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HONORIUS 11 — liONORIUS 111

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Honorius II l’aida à ramener à 1'obcii.saiice les monastères qui s'étaient séparés. Jaïïé, n. 7193-7197. Mais l’année suivante, 1126, Ponce revint, s’empara par force du pouvoir à Cluny et s’y maintmt quelque temps malgré les anathèmes pontificaux. Jafïe, n. 7259, 7268. Il dut céder pourtant devant les foudres d’Honorius, vint à Rome pour discuter contrudictoirement avec Pierre ses droits à la dignité abbatiale ; il y mourut. Par égard pour les services qu’il avait rendus jadis à la papauté, par égard aussi pour Cluny, le pape consentit à lui laisser donner une sépulture honorable. En Italie, les moines du Mont-Cassiu créèrent également au pape Honorius des dimcultes considérables ; il fallut plusieurs interventions personnelles du pontife, et même finalement une expédition armée pour avoir raison des résistances de l’abbé Odéric II. Au demeurant, Honorius resta vainqueur.. _. Pendant que les vieux ordres monastiques témoignaient de dispositions si étranges, d’autres moines se levaient qui devaient être, dans la période suivante, les défenseurs de la papauté. Nous avons déjà signale l’activité de saint Bernard. Honorius vit naître et encouragea les deux ordres nouveaux de Fontevrault, Jaffé n. 7270, et de Pri-montrc. Jafîé, n. 7244, 7380.

Les derniers jours d’Honorius furent assombris par les luttes intestines qui n’avaient guère cesse à Rome entre les Pieileoni et les Fraiapani. Au début de 1130, le pape, très grièvement malade, ne se sentit plus en sûreté dans le Latran. Escomptant la future vacance du siège pontifical, les factions rivales commençaient à user de violence l’une contre l’autre. Le pape se fit transporter au couvent fortifie de Saint-André. C’est là qu’il expira, dans la nuit du 13 au 14 février 1130, peut-être avec le pressentiment du schisme dont sa mort allait donner le signal.

I Sources — Les documents dans^affé, Jîegesla pontificum romanorum, t. i, p. 824-839 ; t. ii, p. 755 ; la plupart des lettres sont dans P. L., t. clxvi, col. 1217-1316 ; Mgr Duchesne, dans le Liber pontificalis, t. ii, donne deux notices sur Honorius II : l-p. 327-328, c’est l'édition du L.fccr de Pierre Guillaume, qui reproduit, avec des coupures et des arrangements, la Vie d’Honorius par le cardinal Pandulphe, voir l’Introduction, p. xxxi sq. ; 2° p. 373, c’est la Vie écrite par le cardinal Boson. On trouvera les deux mêmes documents et les Annales diverses se repportant à Honorius dans Watterich, Pontificum romanorum vilæ, Leipzig, 18b^, D 157-173 — Pour les affaires d’Allemagne : Narratio de eieclione Lotharii régis, dans Monumenla Germaniœhislorica. Scriptores, t. xii, p. 509-512, et Annales SancU Disibodi, ibid t xvii, p. 23, lignes 25-35. — Pour les difficultés italiennes : Annales Ceccanenses, dans Monumenta t. xix ; ChronicaMonlis Casinensis, ibid., t. vii, p. 804-811.— Pour l’affaire de Verdun : Historia brevis episcoporum Virdunensium, ibid., t. x ; cf. aussi Gallia christiana, t. xiii, „ 1197 _ Pour les affaires de France : Lettres de saint Bernard, P. L., t. clxxxii, col. 149 sq. ; voir surtout la note de Mabillon. _ _

II Travaux. — Ils sont fort nombreux. On en trouvera une liste détaillée dans la Realencyldopàdie fur proiestantische Théologie und Kirche et dans Ulysse Chevaher, Répertoire des sources historiques du moyen âge. Biobibliographie.

1-…manx.

3. HONORIUS iii, pape (1216-1227). Cencius Savélli fils d’Amalrich, tire son nom de l’un des châteaux de sa famille, le Sabellum près d’Albano. L’année de sa naissance est inconnue. Dès sa première jeunesse il reçut une éducation ecclésiastique. Puis il devint chanoine de Sainte-Marie-Majeure. Selon son propre témoignage dans le Liber censuum, il était déjà, en 1188, trésorier du saint-siège, sous le pape Clément III. Il conserva cette charge sousCélestin III, oui le nomma cardinal-diacre de Sainte-Lucie. Sous le pontificat d’Innocent III, il fut élevé à la dignité deeardinal-prêtrede Saint-Jean-et-Saint-Paul(13mars

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1198) ; et à la mort du grand pape, il fut choisi pour lui succéder le 18 juillet 1216.

Les écrits d’Honorius III ont été rassemblés par Horov Medii eevi bibliotheca patristica, Paris, 18791883 "t i-v Le plus célèbre est le Liber censuum ou indei des revenus de l'Église romaine, de ses privilèges, des dons reçus, des contrats conclus, etc. source capitale pour l'ét de des possessions de 1 Eglise au movenâge. Déjà édité par Muratori, Antiquitales lialicæ t v p. 851-908, il lut réédité par Paul Fabre, Biblio’ihéque des Écoles jrançaises ^Athènes et de Rome, Paris 1889-1902. Cf. du même. Etude sur le Liber censuum deV Église romaine, PaTis, 1892.AuLibercensuum est adjoint un Catalogua romanorum pontificum et imperalorum, édité en entier par L. Weiland, dans Archiv de Pcrtz. 1874, t. xii, p. 60-77, et partiellement par Waitz. dans Monumenla Germaniz hislonca. Scriptores, t. XXIV, p. 102-107.

Honorius a écrit encore un Ordo romanus de consuetudinibusel observantiis, où il indique les règles à suivre dans les principales solennités de 1 Eghse romaine. C’est VOrdo XII de Mabillon, Musseum /f ;./icum, Paris, 1689, t. ii, p. 167-220.

Honorius III a écrit encore une Compilaiio Decretalium en cinq livres, pubhée en 1226 ; un Ordo ad coronandum imperalorem ; une Sancti Gregoni VII vila ; des Sermones per toiius anni circulum ; enfm un Provinciale romanum relatif aux provinces et évechés sous la dépendance immédiate de l'Église romame.

Les historiens s’accordent, en général, pour placer sous le règne d’Innocent III l’apogée du pouvoir pontifical On peut ne pas partager cette opinion. La doctrine même du pouvoir pontifical n’atteint ses développements extrêmes que dans le De ecclesiastica potestate de Gilles de Rome, composé en 1301.

Quoi qu’il en soit, si l’on veut s’en tenir au point de vue théologique, il ne semble pas que, ni dans ses écrits ni dans son action pontificale, Honorius III ait rien innové. II partage les principes d Innocent 111. sans en avoir l'énergie ni l’ampleur de conception. Les nrincipaux événements de son règne sont : ses efforts infructueux pour la croisade d’outre-mer ; 1 appui qu’il accorda au roi d’Angleterre Jean sans Terre contre Louis, fils de PhiUppe-Auguste ; 1 approbation au’il donna à l’ordre naissant de saint Dominique et à celui de saint François d’Assise ; le couronnement de Frédéric H, empereur d’Allemagne ; enfin la répression de l’hérésie albigeoise, condamnée par le IV » concile de Latran (1215).

Cette dernière manifestation de l’activité pontificale mérite de fixer l’attention du théologien. On V voit poindre une apphcation des plus audacieuses de la doctrine théocratique : la croisade contre les hérétiques Au xii » siècle, la théorie des deux glaives est bien constituée. Il suffit de rappeler le passage significatif de saint Bernard : « Pourquoi cherches-tu encore, dit-il au pape, à usurper le glaive que déjà une fois tu as reçu l’ordre de remettre dans le fourreau / Qu’il t’appartienne pourtant, celui qui le me ne fait pas assez attention à la parole du Seigneur : Converte nladium TV OU in vaginam. Il est donc à toi, à ton ordre peut-être, mais non dans ta main. Autrement, s’il ne te concernait en aucune manière, aux apôtres qui disaient : Ecce duo gladii hic, le Seigneur n eut pas répondu : Salis est, mais Nimis csL Le glaive spirituel et le glaive matériel appartiennent donc 1 un et l’autre à l'ÉgUse ; mais celui-ci doit être tiré pour l'Éahse’et celui-là par l'Éghse ; l’un est dans la main du prêtée, l’autre dans la main du soldat, mais al ordre du prêtre' et au commandement de l’empereur, ad nulumsaccrdolis et jussumimperaloris. ^^ De consideratione 1 IV, c. iii, n. 7. La théorie des deux glaives, lentement élaborée sous la pression des idées domi-