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HONORIUS 1er


dans la doctrine. C’est ce qu’exprimait avec force la lettre du pape Agathon, dont étaient porteurs les légats : " Grâce à l’assistance de Pierre, disait-elle, jamais cette Église apostolique ne s’est écartée de la voie de vérité pour tomber en quelque erreur..Jamais ou ne prouvera qu’elle s’est écartée des sentiers de la tradition apostolique… Du jour où les chefs de l'Église de Constantinople se sont efforcés d’introduire des nouveautés hérétiques dans l'Église immaculée du Christ, continuait le pape, mes prédécesseurs n’ont jamais négligé de les exhorter, de les avertir avec supplication qu’ils aient à s’abstenir, an moins en gardant le silence, de l’hérétique erreur d’un dogme pervers, qu’ils ne cherchent point à introduire dans l’unité de l'Église un élément de discorde, en proclamant une seule volonté, une seule opération des deux natures en le seul Seigneur Jésus-Christ, f Mansi, t. XI, coi. 242-243. A l’avance, semble-t-il, le pape Agathon voulait défendre la mémoire d’Honorius ; 11 présentait la prescription du silence imposé sur la question litigieuse par son prédécesseur comme une marque de la vigilance de ce dernier à l’endroit du dogme catholique. C'était peut-être aller un peu loin, et, s’ils avaient reçu en ce sens des instructions particulières relativement au cas d’Honorius, les légats du pape Agathon seraient un jour bien embarrassés de les suivre à la lettre. Il n’est pas interdit de penser, néanmoins, que le pape leur avait donné quelque latitude, et qu’au besoin, si la chose devenait indispensable, ils avaient loisir d’abandonner cette indéfendable attitude. La lettre synodale que les représentants du synode romain de 679 appor talent avec eux s’inspirait des mêmes pensées. On lisait une louange en règle du siège romain, considéré comme la source d’une lumière qui, grâce à Dieu, n’avait jamais été enlénébrée par aucune hérésie. Mansi, ibiri., col. 287.

Il semble d’ailleurs que les Occidentaux en général, et le pape Agathon en jiarticulier, se soient tlattés de l’espoir que le concile se bornerait â entériner purement et simplement le symbole rédigé au Latran et les condamnations de personnes qui y avaient été prononcées ; qu’il n’y aurait que peu ou même pas de discussion. Ce n'était pas sans une vague appréhension que ces latins, de peu de culture littéraire et théologique, envisageaient l’idée qu’ils pourraient avoir à discuter avec ces grecs beaux parleurs, rompus : toutes les subtilités de la dialectique, à toutes les arguties des luttes théologiques. A l’avance, le pape Agathon, dans sa lettre, excusait l’impéritie de ses légats. La lutte pour la vie, dans cet Occident où la vie était dure, ne laissait pas à beaucoup de gens le sein de cnltiver les saintes Lettres. Tels qu’ils étaient, les légats avaient surtout à témoigner de la foi du siège romain, de même que les évêques députés par le synode seraient les témoins de la persuasi(, n occidentale. Mansi, ibid., col. 23.'> ; cf. col. 287.

Mais les Orientaux n'étaient guère disposés à prendre les choses de ce biais. Suivant que le basilcus l’avait désiré, ils avaient acccepté, puis rejeté le monothélisme oflicicl. Dans l’ensemble, et sauf un petit nombre de gens trop compromis avec les monophysites pour pouvoir se dégager, l'épiscopat oriental adhérait à l’esprit et ; i la lettre de l’orthodoxie chalcédonienne, et, dès lors, accepterait d’en tirer la conséquence nécessaire, c’est ^ sa( ; ir la doctrine des deux énergies. Mais l’on peut dire nue, dans les divers conciles orientaux, les questions de personnes ont joi é un rôle bien autrement important que les quesliins de doc trlne ; qu’on se rappelle Éphèst. Chalcédoine et le II" concile de Constantinople..Xujourd’hui encore, il s’agissait de trouver des responsables. I errière la personne sacrée, intangible, du basileus, il fallait

découvrir et frapper ceux qui s'étaient faits les instruments dociles de sa politique ecclésiastique. Il va de soi que l’on ne serait pas fâché d’en trouver sur les deux rives de la Méditerranée. Rome s'était montrée sévère pour les patriarches de Constantinople ; jamais l’occasion n’avait été si belle de lui retourner une partie de ses rigueurs. Tout ceci nous explique comment la plupart des sessions du concile (on eu compte dix-huit, espacées du 7 novembre 680 au 16 septembre 681) se passèrent pour la plupart à lire les documents des divers personnages impliqués dans l’aflaire monothélite, Sergius, Sophronius, Honorius. A la suite de chacune de ces lectures, le concile manifestait ou sou approbation ou son désaveu.

C’est ainsi qu'à la XII' session (22 mars 681), on en arriva à la lecture des documents, favorables au monothélismc, sur lesquels s’appuyait le patriarche d’Antioche Macaire, le seul véritable soutien de la doctrine hérétique. Successivement fuient lues au concile les lettres que nous avons analysées plus hai.t. celles de Sergius à Cyrus de Phase et au pape Honorius, et la première réponse de celui-ci. L’attention des Occidentaux se réveilla à ce moment ; le texte d’Honorius avait été lu en grec : à la fin de la séance, l'évêque.lean de Porto demanda de le collationner avec l’exemplaire latin conservé aux archives du patriarcat. Mansi, ibirl., col. f148. Nulle oliservation n’ayant été faite par les légats romains à la session suivante, la XIII^, nous devons conclure que l’examen avait prouvé la concordance substantielle des deux textes. Cette session, qui se tint le 2.s mars 681, devait porter un jugement sur les pièces précédemment lues au concile. Après avoir pris connaissance de ces documents, les Pères pronorcèrent la sentence suivante :

Ayant trouvé ces écrits absolument étrangers aux enseignements apostoliques, aux défînitions des saints conciles et des saints pères dignes d’approbation, conformes (au contraire) aux faux enseignements des hérétiques, nous les rejetons absolument, et nous les vomissons comme un poison de l'âme. Quant aux hommes dont nous rejetons les dogmes impies, nous avons jugé que leurs noms également devaient être bannis de la sainte Église de Dieu, c’est à savoir les noms de Sergius, Cyrus d’Alexandrie, Pyrrhus, Paul et Pierre qui ont succédé à Sergius sur le siège de Constantinople, ensuite celui de Théodore de Pharan, tous gens visés dans la lettre du pape.agathon et rejetés par lui comme ayant pensé contrairement à l’orthodoxie. Avec eux nous sommes d’avis (o-jve180(j, Ev) de bannir de la sainte Église de Dieu et d’anathématiser également Honorius, jadis pape de l’ancienne Rome, car nous avons trouvé dans les lettres envoyées par lui à Sergius qu’il a suivi en tout l’opinion de celui-ci et qu’il a sanctionné ses enseignements impies Mansi, col. 556.

Suivait, au contraire, l’approbation entière de la synodique de Sophronius. Puis l’on revint sur un certain nombre de ])crsonna^cs secondaires du mo nothélisme, l’on trancha le cas des patriarches successils de Constantinople depuis le début de l’alTaire monothélite jusqu'à l'époque du concile. Enfin, rarchiiste du patriarcat lut encore d’autres pièces trouécs par lui dans la bibliothèque ; quand on arriva à la seconde lettre d’Honorius, le concile, se jupcani suffisamment édifié, ne laissa lire qu’un certain nomltre d’extraits. Toute cette littérature empoisonnée fut cordmince au feu, et la sentence exécutée sur-le-champ. //)/</, col. ôM.

Ouelle avait éié, durant cette séance mémorable, l’attitide des légats romains ? Rien, dans le compte rendu conservé par les actes officiels, ne nous lail entievoir un geste, enletulre un mot de protestation, et ils siunent le procès-verbal de celle session, crmmc celui de toutes les autres, sans faire la moindre rcmarc uc. Mien de plus grave pourtant ne pouvait se