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HORMISDAS


ment reconnu celui de Constantinople, dont un canon affirmait la prééminence religieuse de la ville impériale sur tout l’Orient. Thie), EpisL, lxi. Dans la joie du succès on ne remarqua pas ces nuances dont se tempérait la soumission byzantine. La paix religieuse étant rétablie dans la capitale, il s’agissait maintenant de la faire régner dans le reste de l’empire, à Antioclie d’abord, et puis, si possible, à Alexandrie. De Rome, Hormisdas, tout en félicitant ses légats de leur succès à Constantinople, les pressait d’agir sur l’empereur ; en même temps il multipliait les démarches auprès des personnages influents de la cour impériale et du patriarche de Constantinople, les priant d’unir leurs efforts à ceux de ses envoyés. Jaffé, n. 819-827 ; Thiel, Epist., Lxxix-Lxxxvii. Une chose aussi lui tenait à cœur, le rétablissement immédiat de certains évêques, évincés de leur siège, et qui, malgré l'édit récent de Justin, n’avaient pu se faire rendre justice. Un courrier parti de Rome le 2 septembre 519 inondait bientôt la. capitale des requêtes pontificales en faveur de ces malheureux. Jaffé, n. 830-833, 835 ; Thiel, Epist.,

    1. XCIII-XCVI##


XCIII-XCVI, XCII.

Mais à Rome on ne pouvait se rendre un compte exact des difficultés que rencontrait l'œuvre de réunion. Dans la ville impériale, l’autorité pouvait faire fléchir les fronts les plus rebelles ; à une certaine distance, les choses se compliquaient étrangement. Un des légats, l'évêque Jean, ne tarda pas à en faire l’expérience. Il était allé à Thessalonique, espérant bien obtenir l’adhésion du métropolitain Dorothée au formulaire d’Hormisdas. Sans entrer en relations directes avec l’envoyé pontifical, celui-ci lui avait dépêché l’un de ses prêtres nommé Aristide. On s'était chicané longuement sur le formulaire, et l’on s'était quitté, sans rien conclure, sur des paroles très aigres. La conférence devait reprendre le lendemain ; elle fut troublée par l’intervention de la populace, qui se rua sur Jean et tua deux de ses serviteurs. Blesse à la tête, roué de coups, le légat n’eut que le temps de se réfugier dans la basilique de Saint-Marc, où la police vint enfin le délivrer. Thiel. Episl., c. Au dire des légats, ce n'était rien moins qu’un guet-apens organisé par l'évêque du lieu, .vant l’arrivée de l’ambassadeur pontifical, Dorothée aurait agi de manière à faire croire qu’une persécution était imminente ; en dehors de toute fête baptismale, on avait conféré le baptême à plus de deux mille personnes ; on avait distribué l’eucharistie à pleines corbeilles, de ma licre que le peuple chrétien pût conserver longtemps les esiièces sacramentelles, la persécution étant sur le point de fermer les églises. Tout cela était bien fait pour surexciter le populaire.

Ilormisdas ressentit vivement l’injure faite à son légal ; il demanda que Dorothée fût immédiatement déposé et envoyé à Rome pour y être jugé. J allé, n. 8 10 ; Thiel, Episl.. cm. Sa requête ne fut pas agréée. Dorothée, convoqué à Constantinople, pour répondre de ses actes, sut intéresser à sa cause des protecteurs puissants. ' Il était parti de Thessalonique avec une somme d’argent capable d’aveugler, non seulement des hommes, mais des anacs. » Thiel. EpisL, en. {>omme il arrivait d’ordinaire à Constantinople, l’or eut raison de toutes les résistances. Dorothée, exilé d’abord à Héraclée, reçut bientôt l’autorisation de rentrer à Thessalonitjue. F.n août 520, il écrivait au pape pour se justifier et lui demander de rentrer dans sa communion. Thiel, Episl., c-xviii. La réponse d’Hormisdas est intéressante à signaler ; le pape voudrait croire à l’innocence de Dorothée, il sera heureux de le recevoir dans la connnunion romaine, ((uand il aura souscrit au formulaire imposé à tous..laffé. n. 852 ; Thiel, Episl., cxxxiv. I- ; t voilà donc i prélat important, rétabli sur son siège par ordre de l’eîuiicrcur et qui cependant n’avait point acquiescé pleinement aux professions de

foi romaine. Cela jette un jour curieux sur la politique de Justin.

S’il n'était pas facile de réduire un métropolitain de Thessalonique, à quelles oppositions ne se heurterait-on pas quand il s’agirait d’un potentat comme le patriarche d’Alexandrie ? Hormisdas suppliait Justin de déposer Timothée, un monophjsite déclaré. Il pensait assurer la succession à son légat Dioscore, originaire d’Egypte. Jaffé, n. 842 ; Thiel, EpisL, cv. Mais l’autorité du basileus dut fléchir devant celle du « Pharaon ». Timothée ne put être ébranlé ; sur la terre d’Egypte le monophysisme demeurait triomphant. Et les choses n’allaient guère mieux à Antioche. Sévère, sans doute, était en fuite, et l’on pouvait songer à mettre à sa place un prélat tout dévoué à l’orthodoxie chalcédonienne. Mais impossible d’assurer à Antioche une élection conforme aux désirs impériaux. L’empereur fit choix d’un prêtre de la capitale, nommé Paul, qui fut expédié à Antioche et consacré par quelques évêques complaisants. Thiel, Episl., lxxv. Mais la situation du nouveau patriarche n'était pas tenable ; il eût fallu nommer dans la capitale de la Syrie un personnage au-dessviî de tout soupçon ; Paul, mallieureusement, n’en était pas là. Dans ce milieu hostile les pires accusations commencèrent à couri.- sur le patriarche. Au bout de deux ans, Paul démissionna plutôt que de se soumettre à l’enquête que tous demandaient sur sa moralité. Thiel, EpisL, cxlv, cxlvi. Il eut pour successeur Euphrasius, qui commença par rayer des diptyques le pape et le concile de Chalcédoine. La crainte, sans doute, contrilnia à le rendre plus prudent par la suite ; mais il était trop visible que la force seule maintenait en Syrie l’autorité du concile de 451.

L’empereur Justin et son héritier présomptif Justinien commençaient à le comprendre, A partir de juillet 520, ils ne cessent d’insister dans leur correspondance avec Hormisdas sur les dilficultés que rencontre l'œuvre de réunion. Quelle erreur ce serait donc de les aggraver par d’inutiles exigences ! La douceur, la modération sont nécessaires si l’on veut aboutir. Thiel, EpisL, cxvi, cxx, cxxix. Il faut trancher au plus vite la controverse soulevée par les moines scythes au sujet de la formule : iiiuis de Trinitatt. passas est ; il faut surtout ne pas exiger dans toutes les cités et sans aucun discernement la radiation sur les diptyques de tous les évêques compromis de près ou de loin dans le schisme d’Acace. Qu’on supprime les noms spécialement visés dans le formulaire, rien de mieux ; mais i ! est des évêques très pieux, très populaires, qu’il est impossible d’englober dans la mêm." condamnation que les auteurs responsables du schisme. Faudra-t-il, pour une question après tout secondaire, compromettre l'œuvre d’unité ? Et la lettre de Justinicn jetait un jour étrange sur les procédés employés par l’administration impériale. Ni l’exil, ni le fer, ni le fiu n’avaient pu avoir raison de l’obstination de certaiiiN Orientaux, .ssezde supplices, disait Justinicn ; ce n’est point par les persécutions, par le sang, mais bien par la douceur qu’on aura raison des rebelles. N’allons point, sous prétexte de gagner les âmes, perdre à la fois et les âmes et les corps. Thiel, EpisL, cxx. Et une lettre du 9 septembre 520 s’exprimait avec plus de fermeté encore : « Dieu vous demandera compte du salut de tous ceux qui pourraient à iirésent être sauvés par l’esprit de douceur. » Thiel, EpisL, cxxxit.

.^u moment où ces nouvelles arrivaient à Rome, les légats avaient quitté la ville impériale quillet.520) et étaient veiuis rendre com]>te au pape du résultat de leur mission. Quelle impression donnèrent-ils à Hormisdas de la situation religieuse de l’Orient ; nous ne savons. Il semble pourtant qu’ils n’aient pas sufflsamment représenté au pontife les difficultés que créaient SCS exigences. Toujours est-il qu’Hormis<las ne dévie