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HONORIUS 1er


artivilé divine et liumaine. C’est la doctrine jnème de saint Léon : ciiaque nature opère en communauté avec l’autre ce qui lui est propre. L’empereur s'était déclaré satisfait de l’explication. Telles étaient, ajoutait Sergius, les démarches faites par lui dans toute cette affaire, et dont il éprouvait le besoin de rendre compte au pape.

Visiblement deux préoccupations dominent cette longue épître. La première est de mettre en garde le pape contre les accusations que Soplironius pourrait lancer contre le patriarche de Constantinople. Sergius est mieux informé qu’il ne le dit de l'élection du moine au siège patriarcal de Jérusalem ; un jour ou l’autre, une synodique va paraître, qui sera envoyée à Rome, aussi bien qu'à Alexandrie et à Constantinople, et qui mettra au jour les responsabihtés du patriarche bj"zantin dans le développement de l’agitation monothélite. Sergius, dès lors, s’applique à présenter sa conduite sous le jour le phis favorable. Sa pensée, telle qu’il l’exprime, est en définitive orthodoxe. Il reste des questions de formules. Entre les symboles rivaux : « une énergie », « deux énergies », Sergius n’a même point pris parti ; l’un et l’autre a ses inconvénients, abandonnons-les l’un et l’autre. Oui, mais voici qu’une autre préoccupation se fait jour. L’empereur, très certainement, penche pour la txi-x l/ !.p- ; iix, dont s’accommodent ses préoccupalions politiques. Divers passages de la lettre sont destinés à faire comprendre à Honorius le i[ intérêl que le prince porte à la question. C’est un moyen de détourner de la formule impériale une condamnation qui est la conséquence nécessaire des décrets de Chalcédoi.ie. D’ailleurs, pour dangereuse qu’elle soit, la formule ne laisse pas que d'être susceptible d’une interprétation orthodoxe. A maintes reprises, Sergius revient sur la personne du Verbe incarné, considérée comme le principe d’où dérive plus ou moins immédiatement toute activité. Par contre, il insiste avec un peu de lourdeur sur l’antagonisme que semblerait devoir créer l’admission dans la personne du Christ de deux principes d’opération qui pourraient être en lutte l’un contre l’autre. liref, il prévient le pape en faveur de la formule impériale, il lui présente sous un jour fâcheux le mot de ralliement imaginé par Sophroniu, . Le moins que le pape puisse faire est de prescrire aux deux partis le silence que Sergius prétend avoir lui-même imposé i Alexandrie. La tâche d’Honorius était infiniment délicate ; ce n'était pas la première fois que Rome était sollicitée d’intervenir dans les querelles byzantines, et *on devait savoir au Latran à quoi s’en tenir sur les dangereuses subtilités où se complaisait l’esprit grec. Le précédent du pape Vigile devait rester très vivant dans le souvenir de la chancellerie apostolique. Avant de donner une réponse définitive au patriarche de Constanlinople, qui, trop évidemment, était le représentant d’un parti, il convenait tout au moins d’entendre le porte-parole de l’autre camp. Sergius voulait faire juger par Rome le différend qu’il avait avec Sophronius ; encore convoniiil-il d’entendre ce dernier avant de reiulre la sentence. Dans l’espoir peut-être de prévciiir un schisme, Honorius se décida h répondre immédiatement : peut-être aussi voulait-il, par cel empressement, donner à l’empereur un gage de ses bonnes dispositions.

La lettre d’Honorius est conseréo dans les actes du Vl" concile. MansI, t. xi, col. ô.'iT. Milheureusement, nous ne possédons point l’original latin, mais seulement la traduction grecque, faite sans doute : 'i ConstantiHoi)Ic. La version latine, souvent inintelligible, qu’on lit aujourd’hui dans les actes du coniilc, ne peut rendre aucun service pour la reconstitution du texte original. Tout mauvais cas étant niable.

l’authenticité île la lettre d’Honorius a été contestée à diverses époques par certaii s tenants de l’ultramoiitaiiisme. Nous aurons à revenir sur cette question en discutant l’authenticité générale des actes du VI concile. Sauf quelques égarés, mil ne songe plus depuis longtemps à défendre cette position désespérée. La seule chose qu’il conviL’unc de retenir, c’est que notre texte ne doit pas être serré de trop près : si exacte soit-elle, une traduction ne rend jamais toutes les nuances de l’original ; cela est tout particulièrement vrai quand il s’agit de questions aussi subtiles que celles avec qui se trouvait aux prises la sagacité d’Honorius.

Le début de la lettre est une approbation sans réserve de l’attitude de Sergius. « Nous louons votre fraternité d’avoir écrit (à.Uexandrie) avec tant de prudence et de circonspection, en demandant de supprimer tous ces mots nouveaux, fort capables de scandaliser les âmes simples. » Il convient, en elTet, de s’en tenir uniquement aux expressions traditionnelles en confessant « que le Seigneur Jésus-Christ, médiateur de Dieu et des hommes, opère les actions divines (xà ÔEia : il s’agit éideinn ; ent des miracles) par l’intermédiaire de l’humanité qui lui est hypostatiquement unie, à lui Dieu Verbe, et qu’il accomplit éiialement les actions humaines (- : à àvOp(ô ::iva, les souffrances de la passion par exeinple) d’une manière indicil/le et unique qjLovoYêvn) ; ?), puisque la divinité s’est unie sans division, sans conversion, sans confusion, une chair parfaite (le mot aâp ? équivaut strictement à humanité) ». Suit une longue période sur l’union intime des deux natures, la nature divine qui est du ciel, la nature terrestre prise à la sainte Théotokos. Jusqu’ici, rien de plus exact ; si l’on voulait éviter les termes litigieux d’un ou deux ûnergien, et qu’on voulût néanmoins insister sur la double manière dont le Verbe incarné opère en ce bas monde, on ne pouvait être plus précis. La seule diflérence avec la façon de parler de Sophror.ius, qui sera consacrée officiellement par le VI'" concile, est dans le point de départ des développements. Sophronius et, après lui, les théologiens orthodoxes partent des actions accomplies par le (Christ, ils les rattachent directement à lune ou l’autre des deux natures, et les rapportent finalement à la personne. Honorius, suivant en cela les indications mêmes de Sergius, met tout d’abord l’accent sur la personne d’où dérivent les deux catégories d’actions, lesquelles en dérivent non pas directement, mais bien par l’intermédiaire des deux natures.

Etcette préoccupation de l’unité de personne poursuitsi bien le pape, qu il fuiira paraboulirvune phrase qui, au premier abord, semble en contradiction avec les principes qu’il ient de poser. Le développement dont nous parlions plus haut s’achevait par ces mots : « C’est pourtjuoi on ])cut dire et que Dieu a souffert, et cjne l’humanité est descendue du ciel avec la divinité. » Ceci est déjà fort surprenant : ce qui l’est davantage, c’est la phrase suivante, qui vient comme une conséquence du développement sur l’unité de personne : « C’est pourtjuoi aussi nous confessons une volonté unique du Seigneur JésusChrist, parce que, selon toute évideiu-e, la divinité a pris notre nature, mais non))oint le péché qui est en elle, la nature telle qu’elle était au sortir des mains du créateur, avant le péché, non point celle qui a été corrominie après la prévarication. » Suit le dévelo])pement classique sur l’impcccabilité de Jésus :

« Il n’y avait point en lui cette autre loi des membres

(dont))arle saint T’aul), ou bien me volonté didérenle (de celle de la divinité) ou (qui lui fût) opposée. Nous sommes ici au point le plus liliuienx de la lettre d’Honorius. Nul doute que, si le problème se