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et l’essence du pouvoir de l'Église, Paris, 1791, cl quelques ouvrages d’histoire profane.

Nouvelles ecclésiastiques, 1762, 1763 ; Almanach royal, 1743 ; Fellor, liiclionnaire historique ; Gillow, Bibliographical dictionary o] JZuglish catholics ; Diclionary o/ national biograjihy ; Culholic encyclopedia ; Revue pratique d’apologétique, juillet 1909.

A. Gâtai d.

    1. HOPKINS Samuel##


HOPKINS Samuel. — I. Vie. II. Doctrine. III. Inlluciut'.

I. Vie.

N(. en 1721 à Walerburg, dans l'État de Connecticut (États-Unis), S. Hopkins fit ses études au collèiie de Yale à New Haven, et plus tard étudia la theolosiie sous la direction du célèbre Edwards (Jonathas), ministre congrégationaliste, qui eut sur le développement de ses idées une influence considérable. Il exerça successivement le ministère dans deux paroisses, Grcat Barrington (Massachusetts) el Newport (Rhode Island), où il mourut en 1803. Pasteur zélé, il évangélisa non pas senlement les membres de sa congrégation, mais encore les Indiens da voisinage, et s’intéressa beaucoup à la cause des noirs et à leur libération. Mais 11 fut surtout un infatigable écrivain, travaillant parfois dix-huit heures par jour. Outre de nombreux sermons, il publia [dusieurs traités théologiques, entre autres : The wisdom of God in the permission of sin (La sagesse de Dieu en permettant le péché) ; The truc state and characler of Ihc unregenerate (Du véritable état et condition des nonrégénérés) ; An inquiry concerning the future state of those ivho die in their sins (Élude sur l'éted futur de ceux qui meurent dans le péché) ; A System o/ doctrines containcd in divine révélation (Synthèse des doctrines contenues dans la révélation).

II. Doctrine.

Sa doctrine est une sorte de

« calvinisme mitif, é ». Voir Calvinisme, t. ir, col.

1398-1421. Il appartient en effet à cette secte des

« congrégationalistes » qui était alors fort nombrei ; se

dans la Nouvelle-Angleterre, et qui, à cette époque, admettait sur presque tous les points, sauf sur la question de la constitution ecclésiastique, les doctrines de Calvin telles qu’elles avaient été formulées en Angleterre dans la Confession de Westminster. Mais son bon sens américain et son amour inné pour la liberté ne lui permirent pas de retenir le déterminisme et le pessimisme du théologien de Genève. Sans doute il insiste, comme celui-ci, sur les droits de Dieu, sa souveraineté absolue, la prédestination gratuite des uns et la réprobation des autres ; mais il s’efïorce de concilier ces doctrines avec la bonté de Dieu et la liberté humaine ; par là il se rapproche des arminiens. Voir t. i, col. 196cS-1971. Voici le résumé de sa doctrine : 1° Tous les attributs moraux de Dieu se résument en sa bonté, sa justice elle-même n'étant qu’une manifestation de sa bienveillance à l'égard de l’ensemble des créatures. 2° Jésus est mort pour tous les hommes, et non pour les seuls élus ; il nous a rachetés, non pas en subissant le châtiment légal mérité par les pécheurs, mais en glorifiant Dieu et ses attributs par ses souffrances et surtout par sa mort. 3° Tout homme est libre et peut choisir entre le bien et le mal ; on ne peut lui imposer ce qu’il n’a pas le pouvoir d’accomplir. 4° Toutefois cette liberté n’exclut pas l’action de Dieu, qui, par ses décrets et sa coopération, contribue au bien et au mal que nous faisons. Si Dieu permet le mal, et même y concourt, c’est toujours en vue d’un plus grand bien. 5° Avant la justification, les actes de l’homme sont tous des péchés (en cela il se rattache à Calvin), non pas sans doute en ce sens que l’homme pèche nécessairement, mais parce que, dépourvu de grâce, il pèche infailliblement. Il faut donc l’exhorter à se convertir immédiatement, à se faire un cœur nouveau, afin qu’il

puisse ainsi s’abslenir du péché. S’il meurt dans son péché, c’est sa faute, puisqu’il peut se convertir avec l’aide de la grâce ; il doit donc bénir la main qui le frappe et admirer la justice divine, qui ne le châtie que pour le plus grand bien de l’univers. G" La justification est un changement de cœur produit par l’intervention spéciale du Saint-Esprit. Quand une fois l’honnne est régénéré, il peut laire le bien et il le fait infailliblement ; sans doute il peut en soi perdre la foi et faire le mal, puisqu’il demeure libre ; mais, aidé par la grâce, il est assuré de faire le bien et de se sauver. Ainsi donc Hopkins garde du calvinisme tout ce qui n’est pas opposé à la bonté de Dieu et à la liberté humaine, sans toutefois montrer comment cette bonté se concilie avec la réprobation d’un grand nombre d’hommes, et comment, sous l’action de la grâce, l’homme régénéré fait toujours le bien sans perdre la liberté.

III. Influence.

Par sa pondération ce système de Hopkins répondait bien au sens droit des populations de la Nouvelle-Angleterre, qui, tout en étant attachées au puritanisme, avaient fui la mère-patrie pour y trouver plus de liberté. Il fut bien accueilli par J. Edwards, qui y reconnut plusieurs des idées inculquées à son ancien élève, et par des théologiens de valeur, tels que les docteurs Bellamy, Stephen West, Nathanæl, Emmons et Samuel Spring. On commença à l’appeler hopkinsianism ou système de Hopkins, du vivant même de l’auteur ; ou système

« d’Edwards », à cause du rôle important qu’avait

eu celui-ci dans l'éducation de Hopkins. Bientôt il fut connu sous le nom de « théologie de la Nouvellevngleterre » (New England theology), parce qu’il se propagea rapidement dans cette partie des ÉtatsUnis ; el lorsqu’il fut introduit en Angleterre par André Fuller et Robert Hall, on lui donna le nom de 11 théologie américaine ». Plusieurs de ceux qui l’adoptèrent y introduisirent de légères modifications, entre autres le docteur Emmons, Asa Burton, Nathaniel Taylor et Charles Finney, mais sans en altérer l’esprit.

Il s’est perpétué dans une école célèbre de théologie, V Andovcr theological scminary, fondée au début, du xixe siècle et qui subsiste encore de nos jours. Cette fondation fut le résultat d’un compromis entre les calvinistes modérés, qui désiraient conserver dans son intégrité la Confession de Westminster, et les disciples de Hopkins, qui voulaient en adoucir les formules trop rigides. Au fond, ces derniers l’emportèrent, puisqu’en fait les formules de Westminster furent adoucies dans le Credo d’Andover, mais un peu moins cependant qu’elles ne l’avaient été dans les œuvres de Hopkins. En somme, ce compromis mit une certaine unité parmi les calvinistes de la Nouvelle-Angleterre, en faisant disparaître ce qu’il y avait de trop dur dans leurs premiers symboles. Grande a été l’activité littéraire d’Andover : de ses presses sont sorties des œuvres nombreuses et d’une valeur réelle : des grammaires hébraïques, des commentaires sur l'Écriture sainte, des traités de philosophie et de théologie, et deu.x revues bibUques : ['American biblical repository et la Bibliothcca sacra. C’est dans ces diverses puI)lications qu’on peut se rendre compte des modifications subies au cours des temps par les premières théories de Samuel Hopkins.

Outre les ouvrages de S. Hopkins déjà signalés, voir ceux de son maître le président Edwards et de ses principaux disciples, ainsi que leurs biographies : Edwards, God glorifîed in man’s dependence, 1731 ; An essay on Ihe freedoni o/ tlie will, 1754 ; The great cliristian doctrine of original sin. 1758 ; D' Stephen West, Autobiography of D' Hopkins ; J. Ferguson, A memoir of D' Hopkins, 1830 ; Ed. A. Park, A memoir of D' Hopkins, 1854 ; J. Bellamy, True religion