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IlORMISDAS


Zenon toutes les conséquence ;, qu’il comporlail ; il en vint bientôt aux pires excès, du jour surtout où l’empereur Anastase (491-518) eut succédé à Zenon. Deux patriarches de Constantinople, Euphémius et Macédonius, furent successivement déposés en 496 et en 511 pour avoir voulu contrecarrer la politique monophysite du prince ; Fiavicn à Anlioche, Elias à Jérusalem durent céder la place aux antichalcédoniens les plus déclarés. Une lois de plus, dans les solitudes de Syrie et de Palestine, les moines orthodoxes payèrent de leur vie leur lidélité au Tome de Léon.

Une telle politique eut pour cflet de faire réfléchir les orthodoxes, nombreux encore dans tout l’Orient, et tout particulièrement puissants à Constantinople. Le seul moyen d’empêcher le triomphe définitif du monophysisme, c'était de se réconcilier avec Rome et d’implorer contre l’hérésie grandissante l’appui de l’Occident dialcédonien. Qu’il le voulût ou non, l’empereur Anastase devait compter avec le parti de la paix-des négociations furent commencées avec le pape Anastase H (496-498), fort porté à la conciliation : la mort prématurée de ce pontife vint tout arrêter : les exigences du successeur d' Anastase II, Symmaque, eurent pour efl’et de rejeter l’empereur vers le monophysisme le plus strict. Telle était la situation quand, ea'514, Hormisdas monta sur le siège pontilical.

Mais la politique de l’empereur Anastase n’avait fait qu’irriter les orthodoxes décidés. En 512, l'émeule avait grondé dans les rues de Constantinople ; Anastase avait été sur le point d’abdiquer. Deux ans plus tard. Vitalien, un général d’origine barbare, levait dans les provinces du^ Danube l'étendard de la révolte. La défense de la foi orthodoxe n'était peut-être pas la première de ses préoccupations ; il lui sembla néanmoins de bonne guerre de se proclamer le défenseur du concile de Chalcédoine. C'était le moyen de rallier à sa cause tout ce que l’Orient comptait d’orthodoxes mécontents. Quand parurent sous les murs de Constantinople les 50 000 barbares de Vitalien, il fallut bien qu' Anastase se décidât à promettre la fin de la persécution, la restauration des évêques exilés, la réumon a Héraclée d’un grand concile où l’on inviterait le pape et où se réglerait l’union de l’Occident et de l’Orient. Anastase fit semblant de tenir parole. A la fin de 514 et au début de 515, des lettres partaient pour Rome, annonçant à Hormisdas l’intention qu’avait l’empereur de réunir un concile à Héraclée d’Europe ; on V discuterait les questions en litige, le pape était prié" d’y vouloir bien assister ; on attendrait son arrivée jusqu’au 1° juillet Thiel, Epist., i et ii. Au même moment les évêques de l’Illyricum faisaient savoir par Dorothée, métropolitain de Thessalonique, qu’ils desiraient ardemment la réunion à l'Église romaine, qu ils lui étaient profondément attachés, qu’ils détestaient comme elle les doctrines d’Eutychès et de Nestorius. Thiel Epist.. m. Rien ne pouvait s’imaginer de plus délicat que la situation d’Hormisdas. On ne pouvait rejeter les propositions impériales, quelques doutes qu’on pût avoir sur leur sincérité ; d’autre part, la réunion d’un concile n’allait pas sans difficultés ; on avait vu comme avait tourné la réunion d’Ephesc en 449, comme avait failli tourner celle de Chalcédoine. Il n’y avait point d’exemple d’un pape quittant Rome poiu-assister à un concile d’Orient. Quelle figure y ferait-il. et quelle place lui serait attribuée ? Le concile remettrait-il en question, comme semblait l’annoncer la lettre impériale, les définitions solennelles enregistrées à Chalcédoine ?

Le pape ne pouvait que temporiser. L’ouverture du concile était fixée au 1° juillet 515 ; c’est seulement le 8 juillet qu’Hormisdas envoyait sa réponse aux suggestions d’Anastase. Jafîé, n. 773 ; Thiel, Epist, vi. I louait le zèle de l’empereur pour la foi orthodoxe, et

annonçait 1 envoi prochain de légats, qui feraient connaître a Constantinople ses intentions relatives à la tenue du concile. Le 11 août partait de Rome la légation romaine ; elle comprenait deux évêques, Ennodius de Pavie et Fortunatus de Catane, le prêtre Venaulius le diacre Vital et le notaire Hilaire. Des instructions extrêmement précises leur avaient été remises par la chancellerie pontificale. Elles expriment au mieux l’attitude qu’allait prendre llomiisdas dans cette grave question de l’union des Églises. Les légats devront faire montre à l’endroit de l'épiscopat grec de la plus grande courtoisie, mais aussi de la plus absolue réserve ; ils devront éviter en particulier de faire aucune démarche qui impliquerait la reconnaissance par Rome de personnages suspects ou contestés. Cette précaution s’imposait tout particulièrement à l’endroit de Timothée, l'évêque intrus de la ville impériale. Que si des évêques témoignaient le désir de se réconcilier personnellement avec le siège de Rome, rien n'était plus simple ; ils n’avaient qu'à signer le formulaire annexé aux instructions des légats. Si quelques plaintes étaient articulées contre des évêques antichalcédoniens, les légats devaient les recevoir, en réservant la sentence définitive au jugement du siège apostolique. A ce même siège était réservé le jugement des évêques exilés mais au préalable l’empereur devait les rappeler. La pièce se terminait par le célèbre formulaire, qui portera désormais le nom d’Hormisdas, et qui sera durant toute cette affaire la tessère même de l’orthodoxie. Le signer sans ambages, c'était rentrer dans la comuiu lion de l'Église romaine, les légats ne devaient point admettre d’explications ni de discussions ; la signature pure et simple était exigée. Voici la teneur de cette formule de foi, dont il a été plusieurs fois question lors des discussions sur l’infaillibilité du pape, et que le concile du Vatican a citée dans la constitution Pastor œternus.

Prima salus est regulam rectae ficlei custodire et a constitutis Patrum nuUatenus deviare. Et quia non potest Domini nostri Jesu Christi præterniitti sententia dicentis : Tu es Pelrus, etc. Hsec quæ dicta sunt rerum probantur effcctibus, quia in sede apostolica citra maculam semper est cathoUca servata religio. De qua spe et fide minime separari cupientos et Patrum sequentes constituta, anathematizamus ouines hæreses, priecipue Nestorium hæreticum, qui quondam Constantinopolilan » fuit iirbis episcopus, dainuatuni in concilie Ephesino a beato Cælestino papa urbis Roma ; et a viro Cyrille Alexandrinse ciitatis antistite. Similiter anathematizantes et Eutychem et Dioscorum.lexandrinum in sancta synodo, quain sequimur et aniplectimur, Chalccdonensi damnatos, quae secuta sanctum concilium Nicœnum fidem apostolicani prîedicavit, detestamur et Timotheiim parricidani. /lîlurum cognomento, discipulum quoque illius et sequacem in omnibus Pctrum Alexandrinum. Condemnamus etiam et anathematizamus.cacium Constantinopolitanum quondam


La première condition pour être sauvé, c’est de garder la règle de la loi orthodoxe et de ne s'écarter en rien des constitutions des Pères. Et l’on ne peut non plus passer sous silence l’affirmation de Notre Seigneur Jésus-Clirist, qui a dit : « Tu es Pierre. » Cette parole s’est vérifiée dans la réalité, car c’est dans le siège apostolique que s’est toujours conservée sans tache la religion catholique. Ne voulant donc point nous séparer de cette espérance et de cette foi, attachés aussi aux constitutions des Pères, nous anathématisons toutes les hérésies, et spécialement l’hérétique Nestorius, jadis évoque de Constantinople, condamné au concile d'Éphése par le bienheureux Célestin, pape de Rome, et par CjTille, évêque d’Alexandrie. Semblablement nous anathématisons Eutychès et Dioscore d’Alexandrie, condamnés l’un et l’autre au saint concile de Chalcédoine, que nous suivons et embrassons, et qui. marchant sur les traces du saint concile de Nicée, a proclamé la foi apostolique. Nous maudissons également Timothée le meurtrier, surnommé Élure, disciple de Dioscore, et Pierre