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HONORIUS AUGUSTODUNENSIS


Ces arguments ne paraissent pas sans réplique à Endres. h’Elucidarium est mis en tête de liste par la notice, et d’autre part la préface qu’on lit en tête du texte édité montre que nous avons affaire à une œuvre de jeunesse, incontestablement au premier traité sorti de la plume de l’auteur. Sans doute les trois divisions signalées par la notice ne recouvrent qu’imparfaitement les divisions du traité, mais si l’on voulait résumer en trois mots le contenu si divers de V Elucidarium, on ne pouvait mieux choisir. Enfin l’attribution de cet ouvrage à la fin du xiie siècle est souverainement invraisemblable. Le xiie siècle voit se développer les Libri Sententianim. L' Elucidarium est un ouvrage de ce genre, mais très rudimentaire. Le situer à la fin du siècle, après les œuvres similaires, mais plus parfaites, d’Abélard, d’Hugues de Saint-Victor, de Robert Pull, de Pierre Lombard, de Roland Eandinelli, c’est méconnaître l’histoire du développement tant des idées que des formules theologiques. Au contraire, l'écrit se comprend parfaitement s’il a été composé dans les premières décades du xiie siècle.

L' Elucidarium est un traité par demandes et réponses de l’ensemble des questions théologiques, depuis la Trinité jusqu’aux fins dernières. On pourrait le comparer à un catéchisme actuel, mais où les questions seraient posées par les élèves et les réponses faites par le maître. Aucune source n’est citée, mais l’auteur avait certainement lu saint Anselme, dont il reproduit partiellement les doctrines sur la Trinité, l’incarnation, peut-être sur le libre arbitre et la grâce. La doctrine relative aux fins dernières, sur laquelle nous reviendrons, est fortement influencée par les spéculations de Scot Ériugène.

Le traité a eu une vogue considérable, comme l’attestent les très nombreu.x niis, les premières impressions qu’on en fait dès la fin du xve siècle, et les traductions en diverses langues (français, provençal, italien, islandais, suédois, gaélique, anglais, haut et bas allemand) qui se sont multipliées dès le xiiie siècle. C’est dire que le livre a été surtout u i livre populaire.

Une traduction provençale a été publiée par G. Reynaud, Elucidarium sive Dialogus suminim lotius christianæ theologiæ breuiter compleclens, d’après le manuscrit 162 de la bibliothèque d’Inguimbert, à Carpentras, du XV » siècle, dans la Reuue des l’inaues romines, 4 « série, 1889, t. III, p. 217, 250, : 509-337.

2° Sigillum sancise Maries, P. L., t. clxxii, col. 185-513. — Il est mentionné par la notice ; l’auteur, dans la courte préface, fait allusion à V Elucidarium composé par lui-même très peu de temps auparavant. L’authenticité ne paraît pas contestable. Ce court opuscule répond à la question suivante : Pourquoi, au jour de l’Assomption, lit-on au bréviaire le Cantique des cantiques ; à la messe l'évangile Inlravit Jcsus, et l'épître In omnibus requiem quæsivi, tous morceaux qui n’ont, semble-t-il, rien à faire avec la fête célébrée ? llonorius expliquc donc les principes bibliques en fonction de la fête de l'.Xssomption ; en particulier le Cantique doit symboliser les relations entre le Christ et Marie. Cette exégèse est classicjue depuis Hède ; dans un autre commentaire du même livre, llonorius appliquera plus tard d’autres principes.

Inevilubile seu de libcro arbilrio.

- Il se présente

sous deux fonnes nettement distinctes, toutes deux itlestées par des mss de valeur. Sous la première, il a (té publié pour la première fois par Georges Cassander 1 Cologne en 1552 ; Kelle en a donné une nouvelle édition, Silzungubrrichle drr Wirner Akademie, 1901, t. cl. Une seconde forme est donnée par l'édition du préjuontré Jean Conen, Anvers, 1621, reproduite dans /'. /… t. ci.xxii, col. 1 101-1223.

M. Biiumker semble bien avoir démontré que, malgré les différences profondes qul les séparcnl, les deux

textes remontent à Honorius. Ce traité sur le libre arbitre et son rapport avec la prédestination était primitivement conçu de telle sorte qu’il accentuait d’une manière inquiétante pour la liberté humaine l’idée d ? la prédestination. La seconde édition, celle qui a été publiée par Conen et reproduite dans P. L., est également l'œuvre d’Honorius. Amené à réfléchir sur ce difficile problème, celui-ci modifia assez profondément ses idées, sous rinfiuence, se : nble-t-il, de deux traités de saint Anselme, le Dialogus de libéra arbilrio et le Traclatus de concordia prsescienlise et prxdeslinationis nec non graliæ Dei cum libero arbilrio. Cette évolution de la pensée d’Honorius se remarque déjà dans le petit traité De libero arbilrio. Voir n'^ 30. Elle est aciievée dans la seconde édition de V Incvilabile. La première édition reflétait exclusivement la pensée augustinienne, et accentuait, d’une manière fort tranchante, la doctrine de la prédestination. Tout en maintenant l’essentiel de la théorie augustinienne, Honorius, dans sa révision de l'œuvre primitive, insista avec plus de force sur la liberté des actes humains, sur le fait aussi que le décret divin relatif à la prédestination des élus n’est pas sans être influencé par la prévision des mérites.

4° Spéculum Ecclesise, P. L., t. clxxii, col. 813IIOS, à compléter par lei textes édités par Kelle dans Silzungsberichle der Wiener Akademie, t. cvl, 8' livraison. — Ce volumineux recueil de sermons est précédé d’une lettre adressée par des frères (de l'Église de Cantorbéry, d’après plusieurs mis) à l’auteur. Ils ont beaucoup goûté ses sermons et ils lui demandent de les publier pour l’utilité de tous. Dans sa réponse l’auteur ne fait qu’une allusion vague à ses travaux antérieurs. L’authenticité de l’ouvrage n’en est pas moins admise par tous, sauf par Kelle, qui a fait de saint Anselme l’auteur de ce recueil. Les raisons de cette opinion singulière sont fort contestables. L’attribution du Spéculum à Honorius repose sur une tradition manuscrite inébranlable.

Les sermons recueillis et publiés par cet ouvrage se répartissent sur toute l’année liturgique, en commençant par Noël et en finissant par l’Avent. Dans la première partie le temporal et le sanctoral sont mélangés ; la seconde partie comprend les sermons sur les dimanches après la Pentecôte. C’est le plus curieux des ouvrages d’Honorius, et il faut toujours en tenir compte dans l’histoire de la prédication au moyen âge.

Honorius ne cache pas qu’il y a fait œuvre de compilateur, .mbroise, .ugustin, Jérôme et Grégoire (évidemment le pape), déclare-t-il, lui ont fourni la matière de son travail ; il est plus difiicile de retrouver la source de chaque passage. Peut-être l’auteur utilisait-il déjà des recueils de passages patristiques.

Ofjendiculum sm de inconlinenlia sacerdotum.


Il a été publié pour la première fois par Nolte, dans la Revue des sciences ecclésiastiques, 1877, t. xxxv, p. 539559 ; t. xxxvi, p. 56-72 ; mieux par Dieterich, dans les Monumenla Germanise hislorica. De lile imperalorum et pontifïcum, t. iii, p. 29-80. On ne sait pourquoi Kelle en a voulu donner une nouvelle édition, dans les Silzungsberichle der Wiener Académie, 190 1, t. cxLViir, 1° livraison.

Bien qu’il soit apiiarcnté au très court traité du même nom que l’on trouve dans saint -Vnselm^, De presbyteris concubinariis seu Offendiculum sacerdolum, P. L., t. cLviii, col. 555 sq., cet ouvrage porte des signes très certains d’authenticité, rédigé qu’il est dans la même manière que d’autres traités dont l’appartenance à Honorius ne fait pas de doute.

L’auteur s’y attaque à l’abus criant contre lequel la papauté depuis Grégoire VII combattait sans relâche : le concubinage desprêlres. I,e pape Calliste II, dans un concile de Reims en 1119, et au concile œcu-