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HONORIUS AUGUSTODUNENSIS


23" Liber de liœresibus, P. /, ., t. clxxii, col. 233240. — Cet opuscule se donne comme la continuation du De liiminarihiis ; après les grands flambeaux de l'Église, les misérables qui par la fumée de leurs hérésies obscurcissent ces lumières. Source : le VI11'= livre des Élymologies d’Isidore de Séville, De Ecclesia et scclis diucrsis, c. iii-vi.

24° De solis e/ledibus, P.L., t. clxxii, col. 101-116. — L’authenticité est plus que douteuse. C’est un abrégé d’astronomie sur les diverses positions du soleil.

25° De decem plagis ^gypti spiritualiler, P. L., t. CLXxir, col. 265-269, explication allégorique des dix plaies d’Egypte, qu’on retrouve presque identique dans le Spéculum Ecclesiæ. Ibid., col. 1048.

26° Scala cmli minor, P. L., t. clxxii, col. 12391242. C’est une glose sur les divers degrés de la charité, que l’on trouve également dans le Spéculum. Ibid., col. 869-872.

27° Liber duodecim quæsiionum, P. L., t. clxxii, col. 1177-1186. — Opuscule à un certain Thomas, où quelques-uns ont voulu découvrir l’illustre archevêque de Cantorbéry. Ce curieux petit traité fait allusion à la querelle alors fort vive entre les chanoines réguliers et les ordres monastiques. La préséance semble donnée aux réguliers ; diverses questions théologiques secondaires y sont également soulevées.

28° Quæstiones oclo de angelo et hominc, P. L., t. clxxii, col. 1185-1192. — Serait authentique, à en juger par la ressemblance avec V Elucidarium et d’autres traités. Cet opuscule soulève les deux graves questions débattues à l'époque. La création de l’homme a-t-elle eu pour but de compléter le nombre des anges, diminué par la révolte de Satan et des siens ? Si le péché originel n’avait pas eu lieu, le Verbe se serait-il incarné?

29° De animée exilio et patria, P. L., t. clxxii, col. 1242-1246. — N’est pas, comme son titre pourrait le faire supposer, un traité mystique. L’exil de l’homme, c’est l’ignorance ; la patrie, c’est la sagesse : on passe de l’un dans l’autre par les arts libéraux. Le traité est important en ce qu’il montre la place que tiennent les arts libéraux dans la formation tl.éologique et philosophique des contemporains d’Honorius.

30° De libero arbilrio, P. L., t. clxxii, col. 12231230. — Ce petit traité, dont l’authenticité ne paraît pas contestable, revient sur la question de la liberté, déjà étudiée dans V Elucidarium et V Inev Habile. La pensée d’Honorius s’y montre néanmoins plus nette ; elle se sépai’e des fatalistes, qui nient toute espèce de libre arbitre, et de ceux qui attribueraient à l’homme une liberté absolue et illimitée. Les idées sont celles que saint Anselme avait popularisées dans le monde théologique.

31° Mentionnons enfin comme production authentique d’Honorius un traité : Utrum monachis liceat preedicare, publié par Endres, Honorius Augustodunensis, p. 147 sq. A l'époque d’Honorius un changement considérable se produisait dans l’idéal monastique. Le moine ne veut plus seulement s’occuper dans le silence et la retraite de sa sanctification personnelle, il veut travailler, lui aussi, comme le prêtre séculier, au salut du peuple chrétien : mais il se heurte ici à la résistance du clergé, qui prétend le confiner dans son cloître et lui interdire la prédication et l’administration des sacrements. D’où une assez vive querelle qui commence au milieu du xii° siècle et deviendra particulièrement chaude après la naissance des ordres mendiants Honorius, dans cet opuscule, soutient énergiquement le droit des moines à s’occuper du salut des âmes : l’ordination fait d’eux les égaux des prêtres en pouvoir, la profession les rend supérieurs à ceux-ci en dignité.

Le tout petit opuscule. De vita claustrali, P. L., t. clxxii, col. 1241-1248, qui a toutes chances d'être

authentique, compléterait assez naturellement le traité précédent.

Les mss attribuent encore à Honorius un commentaire sur les Proverbes et sur l’Ecdésiaste : Quæsdones et ad casdem rcsponsiones in duos Salomonis libros, Provcrbia et Ecclesiasten, P. L., t. clxxii, col. 311-348. Corneille de la Pierre avait déjà remarqué que ce livre ne didère pas du commentaire composé par Salonius, évêque de Genève, au milieu du xe siècle et publié dans P. L., t. lui, col. 967-1012.

Quant au De philosophia mundi, que la P. L. donne en tête des œuvres d’Honorius, t. clxxii, col. 39-102, tout le monde est d’accord aujourd’hui pour l’attribuer ' à Guillaume de Couches († 1154). Par le fait même le commentaire sur le Timée de Platon, retrouvé par Victor Cousin et attribué par lui à Honorius, à cause de la ressemblance entre ce traité et le De philosophia mundi, doit être également restitué à Guillaume. Les citations de Cousin dans P. L., t. clxxii, col. 245-252.

III. Ses idées. — Deux raisons nous invitent à étudier d’assez près les idées d’Honorius. Il vit à une époque où l’activité pliilosophique et thôologique, endormie depuis la renaissance carolingienne, commence à se réveiller ; une foule de questions se soulèvent toutes ensemble, auxquelles les plus savants essaient de donner une réponse immédiate. Ces réponses ne seront pas toujours celles de la philosophie et de la théologie classiques du xiiiie siècle. Honorius est tout à fait représentatif de cette activité un peu désordonnée et fébrile du xii"e siècle, dont Abélard, son contemporain, est le type le plus marquant. La synthèse qu’il élabore est aussi fragile par beaucoup de ses points que la systématisation hardie que propose au même moment le philosophe du Pallet. Néanmoins l’influence d’Honorius sera considérable, non seulement sur ses contemporains immédiats, mais encore et surtout sur la postérité. Nous avons signalé la vogue qu’eurent plusieurs de ses écrits, notamment V Elucidarium et le Spéculum Ecclesise. Cette vogue s’expUque par le caractère même de l'œuvre d’Honorius. Dépourvu d’originalité, mais liseur infatigable, le solitaire s'était donné pour tâche de vulgariser, parmi le clergé si ignorant de son époque, les connaissances indispensables à l’honnête homme et à l’ecclésiastique conscient de son devoir. Cette tâche, il l’a admirablement remplie, et si elle a oublié son nom et sa personne, la postérité s’est grandement inspirée de son œuvre. Il y aurait toute une histoire à écrire, de l’influence d’Honorius dans le domaine de la prédication, de la poésie et de l’art. Nous n’avons pas à nous en préoccuper ici, nous nous contenterons de mentionner les points marquants de son activité philosophique et théologique.

La synthèse d’Honorius.

- C’est un des traits

principaux de la scolastique que le penchant à la synthèse. Le spéculateur médiéval n’est heureux que, quand il a pu intégrer toutes les connaissances humaines en un vaste sj^stème, d’un équilibre souvent I factice, mais toujours très apparent. Honorius repré- ] sente au mieux cet état d’esprit. Il n’existe pour lui qu’une science unique, la théologie, la science de Dieu et du salut. Toutes les autres connaissances n’ont de signification que pour autant qu’elles conduisent ai cette science suprême. De là son attitude à l'égard des I disciplines variées qui, l’une après l’autre, réapparaissent au xii° siècle. La connaissance de l’antiquité 1 d’abord. On sait que cette époque voit renaître le goût I pour les auteurs païens, se développer un humanisme véritable, analogue par plusieurs de ses traits à celui j du XVIe siècle. Cette tendance, qui prétend cultiver] la littérature pour elle-même, apparaît comme un danger à notre auteur, car elle détourne les esprits des, connaissances utiles et sérieuses. On remarquera à ce