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DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

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H

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HOBBES Thomas, philosophe anglais, né à Malmesbury, dans le Wittshire, le 5 avril 1588, mort à Mardwick le 4 décembre 1679. — I. Vie et œuvres. II. Idées et influence.

I. Vie et œuvres. — Fils d’un ministre anglican, qui lui inspira de bonne heure l’amour de la royauté et le goût des langues anciennes, Hobbes entra en 1603 au Magdalen Hall à Oxford. Il y prit l’habitude d’une dialectique serrée, mais s’y fatigua de la scolastique. Il en sortit en 1608 pour devenir précepteur de William Cavendish (1591?-1628), fils aîné de William Cavendish, futur comte de Devonshire. Toute sa vie, il fut en relations des plus étroites avec cette famille. En 1610, il fit avec son élève un premier voyage en France et en Italie. Revenu en Angleterre, il est mis en rapports avec Bacon, dont il traduit en latin quelques ouvrages et qui l’initie au mouvement scientifique et politique du temps ; entre lui et Bacon toutefois subsisteront de très profondes différences. Voir Leslie Stephen, Hobbes, p. 13. A la mort de son élève (1628), qui était devenu son protecteur, Hobbes revint à Paris ; mais en 1629, il retourna en Angleterre, y fut le précepteur d’un jeune Clifton, d’une famille noble du Nottinghamshire, repassa avec lui sur le continent et en 1631 rentra dans la famille Cavendish comme précepteur du jeune comte de Devonshire (1617-1684), fils de son ancien élève. Ces années orientent sa vie. D’abord, en face des troubles d’Angleterre, il se préoccupe du problème politique et, imbu d’absolutisme, il publie à Londres en 1629 une traduction de Thucydide, Translation of Thucydides, in-fol., « pour démontrer, dit-il dans son autobiographie en vers latins,

democratia… quam sit inepta
Et quantum cœtu plus sapit unus homo.

Puis, en 1634, il fait avec son élève un quatrième voyage en France et un second séjour en Italie ; à Florence, il voit Galilée ; à Paris, il se lie avec le P. Mersenne, qui lui fera connaître Gassendi et le mettra en relations avec Descartes. (Les Objectiones tertiæ, publiées dans toutes les éditions complètes de Descartes à la suite de ses Meditationes de prima philosophia, sont de Hobbes. Cf. Œuvres de Descartes, édit. Adam, Paris, 1901, t. vii, p. i, 171-196. Voir aussi Correspondance, ibid., 1899, t. iii. lettres ccxxx, ccxxxv de Hobbes à Mersenne pour Descartes et ccxxxi, ccxxxii, ccxxxvi, ccxxxvii de Descartes à Mersenne pour Hobbes ou à son sujet.) Dans ce milieu, il rejette définitivement la philosophie traditionnelle pour le mécanisme, qu’il applique à toutes choses ; enfin, à la suite de la découverte des Éléments d’Euclide, il se met à cultiver les mathématiques, dont il prétend appliquer la méthode à toutes choses également. En 1637, il rentrait en Angleterre et il travaillait à un grand ouvrage où il exposait ses doctrines mathématiques, physiques, philosophiques, politiques et religieuses.

« Cet ouvrage, dit-il dans la préface du De cive, devait

traiter : 1° du corps et de ses propriétés générales ; 2° de l’homme, de ses facultés et de ses affections ; 3° de la société civile et des devoirs des citoyens. Le travail était assez avancé pour qu’il en ait tiré plus tard les deux traités de l’Human nature et du De corpore politico, lorsque l’agitation religieuse et politique de son pays le ramena en France (1640) et lui inspira l’idée de développer et de publier avant toute autre la troisième partie de son ouvrage. Telle est l’origine du De cive qui parut en 1642, à Paris, sous ce titre : Elementa philosophica seu politica de cive, id est, de vita civili et politica prudenter instituenda. in-4°. Ce livre, qui prétendait déterminer « le droit de l’État et le devoir des sujets », étudiait dans sa première partie, intitulée : Libertas, les devoirs des hommes en tant qu’hommes ; dans sa sccoiule, Imperium, leurs devoirs en tant que citoyens, et dans sa troisième, Religio, leurs devoirs en tant que chrétiens. Il n’avait clé tiré qu’à un très petit nombre d’exemplaires ; mais, en 1647, Sorbière, un des amis de Hobbes, encouragé par Gassendi et par Mersenne, donnait à Amsterdam une seconde édition du De cive, in-12, en y introduisant les notes ajoutées par l’auteur sur son exemplaire de la première édition. En 1649, il donna aussi une traduction française de cette nouvelle édition : Éléments philosophiques du citoyen, traité de politique ou les fondements de la société civile par Thomas Hobbes traduits en français par un de ses amis, in-8°, Amsterdam. En 1651, Hobbes en donna une version anglaise. Enfin en 1660, du Verdus publia une traduction française de la première partie sous ce titre : Éléments de la philosophie de M. Hobbes, Paris.