Munster, 1857. La lettre -préface trace un portrait idéal de l'évêque digne de son auteur et montre ses soucis humanistes en même temps que sa piété.

Cependant les idées nouvelles commençaient à pénétrer en Pologne et se répandaient dans le clergé. Le chapitre de Cracovie, dont Hosius faisait partie, comptait dans son sein des chanoines qui inclinaient aux idées protestantes ou tout au moins à des idées de réforme peu compatibles avec la doctrine catholique. Hosius, en 1545, fut désigné comme inquisiteur pour juger plusieurs de ses collègues inculpés d’hérésie. L'évêque de l’Ermland, Dantiscus, lui envojait à ce propos l’ouvrage de Filippo Archinto, P. Archinti

christiana de fide et sacramentis explanalio. Hosius s’empressa de le publier. Il se trouve dès lors en contact avec un de ses collègues de la secrétairerie royale, dont les idées réformatrices devaient provoquer ses principaux ouvrages. Andréas Fricius Modrevius — Modrzewski — avait publié à Cracovie, en 1546. à propos de la question alors débattue de l’envoi au concile de Trente de délégués polonais, un discours qui avait fait grand bruit, Ad regem, pontifices, presbyleros et populos Poloniæ et reliquæ Sarmaliæ oratio A. Fricii Modrevii de legalis ad concilium christianum millendis. Il y soutenait, entre autres choses, que l'Église pouvait errer. Hosius ne pouvait laisser passer une pareille affirmation. Dans ses lettres de cette époque, dont quelques-unes sont de petits traités, il combat vivement les doctrines de son collègue. Elles avaient pourtant grand succès dans le clergé et la noblesse de Pologne, et même auprès du prince héritier. Aussi l’avènement prochain de celui-ci annonçaitil des difficultés aux catholiques. En effet, Sigismond l’Ancien mourait en 1548. Ce fut Hosius qui composa son oraison funèbre, puis le discours d’avènement de Sigismond-Auguste et la réponse que l'évêque de Cholm Maciejowski lui fit comme chancelier du royaume. La même année, il éditait le Libellus hymnorum de Dantiscus.

Sa science et la dignité de sa vie l’avaient mis en relief. Le 3 février 1549, le roi Sigismond-Auguste le nommait comme successeur de Maciejowski au siège de Cholm. Il lui confiait en même temps une ambassade importante auprès de Charles-Quint et du roi des Romains Ferdinand. Il s’agissait de renouveler les traités de la Pologne avec l’empire. De nombreuses difficultés étaient alors pendantes entre les deux puissances, surtout depuis la défection de l’ordre teutonique et la sécularisation de ses biens au pi’oflt d’Albert de Prusse. Hosius avait pour compagnon Modrzewski lui-même, qui faisait fonction de secrétaire de l’ambassade. Il se rendit d’abord à Vienne, où il vit Ferdinand, puis à Anvers, où il rencontra Charles-Quint. Il s’acquitta heureusement de sa charge. Rentré à Cracovie au commencement de 1550, il y reçut, dans le courant de mars, la consécration épiscopale. Le 23 juin 1550, il rendait compte de son ambassade dans un discours qui eut un grand succès. Il commençait à s’occuper de son diocèse, quand Paul III le nomma inquisiteur pour la Poméranie. En effet, le luthéranisme, le hussilisme et l’utraquisme faisaient de continuels progrès en Prusse orientale. C’est ce qui le décida à accepter un changement de siège épiscopal. Il quitta Cholm pour devenir évêque de l’Ermland. Les historiens allemands lui reprochent avec aigreur d’avoir occupé ce poste sans posséder l’iudigénat prussien, qui, paraît-il, était j requis. En tout cas, il en prit possession en janvier] 1551 et il y déploya dès l’abord une ardeur infatigable contre l’hérésie. De cette époque datent uni grand nombre de sermons, en allemand, en polonais, en] latin, qu’il composait lui-même et qu’il faisait donner ! dans son diocèse et dans toute la Pologne par des] orateurs exercés. Il s’attachait surtout à y défendre] le catholicisme contre les attaques des novateurs. Cf. F. Hipler, Die deulschen Prediglen und Katechesen der ermlàndischen Bischôfe Hosius und Cramer. Cologne, ] 1885.

Une occasion plus propice encore allait s’offrir à lui de manifester sa foi. Le roi Sigismond-Auguste, malgré l’influence de son beau-frère le prince Radziwill, se montrait alors favorable aux catholiques et disposé à prendre des mesures contre l’hérésie. L’archevêque de Gnesen Dzierzgowski se décida à profiter de ces bonnes dispositions et convoqua, pour le mois de mai 1551, un synode des évêques polonais à Piotrkow.