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HONORIUS AUGLSTODI’NENSIS — HOOKE


de savoir ce que devient le corps eucharistique du Sauveur quand il est reçu par d’autres que par les fidèles bien disposés. U Elucklariiim avait donné sur ce point une réponse bizarre. « Les pécheurs, demandent les disciples, reçoivent-ils le corps du Seigneur ? Seuls les fils de Dieu, répond le maître, reçoivent le corps du Christ ; quant à ceux qui ne demeurent pas dans le Christ, ils paraissent sans doute approcher de leurs lèvres ce corps précieux, mais ils ne reçoivent pas le corps de Jésus, bien au contraire ils mangent et boivent leur condamnation. Quant au corps du Chi-ist, il est porté au ciel par les anges. » Corpus autem Christi per manus angclorum in cxliun de/ertar. P. L., t. clxxii, col. 1131. Cette solution un peu enfantine est transposée en une explication toute philosophique dans V Eucharislion. La chair du Ciirist, dans ces conditions, est réintégrée dans la substance (supposée partout présente) du Christ : Caro Christi ab lus (des animaux par exemple) comesla sic in snbstanliam Christi Iransfcrri crcditur, sicut ab infîdelibus vcl ab indignis catholicis sumpLa in csseniium Christi commuluri non dubitatur. P. L., t. CLXXII. col. 1255.

Dans le problème si redoutable de la prédestination, Honorius a suivi avec une raideur imperturbable la doctrine de saint Augustin. La première édition de V Incvilabilepropose sans aucune atténuation latliéorie de la massa daninala dans laquelle, par un libre décret, antécédant à toute considération de mérite. Dieu choisit ceux qu’il a résolu de sauver.

Pas plus qu’Augustin d’ailleurs, Honorius n’a reculé devant l’idéal même de la prédestination à la mort. Pev (/raliam Dei pnedeslinalio l’ila ; adipiscitur, perliberuni autem arbilrium morlis pracdvslinalio pcr/(C(7ur. Nous avons déjà eu l’occasion d’indiquer comment le contact avec saint Anselme a amené le solitaire de Ratisbonne à atténuer quelque peu la raideur de ses premières déductions. La seconde édition de V Inevilabile laisse qiielque part dans le décret divin à la prévision des mérites. P. L., t. ci.xxi-, col. 11981 199. De même, pense Honorius, les réprouvés ne sont devenus tels que pour avoir méprisé les grâces divines qui leur furent offertes. L’idée, sinon l’expression, de grâce sulllsante est assez nettement indiquée. Ibid ; col. r209. Il va sans dire qu’Honorius est loin d’avoir trouvé une solution même approchée de l’insoluble problème.

Une immense cuiiosité, une touchante application à soulever les questions difficiles, une candeur un peu naïve dans la recherche des solutions, avec parfois une véritable inconscience du danger qu’il fait courir aux doctrines traditionnelles, ainsi pourrait-on caractériser Honorius comme théologien. Et les mêmes caractéristiques conviendraient à tout l’homme. Ce jugement serait trop sévère s’il ne se tempérait par la considération des services qu’il a rendus en mettant a la portée de beaucoup une science qui jusque-là demeurait le privilège de quelques-uns. La préoccupation d’Honorius d'élever le niveau moral et intellectuel du clergé de son époque, fait de lui une <les plus attachantes figures de ce xiie siècle qui en compte tant et de si grandes.

Le point de vue ancien sur la personne et l'œuvre d’IIonorius est représenté au mieux par la notice de l’Histoire litUtraire de la France, t. xir, p. 165 sq.

Les recliorrhps modernes sont inaugurées par R. Wilinans, dans la préfacc de son édition de la Siimma toliux et de l’Imago tnundi, dans Monumenla GernianiiF hislorica, Srriiitureu, t. x, p. 12.'). Vient ensuite V. Scliercr, dans Zeilschrili /ûr oiJerreicJiische (it/ninnsirn, 1808, t. xix, p. 5t>7 stj. ; O. Doberenlz, dans Zeilschrift far deuLscIte Philohflie, t. xii, p. 27.T sq. ; R. Cruel, Geschichte der deutschen Prrdigl im Mittr.UiHer, Detmold, 1879, p. 129 sq. ; VA. Schrô'1er, dans Anzeiger fiiT deuVicUcs Allerium, 1881, t. iiv p. 178 iq. ; Statonik met toutes ers données au point dans le

Kircltenle^ikon, 1887, t. vi, p. 207 sq. ; 11. Watleivbach, Gexchichtsquellen Deutscldands, 1854, t. ii, p. 259 sq. ; J. Dietericli, dans la préface de son édition de l’O/fendiculum. Monumenla Germaniee historien. De lile imperutoriim et pontipcum, Hanovre, 1857, t. iii, p. 29-80 ; H. Schiadebach, Dus Ehicidarium des Honorius Augustodunensis und der franzôsisclie melrisck ? Lucidairr des XIII Jahrhunderis von Gillibert de Cambraij (dissert.), in-8'>, Leipzig, 1884.

A partir de 1901 se succèdent à l’Académie de Vienne les communications de J. von Kelle relatives à Honorius : Ueber Honorius Augusiodunensis und das Elucidarium, dans Silzungsberichle der Wiener Akademie, t. cxLiii ; Untersuchungen iiber das Spéculum Ecclesiæ und die Libri deflorationum des Abtes Wcrner, ibid., t. cxi.v ; Untcrsurhuugen iiber das OffendicuUun des Honorius und sein ^'erlidllniss zu den gleiclifalls einem Honorius zugescl ricbenen Eucharisiion, samt zu den deutschen Gedichten, Gehugde und Pfef/enleben, ibid., t. cxLviri, contient aussi une édition de l’OI/endiculum ; Uniersucliungen iiber das Honorius Inevitabile sive de priedestinalione et libero arbilrio dialogus, avec une édition de ce traité, ibid., t. et ; Untersuchungen iiber den nicht nachweisbaren Honorius Augusiodunensis ecclesia : presbyter et scholaslicus und die ihm zugeschriebaxen WerUe, ibid., t. clii.

J. A. Endies a répondu successivement aux diverses communications de J. von Kelle : Honorius Augusiodunensis und sein Ebicidiu-ium, dans H istorieh-politische Blàtter, 1902, t. cxxx, p. 169 sq. ; Das St. Jakobsportal in Regensburg und Honorius Augusiodunensis, Kempten et Munich, 1903 ; articles crititiues, dans Historisches Jahrbuch, 190.3, t. xxiv, p. 826 sq. ; 1905, t. xxvi. p. 783-785 ; enfin une étude d’ensemble : Honorius Augusiodunensis, Beitrag zur Geschichle der geistigen Lebens im 12 Jahrhundert, Kempten et Munich, 1906.

I. Baumker, Das Ittevitubile des Hoîiorius Augusiodunensis und dessen Lehre iiber das Zusammenwirken von Wille und Gnade. dans Bfilràge zur Geschichle der Philosophie des M. A., Munich, 1911, t. xiii, lasc. 6, a quelques aperçus sur la biographie d’IIonorius.

Comme ouvrage d’ensemble : A. llauck, Kircbengescbichte Deutschlands, Leipzig, 1903, t. r', p. 430 sq. ; M.Grabmann. Die Geschichle der scholastisclten Méthode, Fribourgen-Biisgau, 1911, t. ii ; J. de Ghellinck, Le mouvement Ihéologique du XW siècle, Paris, 1914.

Comme monographie française récente je n’ai relevé que celle de l’abbé C. Daux, Un scholastique du Xlle siècle trop oublié. Honoré d’Auiun, dans la Revue des sciences ecclésiastiques et Science catholique, 1907, p. 737-758, 858-884, 9741002, 1071-1080.

iZ. Amaxii.

HONTHEiM (Jean-Chrysostome-Nicotas *de).

Voir F'ÉBnoNii’s, t. v, col. '2115-212 1.

    1. HOOKE Luc-Joseph##


HOOKE Luc-Joseph, théologien catholicpie irlandais, naquit à Dublin en 1716. A cause des lois pénales qui ne permettaient pas de donner une éducation catholique en Irlande, son père, historien de renom, l’envoya à Paris, où il fut éleé à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Il reçut le bonnet de docteur en 1730, et en 1742 fut promu à une chaire de théologie en Sorbonne, oii il acquit bientôt une grande rcpiitation. Une imiirudence le fit priver de sa chaire en 1752, et, bien que le décret fût rapporté, il ne put jamais l’occuper en paix, et il fut obligé de se démettre. Il devint curateur de la bibliothèque Mazarine, poste f[u’il occupa jusciu’en 1791 ; il dut le quitter parce qu’il refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé. Il se retira â Saint-Cloud, où il mourut en 179(1.

Son ouvrage principal est : Reliyionis naliiralis ri revclafæ principia, Paris, 1752 ; réédité et annoté par le bénédictin Brewcr. Paris, 1771, et réimprimé aux t. Il et m du Thealoijiic cursus cvmplcliis deMigne. Cet ouvrage fut le premier traité Dr rrvelatione : il en donne, dit Mgr Doi : ais, les grandes lignes, la méthode et les matériaux. Ilooke fut l’auteur de la Critique dr l’Emile, (m fut itubliéc, avec de légères modifications, par ordre de la faculté de théologie de la Sorbonne, en 1762. Il écrivit aussi Principes surin nnfiirr