Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée
175
176
HORMISDAS — HORNES


les deux natures divine et humaine, le même Fils de Dieu est donc à la fois Dieu et homme. Ce n’est point, tomme les infidèles le disent, une quatrième personne qui s’ajouterait aux trois autres ; mais c’est le Fils même de Dieu qui est à la fois Dieu et homme. Toute la réponse revient, en dernière analyse, à savoir distinguer ce qui est de l’essence divine, ce qui est le propre des personnes. Salis est cavcre ita proprietatem et essciiiiam cogitandam ut sciaiur quid personæ, quid nos oporteat de/erre substanlise ; quæ qui indecenter ignorant aut callida impietate dissimulant, dum omittunt quod sil proprium Filii, trinse tendunt insidias unitali. Jaflé, n. 857, 861 ; 'ïh(i, Epist., cxxxvii, cxli. En d’autres termes, l’incarnation, les souffrances, la mort du Fils de Dieu sont des propriétés personnelles de la seconde hypostase, la formule scythe, trop brutale, semble vouloir les rapporter à l’essence même de la Trinité. Elles sont le fait de la seconde personne, qui a assumé une nature humaine ; la formule scythe a l’inconvénient de sembler les rapporter à la nature divine. Les expressions d’Hormisdas n'étaient peut-être pas d’une lucidité admirable ; du moins elles déclaraient nettement qu’il n’y avait pas lieu de reviser les décrets de Chalcédoine et d’y introduire de force une formule suspecte par ses exigences, par sa teneur même et peut-être par l’esprit de ses défenseurs. Quinze ans plus tard, un des successeurs d’Hormisdas, Jean II, eut la faiblesse de laisser rouvrir bien imprudemment cette controverse. Il ne se doutait pas des misères qu’une telle attitude causerait un jour à l’infortuné Vigile. S’il eût imité la ferme réserve d’Hormisdas, bien des discussions et des luttes eussent sans doute été évitées. Du moins, cette attitude d’Hormisdas retarda-t-elle de quelques années la réouverture des querelles. A partir de 521 il n’est plus question dans la correspondance du pontife de la controverse théopaschite.

III. Son activité en Occident.

Ce n'était point les querelles théologiques qui préoccupaient à ce moment les évêques occidentaux ; il s’agissait surtout de façonner au catholicisme les barbares païens ou ariens qui s’installaient de tous côtes sur les ruines de l’empire romain. Le saint-siège eut à cœur, pendant toute cette période, de diriger autant que faire se pouvait l'épiscopat d’Occident dans sa rude tâche. Hormisdas s’y employa à l'égal de ses plus illustres prédécesseurs.

L’Espagne chrétienne commençait à se réorganiser après l’invasion wisigothique. Rien ne contribuerait davantage à cette réorganisation que l’action d'évêques énergiques représentant le siège apostolique et s’occupant à promouvoir les réformes rendues nécessaires par les circonstances. Le 2 avril 517, Hormisdas déléguait à Jean, évêque d’IUicitum (d’autres textes lisent Tarragone). les pouvoirs de vicaire du siège apostolique pour l’Espagne du Nord, et lui envoyait les conslituta generalia qu’il devait faire appliquer partout. Ces ordonnances rappelaient les règles relatives aux ordinations, insistaient sur l’honorabilité à exiger des ordinands, interdisaient les ordinations pcr saltum, prohibaient la coutume qui commençait à s’introduire d’ordonner des pénitents. Il fallait sauvegarder le principe de l'élection des évêques, éviter tout ce qui pourrait dans ces délicates matières ressembler à de la simonie. Enlin, In célébration régulière des conciles provinciaux était recommandée comme le plus sûr moj’en de restaurer la discipline. Jafïé, n. 786, 787, 788 ; Thiel, Epist., xxiv-xxvi. En 521, Hormisdas envoyait des instructions du même genre à l'évêque Sallustus à Séville, qu’il créait son vicaire pour les provinces de Bétique et de Lusitanie. Il devrait sur tous les points signalés envoyer un rapport exact au saint-siège. Jafïé. n. 855, 856 ; Thiel, Epist., cxlii, cxliii.

En Gaule, on constate des efforts du même genre. On cite une lettre d’Hormisdas à saint Rémi de Reims, lui confiant le soin de le représenter dans tout le royaume de Clovis. JafPé, n. 866. Mais il y a toutes chances que cette lettre soit un faux, destiné à soutenir les revendications postérieures des archevêques de Reims. Au contraire, l’authenticité des lettres adressées par Hormisdas à Césaire d’Arles et à Avit de Vienne ne saurait être contestée. Jaffé, n. 777, 784, 864 ; Thiel, Epist., IX, XXII, CL. On y voit le pape s’intéresser aux fondations entreprises par ces évêques de Provence.

Au même moment l'Église d’Afrique, si durement traitée par les Vandales, commençait à respirer. Le Liber pontificalis signale sous Hormisdas la restauration de l'épiscopat catholique en Afrique. Cette restauration eut lieu immédiatement après la mort du roi Trasamonde, 28 mai 523. La nouvelle put en parvenir à Rome avant la mort d’Hormisdas, qui eut lieu le 6 août de cette même année. Hormisdas avait siégé neuf ans et dix-sept jours. Il avait été un administrateur et un diplomate habile, ferme avec cela et ne se laissant entraîner à aucune compromission. On doit le compter parmi les pontifes qui ont revendiqué avec le plus de succès et d'énergie la suprématie doctrinale et politique du siège romain.

Jaffé, Régenta raman. pontiflciim, 2'" édit., Leipzig, 1885, t. T, p. 101-109 ; Thiel, Epislolæ romanorum pontificum, t. I, p.7 ; 13-1006(donne la meilleure édition des’lettres d’Hormisdas et de ses correspondants) ; P.L., t. i.xiii, col. 367 sq. (le texte est généralement médiocre) ; Lièer pon<i^caIis, édit. Duchesne, t. i, p. 98-105, 269-274 ; Baronius, Annales ecclesiastici, édit. Theiner, Bar-le-Duc, 1867, t. ix, p. 132317 ; Smith et Wace, A dictionary o/ Christian biography art. Hormisdas, t. iii, p. 155-161.

Sur le décret dit quelquefois d’Hormisdas, et qui est également attribué à Gélase et à Damase, le dernier travail, annulant tous les précédents, est celui de von Dobschûtz, Das Decretuni Gelasianum de libris recipiendis et non recipiendis, ini l ; ritisclien Text Iieraiisgegeben und untersuclit, dans Texte und Untersucliimgen, Leipzig, 1912, t. xxxvrii, fasc. 4. Il a été discuté de très près par dom Chapman, On tlie Decretiim Gelasianum de libris recipiendis et non recipiendis, dans la Revue bénédictine, 1913, p. 187-207, 315-333. Voir aussi la Revue biblique, 1913, p. 602-608.

E. Amann. HORNER Grégoire, bénédictin autrichien, né à Laufen le 19 novembre 1689, mort le 14 mars 1760. Profès de l’abbaye de Notre-Dame de Gleink, il fut ordonné prêtre en 1712. Pendant deux années, de 1716 à 1718, il professa la philosophie à l’université de Salzbourg, et fut ensuite rappelé à son monastère pour y exercer la charge de prieur. En novembre 1726, il revenait à l’université de Salzbourg pour y enseigner la théologie morale et en 1732 en devenait le recteur, dignité à laquelle il renonça en 1740. Lorsqu’il mourut, il était confesseur des bénédictines de Nonnberg. Dom Grégoire Horner publia : Qufesiiones selectæ in dcccm caicgorias Aristotelis, in-4°, Salzbourg, 1718 ; Prima fidei catijolicæ principia juxla seriem in sacra ejusdem fidei professione occurrentem contra Lullieri sectaiores nuihodo polennco-scfiolastica succincte tradita et e.rplicata, )n-8°, Salzbourg, 1735. Il y enseigne l’infaillibilité pontificale.

ZiegeJbauer, Hisioria rei literaria : ordinis S. Benedicli, t. IV, p. 131 ; [dom François], Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoft, t. i, p. 509 ; Scriptores ordinis S. Benedicli qui fuerunt in imperio Auslriacc-Hungarico, in-4. Vienne, 1881, p. 198 ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1910, t. iv, col. 1380.

B. Heurtebize.

    1. HORNES (Arnould de)##


HORNES (Arnould de), né dans le comté dont il portait le nom, gouverna le diocèse et la principauté de Liège pendant dix ans. de 1379 à 1389. Il succédait à Jean d’Arckel et, comme lui, il avait d’abord occupé le siège épiscopal d’Utrecht. A la mort de Jean