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IMMACULÉE CONCEPTION


récitait depuis très longtemps avec l’agrément du Saint-Siège : Subea autem prohibilione non comprehenditur illud ofjlcium, quod ab anliquissimo tempore hujus sandæ sedis permissu in Ecclesia recitatur. Roskovâny, op. cit., t. II, p. 396.

Que, pendant la période de controverse, des luttes et des conflits d’influence aient pu exister à la cour pontificale, rien de plus naturel ; il n’en est pas moins incontestable qu’à partir de Sixte IV, les papes ont favorisé d’une façon constante la pieuse croj’ance. Benoît XIV constate le fait en parlant des constitutions du même pontife et de celles de saint Pie V, de Paul V, de Grégoire XV, d’Alexandre VII et de Clément XI : ex quibus ulique clare desumitur unanimis eorum propensio erga senientiam quæ beatam virginem Mariam a peccato originali servalam adslruil aique confirmai. De servorum Dei beatificatione, t. I, c. xlii, n. 14. Opéra omnia, 1. 1, p. 308. A l’occasion, ces papes défendirent la pieuse croyance contre les attaques dont elle était l’objet ; mais ils ne permirent pas aux champions du privilège d’empiéter sur le jugement définitif du magistère suprême en taxant les autres d’hérésie ou de faute grave, tant que la question n’aurait pas été tranchée. Conduite nécessaire au bien de la paix et sage, absolument parlant : Rome s’éclaira, elle entendit le pour et le contre, elle prit largement le temps de la réflexion, elle avança lentement, sachant résister aux vœux impatients de ses fils les plus dévoués et les plus méritants. L’heure venue, elle saurait bien parler.

Roskovâny, op. cit., t. ii, p. sgi-.Sli ; Benott XIV, bulle inédite Mulierem piilchram, voir col. 1187 ; Plazza, op. ci<., Acl. V, a. 2, n. 213-250 ; Léopold de Chérancé, Saint Léonard de Porl-Mauricc dans Nouvelle bibliothèque franciscaine, in-16, 1° série, t. xiii, Paris, s. d. (1903), p. 196, 218-223 ; Paul Debiichy, Recherches sur le Petit Office de l’Immaculée Conception, § 3, p. 31 sq., extrait des Précis historiques, Bruxelles, 1886.

Sur l’histoire du culte, outre l’ouvrage cité de Plazza : Th. Strozzi, S. J., Controversia délia Concezione délia beatissima virgine Maria, Palerme, 1700, 1703 ; M. A. Gravois, O. M., De ortu et progressu cullus et festi imniaculati conceptus beatK Dei geniiricis virginis Mariie, Lucques, 1762, 1764, réimpr. dans Bourassé, Summa aurea, t. viii, p. 289.


IV. La DÉnNiTiON. —

Nous arrivons à la dernière période, caractérisée par le triomphe définitif de l’immaculée conception sous le pontificat de Pie IX ; mais il y eut, dès la première moitié du xixe siècle, surtout à partir de 1830, une série d’actes qui furent un acheminement vers le terme.

I. DE L’AVÈNEUENT DE PIE Yll, A LA UORT DE ORÊaOIRE XVI (1800-1846) : VERS LA DÉFINITION. — Les bouleversements qui survinrent en Europe au début du siècle et l’état de trouble général qui en résulta, amenèrent naturellement un temps d’arrêt dans les démarches en vue d’obtenir la solution du grand problème. L’arrêt ne fut que transitoire ; quand la paix eut été rétablie, le mouvement reprit, plus vigoureux et plus étendu.

1* Pie VII et Léon XII (1800-1830). ^ Rares à cette époque, les actes en faveur du glorieux privilège ne font cependant pas défaut. En France, la mention de la fête de l’immaculée conception, supprimée dans les deux catéchismes qui furent en usage après la Révolution, réapparaît en 1804 dans le Catéchisme à r usage de taules les Églises de l’Empire français, leçon xi, p. 172. L’immaculée conception y est donnée pour l’une des choses « que l’Église honore principalement dans la très sainte Vierge. » En 1822, doin Gaspar Rivarola, abbé bénédictin en Sicile, publia une dissertation, insérée dans les Parcri, t. v, p. 6, pour prouver « que, par une conséquence nécessaire du dogme infaillible de la maternité divine, Marie a dû être immaculée dans sa conception. - On y trouve

des considérations utiles, mais jointes à d’autres plus que contestables, tendant à établir par des données physiologiques une thèse réfutée déjà par saint Anselme, à savoir que la mère de Dieu a dû nécessairement échapper à la contagion commune pour que son fils en pût être exempt. Fait plus pratique et plus symptomatique, en 1816, un chanoine de Cordoue, dom Bernard de Alderete, avait adressé au Saint-Siège, au nom de l’évêque et du chapitre, une supphque où il renouvelait les anciennes instances en faveur d’une définition solennelle, que se dignase declarar definitivamente la conception inmaculada de Maria santisima. Exemple suivi ensuite, est-il ajouté, par d’autres prélats, des chapitres, des villes et des universités d’Espagne, Pareri, t. ii, p. 97.

De leur côté, les papes n’oubliaient pas la cause de la Vierge. Outre la permission plusieurs fois accordée de célébrer la messe propre de l’immaculée conception, Pie VII confirma, en 1802, les statuts d’une congrégation fondée sous ce vocable à Barcelone ; statuts où le glorieux privilège était presque continuellement affirmé. L’année suivante, il approuva la pieuse association espagnole des Filles de l’immaculée conception de la bienheureuse Vierge. Acte plus significatif, sur la demande des franciscains du royaume de Naples, il leur permit, le 17 mai 1806, d’ajouter dans la préface de la messe l’épithète d’immaculée au terme de conception, en disant : Et te in conceptione immaculata.

En 1824, Léon XII fit une déclaration qui touchait encore de plus près la croyance. Des docteurs en théologie qui avaient fait le serment de suivre la doctrine de saint Thomas d’Aquin, se demandaient avec une certaine perplexité s’ils pouvaient, sans crainte de parjure, tenir la pieuse croyance ; la réponse les rassura complètement : eos qui iureiurando se obstrinxerint ad tuendam sancti Thomæ doctrinam, posse sine periurii timoré immaculalam beatæ Marise virginis conceptioncm dejendere. Pareri, t. vii, p. lxvti, en note.

2° Grégoire XV I (1831-1846) : mouvement prononcé en fareur de la définition. — Le cardinal Maur Capellari, religieux camaldule, promu au souverain pontificat le 2 février 1831, donna dès le début des preuves de sa vive sympathie pour la cause de la Vierge. La première année de son règne, sur la demande des frères mineurs de Santa-Fé-de-Bogota, il concéda des indulgences aux fidèles qui, en assistant à la messe propre de l’immaculée conception dans l’église de ces religieux, honoreraient la mère de Dieu conçue sans péché. » En 1834, il confirma la fondation d’une Société de la Miséricorde sous le vocable de la bienheureuse Marie immaculée en sa conception. Les partisans de la définition se sentirent naturellement portés à profiter de l’occasion pour renouveler leurs instances. Un événement merveilleux était d’ailleurs survenu, qui les avait encouragés et excités à marcher dans cette voie.

1. La médaille miraculeuse.

Le 17 novembre 1830, une Fille de la Charité, de Paris, Sœur Catherine Labouré, étant en oraison, eut une vision de Notre-Dame sous une forme rappelant celle où, d’ordinaire, on la représente comme l’Immaculée : les pieds de la Vierge reposaient sur le globe terrestre ; de ses mains abaissées dans la même direction, des faisceaux de rayons jaillissaient. Il se forma alors autour de la sainte Vierge un tableau un peu ovale, sur lequel on lisait en lettres d’or ces paroles : O Marie conçue sans f>éché, priez pour nous qui avons recours à vous. Puis une voix se fit entendre qui me dit : « P’aites frapper une médaille sur ce modèle ; les personnes qui la porteront indulgenciéc recevront de grandes grâces, surtout en la portant au cou ; les grâces seront abomlanlesijourk’s personnes qui auront confiance..1. M. Aladel, La Médaille miraculeuse, Paris, 1878, p. 76. Informé du fait et de toutes