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HONORIUS AUGUSTODUNENSIS

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C’est, au dire même des premiers éditeurs, l’ouvrage le mieux écrit et le mieux composé d’Honorius, résumé synthétique des questions tiiéologiqiies relatives à Dieu et à l'âme. Dieu, la Trinité, la création, les relations de Dieu avec le monde, le problème du mal y sont successivement étudiés, puis l'âme humaine, sa nature, son origine, ses fins dernières. Les diverses parties s’enchaînent avec beaucoup de logique. Les sources sont à chercher, d’une part, dans saint Anselme, dont le MonoIngium a fourni les preuves de l’existence de Dieu et les considérations sur l’essence divine, d’autre part, dans ScotÉriugène dontle De divisione naturæ est partout supposé.

12" Imago mundi, de dispositione orbis, P. L., t. CLXXii, col. 115-188. — Il est loin d'être complet et une édition nouvelle s’impose. Vitt. Finzi en a donné une nouvelle édition, accompagnée d’une version italienne, sous ce titre : Di un inedilo volgarizzamenle delV « Imago mundi » di Onorio d’Autun, (ratio dal codice extense VII, B. 5, dans Zeilschrift fur romanische Philologie, Halle, 1893, t. iixv p. 490-543 ; 1894, t. xviii, p. 1-73. Le traitéest dédié à cet abbé Clu-istian en qui Endres a retrouvé l’abbé du couvent des Écossais à Ratisbonne. L’authenticité n’est pas douteuse. C’est un ouvrage encyclopédique, le premier de ces Spéculum mundi qui vont bientôt se multiplier. Trois livres, dont le I'"' décrit le monde, glubus totius mundi, et donne un résumé de géographie, de météorologie, d’astronomie. Le II'^ parle du temps, tempus in que volvi'.ur, et de ses divisions, y compris l'étude du calendrier ; le II ! " a pour sujet le contenu même du temps : les événements de l’histoire, répartis entre ses grandes périodes, dont la dernière s'étend jusqu'à l'époque d’Honorius. La série des papes, col. 233-244, de saint Pierre à Innocent II (1130-1144), est à rattacher à cette rapide chronique. Les sources de cette encyclopédie sont encore loin d'être toutes identifiées, surtout en ce qui concerne la partie géographique. Le livre des Étymologies (ou Origines) et le De natura rerum d’Isidore de Séville, le De divisione temporum du Vénérable Bède ont fourni la matière de la plus grande partie du 1. II. Dans le III" liTe, Honorius a employé sa propre chronique intitulée : Summa totius.

13" Summa gloria, de Aposlolico et Augusto, P. L., t. CLxxii, col. 1257-1270. — Pas de discussions sur l’authenticité. Dans ce petit ouTage, Honorius exprime ses idées sur la grande querel’e du sacerdoce et de l’empire qui, en ce moment même, remplissait de son fracas toute la chrétienté. Il s’y montre le champion décidé du pape (Aposlolieus) contre renipereur (Anguslus). Nettement partisan du pouoir direct de l'Église sur le temporel, il enseigne que l’empereur doit être élu par le pape, dont il tient tous ses pouvoirs. Document intéressant pour l’histoire des idées politiques au XII » siècle.

14" Sralncœli, de gradibus visionum, P. L., t. clxxii, col. 1229-1240. — Authenticité inattaquée. Quelques mss portent en sous-titre : De ordine cognoscendi Dcum in creaturis. C’est une théorie générale de la connaissance et de ses divers degrés ; la connaissance corporelle, la spirituelle, l’intellectuelle. Scot Eriugène a fourni les principales idées.

15" Dp anima et de Deoquædamcx Augusdno excerpta tub diatogo exarata. — Cet ouvrage, connu depuis longtemps en ms.. n’a pas encore trouvé d'éditeur, n s’en faut qu’on doive rapporter à des œuvres authentiques d’Augustin toutes les citations qu’on y trouve. Une foule de textes sont originaires du haut moyen âge. La publication du traité ferait connaître le nombre considérable de questions, dont plusieurs fort étranges, qui s’agitaient dans les écoles du XIIe siècle.

16" Expositio totius Psatterii cum canticis, mentionnée par la notice avec cette petite note louangeuse : miio modo. Le texte est loin d'être publié au complet dans P. L., t. CLXXII, col. 2f19-312. Une partie s’en retrouve dans l'édition du commentaire sur les Psaumes de Gerhoh de Reichenberg, P. L., t. cxcni, col. 1315 sq. ; t. cxciv, col. 485 sq. Le commentaire est dédié au même abbé Christian qui avait déjà été honoré de V Imago mundi. L’authenticité ne paraît pas douteuse. Les anciens commentateurs du Psautier ont fourni le plus clair des idées, et les anciens mss du traité facilitent la recherche des sources, car ils portent en marge l’indication des Pères cités. Le traité se termine par l’exégèse des cantiques Bened ictus. Magnificat, etc.

17" Cantica canticorum. — La notice ajoute cette remarque, que jamais jusqu'à ce moment on n’avait vu si remarquable commentaire de ce livre : exposuit ita ut prius exposita non videantur. Texte au complet dans P. L., t. CLXXII, col. 347-496. Authenticité incontestable ; le portail de Saint-Jacques à Ratisbonne est un témoin important en sa faveur. Honorius renonce ici à l’interprétation classique du Cantique, qui y voit, d’après lui, les tentatives du Christ auprès de l'Église (la fille de Pharaon), de la gentilité (la fille du roi de Babylone), de la Synagogue (la Sunamite), de l’infidélité des temps qui suivent l’Antéchrist (la Mandragore qu’Honorius interprète comme un nom de personne ; cf. Cant., vii, 13).

IS'^ Evangrlin qux bcatus Grrgnrins non exposuit. — Ce devait être un ensemble d’homélies sur les pé.'icopes évangéliques de l’année liturgique que n’avait pas commentées le pape saint Grégoire. Le travail en question n’a pas encore été retrouvé.

19" Claois pliysicæ, de natura rerum. — Encore inédit ; Endres, Honorius Augustodunensis, p. 140-145, en donne le prologue et quelques fragments. Il serait intéressant de connaître l’ensemble de l’ouvrage. Ce n’est rien moins qu’une adaptation du De divisione naturse de Scot Eriugène, destinée à populariser les vues de l’illustre maître de l'école palatine. Honorius ne semble pas s'être douté du panthéisme dangereux qui se dissimulait à peine dans l'œuvre de l'É-iu^ène. Il la suit de très près et en donne de copieux extraits sous forma de dialogue.

20" et 21° Refectio menlium, de fe.slis Domini et sanctorum, et Pabulum vitæ, de præcipuis festis. — C'étaient, à n’en pas douter, des recueils de sermons et comme une sorte de complément au Spéculum Ecclesiæ. On commence à en retrouver la trace ; mais le dernier mot n’est pas dit.

22" De luniinaribus Ecclesiæ, P. L., t. clxxii, col. 191-224. — L’authenticité de l’ensemble n’est pas contestée, seule est en question la notice finale consacrée à Honorius lui-même. C’est une revue fort sommaire des principaux écrivains ecclésiastiques, depuis le début du christianisme jusqu'à l'époque même de l’auteur. Étroitement dépendant de saint.Jérôme, de Gennade, de saint Isidore de Séville et de Bède, le traité d’Honorius se montre par contre tout à fait indépendant d'écrits contemporains traitant du même sujet (le traité De scripforibus ecclesiasticis du bénédictin Sigeberl de Gcmbloux († 1112), dans P. L., t. CLX, col. 511 sq., et l’ouvrage anon>ino du même titre désigné sous le nom d’Anoni/mus Mellicensis, P. L., t. ccxiii, col. 959 sq.).

En dehors de ces ouvrages mentionnés par la notice du ne tuminarihus, les mss attribuent encore à Honorius un certain nombre de traités, les uns douteux, les autres certainenicn !. authenticjues. L’absence de ces derniers dans la notice tient évidemment au fait qu’ils ont été composés à une date postérieure. Nous les signalerons dans l’ordre arloplé par Endres.