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11 :

blènic. Dans un tout petit olunic paiu ; i I-ondres en 1 ! I07, Thc condcrnnaliou 0/ pope llonorins, dom Chapman écrit, p. l’i : < Il est alisurde de ret-'arder la lettre d’Hoiiorius coninie une delinilio ex calhedra, ainsi que l’ont fait Hefele (adversaire de la définition de l’infaillibilité), Pennaclii (partisan) et d’autres. » Dom Cliaitniaa admet que, dans l'émotion de la polémique autour du concile du Vatican, on ait pu soutenir cette opinion, mais On ; i tU depuis le temps d’analyser le texte du décret conciliaire. Or les documents que nous étudions ne remplissent pas les conditions exigées par le concile du Vatican pour qu’il y ait enseignement ex cathedra : I" llonorins s’adresse au seul Sergius et non i l'Église entière ; 2° ses lettres ne définissent rii ne condamnent rien ; elles Ht ; promulguent aucun anathéme, mais approuvent simplement le maintien du silence.

11 nous semble bien ditîicile de souscrire aux considérants de ce jugement sommaire et où le raisonnement per absurdum joue un rôle trop considéraljle, p. 16. 1-aire des lettres d’Honorins des documents privés (écrits a firiuato homine), sous prétexte qu’elles sont adressées au seul Sergius, c’est rayer de la littérature théologique les trois quarts des lettres pontificales. Les papes peuvent adresser leurs décisions doctrinales à un évcqne ou i’i une Église paiticuliére, à celle surSoiit qui serait menacée de quelque erreur, et en même temps manifester leur volonté d’en faire une obligation générale. Ç'à été le cas pour le plus grand nombre des anciennes décisions pontificales, et, pour n’en citer qu’une seule, du fameux ï'om ? de Léon à Flavien d’Antioche. Qui nous fera croire que nous ayons affaire ici à une pièce différente ? Un patriarche de Constantinople, devant une question qui intéresse tout l’Orient, s’adresse pour obtenir une décision à la plus haute autorité dans l'Église et l’on voudrait réduire cette correspondance à un échange de ietlrcs entre deux particuliers ! Honorius a si bien conscience de remplir le devoir de sa charge de docteur qu’il termine sa première lettre par ces mots : « Voilà ce que votre fraternité prêchera avec nous, de même que nous le prcclierons avec elle. » La lettre d’Honorius contient un exposé doctrinal, et qu’elk' prétciid bien imposer : « A’o ;  ; *- devons confesser que les deux natures étroitement unies dans l’unité d’un seul Christ agissent et passent à l’action chacune en union avec l’autre.) Sans doute, il n’y a point d’anathème contre la doctrine contraire, mais où a-t-on pris que la condamnation de la doctrine adverse soit de l’essence d’une définition dogmatique ? Vouloir condamner toutes les définitions e.v caUiedra à reproduire la disposition et le schéma de la constitution dogmatique de Pie IX sur limmaculée conception est une souveraine imprudence : évitons de la commettre.

Pour nous, les deux lettres du pape Honorius représentent une intervention doctrinale du pontife romain dans une question débattue : se référant aux décisions précédentes, sans y rien ajouter de nouveau que la manière, le pape enseigne la théorie des deux natures, opérant chacune ce qui lui est propre, et de cette doctrine il exige une acceptation entière. A cvté de cet enseignemctit doctrinal se trouve une prescription bien fâcheuse sur le silence à garder, relativement aux formules en litige, >< une ou deux énerSies ». Les considérants qui motivent cete prescription Ti ont rien d’hétérodoxe dans la lettre même d’Honorius. Que l’on y voie, si l’on veut, une prescription disciplinaire. Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que des mesures disciplinaires prises par un pontife donneront lieu à discussion, et ce n’est pas une raison, parce que l’on se trouve en présence d’une

question diiïicile, de supprimer le problème sous prétexte de le résoudre.

2° La condamnation d' Honorius au VI' concile œcumenique. — Après que la tension extrême entie Rome et 13yzance, qui a son point culminant dans l’enlèvement du pape saint Martin ! ", eut fait place de part et d’autre à des dispositions plus conciliantes, sous le règne de Constantin IV Pogonat (668-C85), l’accord fut complet entre le pape et le basi’eus. 11 fut entendu que l’on convoquerait à Constantinople un concile œcuménique oi’i les représentants du pape et de l'épiscopat occidental se rencontreraient avec la grande majorité des évêques orientaux. Le basilcus ayant tacitement abandonné VEctbrse et le Tijfe de ses prédécesseurs, l'épiscopat grec, dans sa docilité coutumière, rejetait, sauf de rares exceptions, la politique aussi bien que le formulaire monotlu’lite. Le 7 novembre 6.S0, dans une basilique en forme de coupole, du palais impérial, s’ouvrait, sous la présidence du basilcus, le concile qui prendrait rang comme le VI'- œcuménique, et qui prétendrait cimenter une fois ("e plus l’union toujours éphémère entre l’ancienne et la nouvelle Rome. De cette union, c'était la mémoire du jjape Honorius qui allait faire tous les frais.

Nous sommes très amplement renseignés sur les faits et gestes du concile par les actes officiels qui nous ont été conservés. Je supposerai, dans tout ce qui suit, l’authenticité des pièces que nous lisons dans les différentes collections conciliaires, voir Mansi, t. XI, col. 195-922 ; cf. plus haut, t. iii, col. 1265-1260, quitte à reveidr brièvement sur cette question après l’exposé des débats.

L'épiscopat occidental, avons-nous dit, était simplement représenté par deux députations. La première comprenait les envoyés directs du pape Apathon, nous dirions aujourd’hui les cardinaux : c'étaient les prêtres Théodore et Georges, le diacre Jean et le sous-diacre Constantin. La seconde, composée de trois évêques, Abundantius de Paterne, Jean de Rhegium, Jean de Porto, représentait le synode occidental que le pape, l’année précédente (679), avait réuni au Latran pour préparer le concile œcuménique. Dans quel état d’esprit se trouvaient ces divers personnages et de quelles instructions ils étaient munis, c’est ce qu’il est assez facile de conjecturer.

Rome, après l’explosion ouverte du monothélisme ofïiciel, n'était pas restée silencieuse. Non seulement elle avait rompu avec les prélats orientaux considérés comme responsables de la nouvelle hérésie, mais elle avait encore exposé clairement sa doctrine. Le concile de Latran, en 649, sous la présidence de Martin l", avait répudié le Type et VEcthese, rejetant ainsi « la volonté unique ». Celui de 679, s’avançant encore dans cette voie, avait rédigé un symbole en règle contre l’erreur monothélite (dans Hahn, Bibliotl ek der Sijn : l)(, le, 3e édit., p. 238). Voilà pour les dccisions doctrinales. Quant aux questions de personnes, il était entendu que seuls les Orientaux étaient responsables du développement de l’hérésie.

Ni en 649, ni en 679, Honorius n’est mis en cause. La liste des prescrits du monothélisme comprend invariablement '1 héodore de Pharan et Cyrus d’Alexandrie d’une part, d’autre part Sergius et ceux qui lui ont succède sur le siège de Constantinople. De la responsabilité d’Honorius dans l'évolution du monothélisme, de l'étroite parenté qui unissait l’Ectt : èse d’Héraclius et la première lettre du pape, on ne semblait pas se rendre compte. Bien mieux, on arrivait à Constantinople tout plein de l’idée, si juste d’ailleurs et si conforme h la tradition, que le siège romain, investi du magistère souverain dans l'Église, pouvait se gloriter de n’avoir jamais erré