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IMMACULEE CONCEPTION


Fait plus expressif encore, le 24 juin 1618, huit dominicains de la province d’Espagne, tous constitués dans les plus hautes charges, y compris le provincial, adressèrent au pape Paul V une supplique où ils lui demandaient « de daigner enjoindre aux religieux de cette province de réciter l’office et de célébrer la fête de la Conception très pure de la mère de Dieu sous la forme où les autres enfants de l’Église le récitent et la célèbrent ; en outre, d’enjoindre aux mêmes religieux lie prêcher en chaire l’opinion soutenant que la’ierge a été conçue sans le péché originel. « Roskovâny, (ip. cit., t. II, p. 16. Ainsi, sans cesser complètement, l’opposition à la pieuse croyance diminuait-elle fortement là où elle avait ses principaux champions.

Pierre de Aîva, op. cit. ; Aug. de RosUovàny, op. cit., t. I, p. 349-441 ; t. iii, p. 103 sq., 272 sq. (franciscains), 349 sq. (dominicains), 435 sq. (jésuites) ; J. Mir, La inmnctilada concepciùn, c. xiii-xiv (dominicains), xxv (autres ordres) ; H. Holzaplel, Bibliolheca franciscana de immaciilata conceptione bealec Mariæ virginis, et autres nionoj ^rauhies citées col. 1129 ; P. M. Rouard, L’ordine dei Fraii Predicalorie l’imwacolato concepimento délia santissima Vcrqine, Noto, 1865 ; C. Sommervogel, Bibliolheca Mariann de la Comp. de Jésus, c. v, Paris, 1885 ; J. Eiig. de Uriarte. Bibliotlteca de jesuilas espafioles que escribieron.tobra la immaculada concepciôn de Nuestra Sefiora antes de la definicion dogmatica de este misterio. Madrid. 1904 ; G. Filiti, // dogma délia concezione imniacolata di Mariae la Compagnia di Gesà in Sicilia, Palerme, 1904.

.3. Adhésion des fidèles et des pasteurs. — Simple fait qu’il s’agit uniquement de constater, au moins dans les pays restés soumis à l’Église romaine ; car là où la Réforme protestante s’implanta, le culte de la mère de Dieu, en particulier celui de son immaculée conception, disparut avec l’ancienne foi. Chez les catholiques, au contraire, ce fut un merveilleux développement de la dévotion et de la croyance : développement qui tire principalement son importance et sa valeur de ce qu’il s’accomplit avec subordination des fidèles aux pasteurs, de l’Église enseignée à l’Église enseignante.

a) Les fidèles : hommages cultuels. — La fondation (le confréries en l’honneur de la Vierge sans tache nous présente un premier genre d’hommages universellement répandu. Nous avons déjà rencontre de ces pieuses associations, notamment en France, à Rouen et à Paris. Aux xvi<^ et xv !  ! *e siècles, elles se nuiltiplient de tous côtés, avec cette circonstance que le vocable primitif de Conception se précise presque toujours en celui d’Immaculée Conception. Telle, à Paris, la Congrégation de l’Immaculée ( ; oncc]ilion de la très sainte vierge Marie Mère de Dieu, et de saint Louis roi de France, » fondée en 1659 par Charles de Saint(iermain. Lcsctre, op. cit., p. 104. Telles, en lîspagne, de nombreuses confréries, par exemple, à Tolàde, 1522, à Grenade, 1()62, à Saragosse, 1()64, à Saint-. Jacques de Conipostelle, 1667. De même, en Italie : archiconfrérie et confréries de l’Immaculée Conception à Rome, 1635, à Fænza, 1655, à Pise, 1661, etc.

A cette époque des confréries de l’Immaculée (lonceptio ! ! (.talent érigées jusque dans de petits villages de la Lorraine. L’une d’elles existait à (iondreville en 1416. Philippe de queidres, veuve du duc René II, se lit Clarisse au couvent de Pont-à-Mousson, au mois de décembre 151 !). Elle fonda, dans l’église du monastère, une chapelle en l’honneur de l’immaculée conception de la vierge Marie. Son fils le cardinal.Jean de Lorraine, évcque de Toul, en 1535, enrichit d’Indulgences la chapelle fondée par sa pieuse mère ; la partie de la ville où elle ! >c trouvait, étant sur la rive gauche de la Moselle, dépendait du diocèse de Toul. l’ne autre chaj )clle en l’honneur du même privilège mariai avait été érigée à Saint-Epore de.Nancy, dès la fondation de la paroisse. Les fidèles y faisaient célébrer beaucoup de

messes, et, en 1649, dans sa Dissertation historique sur la ville de Nancy, demeurée manuscrite, Renel énumérait une vingtaine de fondations qui existaient de son temps. A Lagney, la confrérie de Notre-Dame Conception réunissant les hommes et les femmes du village, était antérieure à 1569. Cette année-là, les statuts furent renouvelés, et on les observa jusqu’en 1737. L’abbé Déblaye les a publiés dans le Journal de la Société d’archéoloç/ie lorraine, novembre 1865. A Senoncourt, les statuts de la Sainte et immaculée Conception Notre-Dame avaient aussi été renouvelés le 14 juillet 1615 et approuvés par Mgr de Maillane, évêque de Toul. Le règlement de la confrérie de la petite ville forte de La Mothe fut confirmé de même en 1616. Archives d’Outremicourt (Haute-Marne). Crévic avait encore alors sa confrérie. Voir Guillaume, Histoire du culte de la très sainte Vierge en Lorraine, Nancy, s. d. (1858), p. 77-102 ; E. Martin, Histoire des diocèses de Toul, de Nancy et de Saint-Dic, Nancy, 1900, t. II, p. 177 sq.

Un des premiers soins de saint Pierre Fourier, nommé curé de Mattaincourt, le 28 mai 1597, fut « de tirer de la poussière » la confrérie de l’innnaculée conception, qui se mourait d’épuisement dans cette « petite Genève ». Il en rédigea le règlement, qui est malheureusement perdu et dont on ne connaît que quelques points, mentionnés dans les lettres du saint. En 1631, il le soumit à l’examen de l’évoque de Toul, qui l’approuva le 25 mars de cette même année. Fondateur de la congrégation enseignante des religieuses (le Notre-Dame, il fit ériger dans leurs monastères, pour leurs anciennes élèves, la Congrégation des filles séculières, dont il dressa les statuts. On y honorait la’ierge immaculée d’un culte spécial. Cette confrérie lui parut être un moyen très efhcace d’entretenir la vie chrétienne parmi toutes les populations lorraines. Aussi voulut-il l’établir dans toutes les paroisses. L’acte d’institution chargeait les chanoines réguliers de Notre-Sauveur, dont Fourier avait été le réformateur, de l’organiser partout « pour les hommes et les grands garçons » et indiquait les moyens à prendre pour réussir. Ainsi le culte de l’immaculée mère de Dieu se répandit de plus en plus dans la Lorraine. P. Rogie, Vie du B. Pierre Fourier, t. i, p. 138 ; t. ii, i). 435 sq. ; Histoire abrégée de B. Pierre Fourier, p. 94, 203, 206, 211-212 ; E. Martin, op. cit., t. ii, p. 178 sq. Un Abrégé des règles de la ronjrérie de l’Immaculée Conception de la bienheureuse vierge Marie fut publié en 1675. Ces confréries oijt persévéré sans modification jusqu’en 1759. Mgr Drouas, évêque de Toul, modifia alors leur règlement et l’uniformisa. Guillaume, op. cit., p. 5764. Aujourd’hui encore, dans presque toutes les paroisses, les congrégations de filles ont pour patronne l’Immaculée Conception, dont elles célèbrent la fête très solennellement.

I-a connexion entre le cidte et la croyance, que manifeste le vocable choisi par les fondateurs et les membres de ces associations, ressort, en outre, des livres de prières dont on se servait. Dans des litanies insérées à la fin d’un O/Jice de la vierge Marie, éi l’usage de l’Église catholique, apostolique et romaine, imprimé à Paris en- 1586, la sainte ierge est saluée, non seulement connue « pleine de la grâce de Dieu, lis entre les épines, miroir sans tache, » mais encore comme « élue de toute éternité, » Sanrta Virgo ab scterno elecla. et "préservée, » Sancta virgo " præscrvata. « Accentuée surtout est rafflrmation de la pieuse croyance dans le petit officc de la Conception, .So/i » e mundi domina, datant, scmble-t-il, de la seconde moitié du xv siècle, mais si répandu aux xvi^ct xyu’, édité à Anvers, 1621, dans VExercitium hebdomadarium de Jean Wilson, et réédité.sous des titres différenls, mais toujours expressifs, comme les suivants : Officium de immaculata