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HORMISDAS


blait que l’expression : unus in Trinllalt avait moins d’inconvénients que les mots : unus ex Triniiate, surtout si on ne les faisait l’as précéder du nom de Jésus : Sicul cnim videtur ambiguum dicere simpliciler unum de. Trinitate non præmissa nomine Domini noslri Jesu Christi, sic ejus pcrsonam in Triniiate cum Pniris Spiriiiisquc Sancli personis non dubitamus esse, et il alléguait des textes augustiniens qui lui paraissaient confirmer sa manière de voir. Thiel, Epist., cxx. Quelques semaines plus tard, l’impérial théologien revenait sur la question : Nobis videtur quoniam Filius Dei vivi, Dominus nosier Jésus Christus ex virgine Maria nalus, recie dicitur unus in Triniiate cum Pâtre Spirituquc Sancto regnare, majestalisque ejus pcrsonam in Triniiate et ex Triniiate non inftdeliter credimus. Thiel, Epist., cxxxii. Le même cour.ier transmettait à Rome une profession de foi des Églises de Jérusalem, d’Antioche et de Syrie, que l’empereur Justin faisait tenir au pape. Elle débutait par une affirmation relative à la Trinité, une seule essence en trois personnes. Elle interprétait t-nsuite la formule chalcédonienne de l’unité de personne en fonction de la formule trinitaire. « Le concile, disait-elle, a proclamé que Dieu le Verbe est une seule substance ou personne (ce qui est la même chose) en deux natures, la divinité et l’humanité, sans division ni confusion, et Notre-Seigneur Jésus-Clirist est donc l’un de la Trinité sainte et consubstantielle, » ce que la profession de foi exprimait encore en ces lenucs : Deus Verbum incarnatus est et homo lactus est unns ex sancta et unius cssentise (ôaooucrtw) Trinitate sccundum ftliationis proprietatem. Ainsi l’autorité impériale semblait prendre la défense d’une formule étroitement apparentée à celle que préconisaient les moines scythes.

Hormisdas était dans le plus cruel embarras. Ses légats lui représentaient la formule scythe comme une concession au monophysisme expiranl. Un évêque africain, Possessor, qui se touvail à Constantinople depuis 517, n'était pas loin de partager les mômes idées. Une lettre de lui, reçue à Rome le 18 juillet 520, soulevait en outre une difficulté d’un autre genre. Dans le camp scythe on discutait beaucoup, en dehors des questions christologiques et Iriiiitaires, les graves problèmes soulevés par la controverse pclagicnne. Comme l’on voyait partout des nestoriens, l’on découvrait partout aussi des partisans de Pelage. Les livres

« le Fauste de Riez relatifs à la grâce étaient soimiis à

une critique pénétrante qui y relevait des attaches suspectes. Possessor, interrogé, n’avait pu que déclarer <|ue les livres de Fauste, n'étant pas canoniques, n’exprimaient pas après tout la doctrine oiricielle de Home. Sur tous ces points Possessor demandait une prompte réponse. Thiel, Epist.. r.xv.

C’est lui qui reçut le premier les confidences d' Hormisdas. Une longue lettre, écrite le 13 août 520, lui narrait tous les déboires que l’obstination des moines scythes avait causés au pontife. Ilonnisdas n'était pas tendre pour ces moines brouillons et querelleurs, contempteurs des autorités traditionnelles, sans cesse en quête de nouveautés, et prétendant imposer partout leur sentiment. N’avaient-ils pas été jusqu'à vouloir provoquer dans Rome un mouvement populaire, en placardant sur la statue de l’cmiiereur leurs protestations contre les nestoriens, et sous cette dénomination injurieuse ils voulaient désigner les légats mêmes du pontife. Le pape suspendait encore son jugement sur le fond de l’affaire, mais il était dès lors facile de voir en quel sens il pencherait. Quant aux questions soulevées autour des livres de Fauste, la sagesse romaine refusait de s’engager. Fauste n’avait jamais été ofFicicllement approuvé par l'Église, mais on n’avait pas canonisé non plus tontes les théories d'.ugustin. Le seul acte qui engageât Home, c'était la condanuiation portée par le pap<' Célestin et conservée nux archives :

il serait toujours possible de se référer au texte authentique. De arbilrio lamen libcro et gratia Dei quid romana, hoc est catholicn, sequatur et serve ! Eccicsia, licct in variis libris be(di Augustini et maxime ad Ililarium cl Prosperum possil cognosci, tamen et in.icriniis ecclesiasticis exprcssa capitula conlincntur, quæ, si tibi désuni et necessaria créais, destinabimus. Jaflé, n. 850 ; Thiel, Epist., cxxiv.

En possession de cette lettre, l'évêque africain ne se priva pas de faire en tous lieux un portrait peu llatté des Scythes, fl raconta leur échec à Rome et Maxcnce lui-même se chargea bientôt de confirmer les dires de Possessor. Sa rancune contre Rome s’exhala dans un long pamphlet qui nous est conservé, P. G., t. Lxxxvi, col. 93-111. Il commençait par contester l’authenticité de la lettre pontificale, mise en circulation par l'évêque africain. Comment serait-elle d’un évêque, une lettre où il n’y a nulle lumière, iml enseignement, où l’on ne trouve que récriminations et plaintes sans aucune réponse aux questions posées'.' Ayant ainsi justifié d’avance toutes ses critiques, Maxence reprenait point par point tous les termes du soi-disant document pontifical et en faisait une critique am ?re. Seul un hérétique pouvait ainsi prendre la défense de Dioscoro, dont le nestorianisme était flagrant. Le pape lui-môme eùt-il déclaré de vive voix que l’on ne pouvait appeler le Christ Fils de Dieu, unum ex sancta et individua Trinitate, l’I-^glise de Dieu ne pourrait le suivre ; un tel pape ne serait plus l'évêque universel, mais un exécrable hérétique. Loin de nous, continuait le factum. la pen>ée d’attribuer pareil langage à l'évêque de Rome. Puis il entreprenait de défendre la conduite des moines. Ce qu’on appelait obstination n'était chez eux que zèle à défendre la vérité, à faire prévaloir une formule exacte à rencontre d’expressions hérétiques et fautives. Les troubles qu’on les accusait d’avoir excités dans la capitale, la responsabilité en retombait sur les policiers dont la brutalité les avait contraints â invoquer la protection de l’image impériale. Le tout se terminait jiar la critique du jugem ; it rendu par Hormisdas dans la question île Fauste. Fallait-il mèmj parler de jugcrac.it ou de réjionse'? La lettre à Possessor n'était qu’un ramassis de propos sans suite, sans autorité et en dehors de la question. Maxence, lui, avait pris la peine d'étudier le livre incrimine el à l’appui de sa condamnation il alléguait de nombreuses citations empruntées jii.tenient ; iux parlies qu’avait lues l'évêque africain.

Nous ne savons si Hormisdas eut connaissance immédiate de l'.mp Ttinenle réponse de Maxence. Toujours est-il que, le 2.5 mars 521, il adressait à l’empereur.lustin son jugement motivé sur la controverse théopaschite. Une lettre parallèle était adressée au nouveau patriarche de Constantinople, fipipliane. Le pape défen<lait de faire autre chose que répéter les enseigiiemcits <le Léon et de ("Jialcédoine. Ces formulaires suffisaient amplement à définir la vérité. Il critiquait ensuite vivement l’expression des Sctlies. Elle avait un double inconvénient : elle pouvait donner à croire aux esprits simples qu’il y a plusieurs dieux ; que la divinité, impassible par nature, a pu endurer les souffrances de la passion. Il fallait sauvegarder avant fout l’unité de l’adorable Trinité, unus (sic) est sancta Trinitas, non multiplicatur numéro, non crescit augmenlo. Pourquoi d’ailleurs vouloir chercher à pénétrer ce mystère ? Adorons en toute humilité l’indivisible essence, respectons le caractère de chacune des personnes et les propriétés qui les <listingucnt. Le propre du Père est d’engendrer le Fils ; le propre du Fils est de naître du Père ; le propre du Saint-lisprit est de procéder à la fois du Père et du Fils. Mais c’est aussi le propre du Fils de s'être fait chair et d’avoir habité parmi nous. Unissant dans une même personne