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HORMISDAS

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de certain, c’est que la lettre que leur remit Anastase le 11 juillet 51 7, à l’adresse du pape Hormisdas, manquait complètement d’alTabilité. Elle se terminait par ces mots irrités : " On peut nous injurier et nous mépriser, mais nous commander, jamais. » C'était l'échec définitif des négociations avec l’empereur grec. ïhiel, EpisL, XXXVIII. En même temps la persécution contre les orthodoxes se rallumait en Orient. Jaffé, n. 800 ; Thiel, Epist., xl.

Le 9 avril 518, Anastase mourut, frappé par la foudre, si l’on en croit la tradition recueillie par les chroniqueurs byzantins et le Liber pontificuUs. En tout cas, sa mort fut assez soudaine pour qu’il n’ait pas eu le temps de régler la succession à l’empire. Ce fut le préfet du prétoire, Justin, un rude soldat, qui, malgré les intrigues de l’eunuque Amantios, réussit à se faire proclamer empereur par le sénat et par le peuple. Justin était un partisan décidé de la foi chalcédonienne ; en même temps qu’il montait sur le trône, Vitalien, l’ancien rival d’Anastase, revenait au pouvoir. Le neveu de l’empereur, Justinien, partageait, en matière d’orthodoxie, les idées de Justin et de Vitalien. Toute la politique de ces trois personnages allait converger vers un seul but : le rétablissement des relations entre l’ancienne Rome et la nouvelle.

Dans l'Église même de Constanlinople, quelque chose aussi était changé. Au patriarche Timothée, monophysite décidé, avait succédé Jean le Cappadocien, orthodoxe de désir, bien qu’un peu timide dans l’expression de ses sentiments. Le peuple de Constantinople se chargea de le rappeler à une plus saine appréciation de son devoir. Le 15 et le 16 juillet (c'était peu de temps, ce semble, après l’accession au trône de Justin) la populace se précipita dans la cathédrale et, après avoir longuement acclamé l’empereur et l’Augusta, elle exigea de son évêque une profession de foi nettement chalcédonienne, l’excommunication des eutychiens et tout spécialement de Sévère, l'évêque intrus d’Antioche, enfin le rétablissement dans les diptyques des noms du pape Léon et des patriarches Euphémius et Macédonius, déposés sous. aslase pour leur attachement à la foi orthodoxe. L’archevêque Jean ne put que s’exécuter. 'Voir un récit détaillé de la scène dans les actes d’un concile de Constanlinople de 536, Mansi, Concil., t. viii. col. 1057-1065. Ce que l’opinion publique obtenait dans la capitale, l’autorité impériale le réalisait dans les provinces. Un premier édit ordonnait le rétablissement des évêques exilés par Anastase et la reconnaissance par toutes les Églises de la profession de Chalcédoine. Un second déclarait les hérétiques incapables de tout office public, civil ou militaire, et ordonnait la déposition de tous les hétérodoxes. Sévère d’Antioche était décrété de prise de corps ; il n’eut que le temps de fuir à Alexandrie, la citadelle du monophysisme. La manière forte eut raison de bien des résistances. Les choses étant ainsi disposées, il ne restait plus qu'à s’adresser à Rome. C’est ce que firent en septembre 518 les trois hauts personnages dont dépendait maintenant l’avenir religieux de l’Orient : l’empereur Justin, son neveu Justinien, et le patriarche Jean. Thiel, Epist., xlii, xliv, xliii. On demandait instamment au pape d’envoyer à Constanlinople une légation animée de sentiments pacifiques ; le Tome de Léon et le formulaire de Chalcédoine étant acceptés sans aucune difficulté, la seule question qui resterait à régler serait celle de l’excommunication posthume d’Acace.

Sur ce dernier point Hormisdas se montrerait inflexible, les lettres envoyées par lui en décembre 518 et. en janvier 519 ne laissaient aucun doute sur sa résolution. « Recevoir le Tome de Léon et maintenir dans les diptyques le nom d’Acace, ce sont choses contradictoires, » écrivait-il au patriarche. Jaflé, n. 803 ;

Thiel, Epist., xlvii. Et les instructions remises aux légats accentuaient encore cette intransigeance. Ce n'était pas seulement Acace dont les envoj'és pontificaux avaient ordre de presser la radiation ; ceux même de ses successeurs qui avaient été orthodoxes et qui avaient soulTert pour la foi de Chalcédoine étaient englobés dans la même condamnation, pour n’avoir point cherché à se réconcilier avec le siège romain. Si les autorités byzantines acceptaient la radiation d’Acace, mais faisaient des difficultés pour celle d’Euphémius et de Macédonius, les légats devaient alléguer d’abord le texte du formulaire précédemment soumis à la signature des Orientaux. Il ne leur était loisible d’en rien modifier. A l’extrême rigueur, on pourrait dans la formule d’anathème taire les noms des deux prélats orthodoxes ; mais ils devraient néanmoins disparaître des diptyques de l'Église. Enfin les légats ne devraient rien négliger pour assurer la publicité des soumissions demandées aux évêques orientaux et à leurs chefs. JafTé, n. 805 ; Thiel, Epist., xlv. Il semblait que croissaient les exigences de Rome en même temps que s’affirmaient les désirs d’union des Orientaux. Mais ce n'était qu’une apparence. L’anathème porté contre tous les schismatiques était déjà inscrit dans le formulaire de 515. C'étaient les événements de juillet 518 qui avaient attiré l’attention sur Euphémius et Macédonius. A Rome on ne se rendait pas bien compte que leur rétablissement dans les diptj’ques était une manifestation d’orthodoxie et de désir d’union ; les byzantins comprendraient-ils que cette même orthodoxie exigeait maintenant la radiation de ces mêmes prélats ?

En janvier 519, les deux évêques Germain et Jean, le prêtre Blandin, les diacres Félix et Dioscore partaient de Rome pour Constanlinople. Sur leur chemin, ils recueillaient dans tout l’Illyricum les adhésions des évêques au formulaire d’Hormisdas. Thiel, Epist., Lix, Lx, Lxiii. Le lundi de la semaine sainte, ils étaient arrivés dans la capitale. L’accueil fut magnifique et tel que pouvait le souhaiter Hormisdas. Dès le mercredi saint l’entente était complète entre le patriarche et les légats du pape. Le jeudi, le patriarche était venu au palais impérial, avait signé le formulaire ; au milieu des acclamations et des larmes de joie de tout le peuple, on s'était rendu à la cathédrale pour célébrer le di’in sacrifice, et tous avaient pu remarquer que les noms d’Acace et de ses successeurs, voire ceux des empereurs Anastase et Zenon, avaient été omis dans la lecture des diptyques. « Par vos prières, écrivaient les légats à Hormisdas, la paix est rendue aux cœurs chrétiens, il n’y a plus dans l'Église qu’une seule âme, qu’une seule joie. Seul en gémit l’ennemi du genre humain, terrassé par votre piété. » Thiel, Epist., lxiv.

Au vrai, les choses avaient été moins faciles que ne semblait le dire la dépêche officielle des légats. Dans une lettre particulière, le diacre Dioscore, qui semble avoir joué dans toute l’affaire un rôle considérable, mandait à son maître que l’archevêque Jean avait voulu substituer au formulaire d’Hormisdas, dont on lui demandait la signature pure et simple, une profession de foi de son cru. Après une longue discussion, il avait été convenu qu’il rédigerait seulement un court préambule auquel il ajouterait le formulaire. Thiel, Epist., Lxv. On ne comprend même pas bien comment les légats pontificaux acceptèrent cette transaction. Le préambule de Jean ne reniait rien des prétentions excessives de l'Église de Constantinople, et semblait mettre sur le même pied l’ancienne et la nouvelle Rome. Sandissimas enim Dei ecclesias, id cst, superioris veslræ et novcllæ istius Romæ, unam esse accipio illani scdem apostoli Pétri et istius aiignstee civitatis unam esse (icfinio. Le patriarche déclarait adhérer aux quatre conciles ; or jusqii’ici Rome n’avait jamais officielle i