Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée
99
100
Il ON OR lus 1er


l’on supposait ; i la funuulu en gulalitpsail l’oilliodoxie, et le mot était « lostiiié à une fortune brillante. En attendant qu’oii lui trouvât une inlerprétation catholique, il devenait la tessèrc du inouothélisiiie oUkiel. Quoi qu’il eu soit d’ailleuis, le formulaire imaginé par (". rus et l’empereur semblait réussir à merveille ; les monopliysit es se réconciliaient en foule, disait le patriarche d’Alexandrie, avec l’Kglise olluielle. Au fond, la grâce divine n’avait guère de place eu ces abondantes conversions :.Nous ne sommes point allés à Chalcé<loine, disaient les dissidents ; c’est Cihalcédoine qui est enue à nous. »

Tandis qu'à Constantinople on s’applaudissait, plus que de raison, de ces résultats si chèrement achetés, les couvents palestiniens, refuges de la science et de la piété orthodoxes, commençaient ù s’inquiéter. Un moine surtout, nommé Soiihronius, plus au courant des habitudes d’agir et de discuter de la secte raoïophysite, avait compris le danger qui menaçait lorthodoxie chalcéilonicnue. Il était acci/uru à Alexandrie, avait discuté avec le patriarche, lui avait représenté le danger de sa formule d’union. Mais le moine et le patriarche ne pouvaient s’entendre ; l’un parlait théologie, l’autre intérêt politique. Quel moyen de trouver un terrain commun'.^ Sophronius s'était alors adressé par lettre au chef tout désigné de l'Église d’Orient, au patriarche de Couslantinople. Puis il n’avait pas hésité à se rendre en personne dans la capitale, pour convaincre de vive voix Sergius. En apparence il n’obtint pas grand résultat ; le patriarche écrivit seulement à Alexandrie pour -firescrire le silence sur les expressions en litige ; on devrait à l’avenir éviter de parler d’une ou de deux opérations. En réalité, la démarche de Sophronius dexait avoir de bien autres conséquences ; elle amenait Sergius à se tourner vers Rome et à chercher auprès du gardien né de la foi catholique la réponse aux doutes qui très certainement agitaient sa conscience.

La lettre de Sergius au pape Honorius a été conservée dans les actes du WI" concile. Mansi, Concil., t. XI, col. 5'29-537. Il est nécessaire de l'étudier de près, la réponse du pape étant calquée siu' la demande du patriarche. Au préalable, il faut remarquer que la bonne foi de Sergius dans cette aflaire n’est pas contestable. Les événements précédents l’ont montré anxieux de concilier les scrupules de son orthodoxie avec le souci de plaire à l’empereur. Il croyait avoir trouvé un moj’en d’y parvenir. Sa conscience eût été pleinement en repos si la plus haute autorité de l'Église avait voulu approuver son attitude. La lettre commence par rappeler le' origines historiques du débat : conférences de l’empereur avec Paul le monophysite, avec Cyrus de Phase ; question adressée par celui-ci au patriarche : réponse qui lui a été lailc. Sergius fait remarquer que, dans cette dernière, il s’est gardé de rien définir. Puis Cyrus est devenu patriarche d’Alexandrie et Sergius insiste avec quelque complaisance, peut-être avec quelque exagération, sur les merveilles d’union accomplies en la capitale de l’Egypte par la formule < ; d’une seule énergie ». Sophronius, par contre, est présenté au pape sous un jour légèrement défavorable ; il apparaît un peu comme un brouillon qui vient compromettre par des scrupules intempestifs l'œuvre d’union si bien commencée. C’est à peine si Sergius mentionne qu’un changement considérable, et tort digne de fixer l’attention du pape, s’est passé pour le moine, qui vient d'être élu patriarche de Jérusalem. Un peu dédaigneusement, le prélat se contente de dire qu’il a entendu parler de cette élection, mais qu’il n’a point reçu encore la synodique la lui annonçant olliciellement. Quoi qu’il en soit, lors de la visite de Sophionius à Constantinople, Sergius s’est efforcé de lui faire préciser son

point de vue. H lui a demandé de louriùr les preuves patristiques qui appuient l’enseignement des deux opérations, 3j6 fïj'ôiç xai ajTaï ; Àiçîa'.v Èvsfyaia : èni XptaTOv rapaoïSo’jaai ;  ; Sophronius n’a pu le faire. A la suite de ce débat, continue Sergius, nous avons écrit au patriarche d’Alexandrie. Sachant bien comment les querelles Ihéologiques ont toujours pour origine l’introduction de mots nouveaux, nous avons exhorté Cyrus I'. à ne plus permettre qu’on parlât à l’avenir d’une ou de deux énergies. Il valait beaucoup mieux confesser que le seul et même unique Fils de Dieu, rsotre-Seigneur Jésus-Christ, opère les actions divines et les humaines, que toute activité, aussi bien la divine que l’humaine, procède sans division du seul et même Verbe de I)ieu incarné et doit se rapporter à lui seul. » On le voit, Sergius écartait la question toujours brûlante des natures, pour accertuer l’unité de la personne ; c’est de cette personne unique que procède finalement et en dernière analyse toute activité du Christ, et les termes mômes du patriarche indiquaient que cette activité était double, bior.^irJi L%'. àv6pto : ro7tp£7tfj. Mais celaient les mots « simple ou double ' qui lui faisaient peur. > Le mot une seule activilé, |i ; 'a âvipysia, continue-t-il, bien qu’il ait été employé par certains Pères (il s’agit évidemment de Cyrille d’Alexandrie, peut-être aussi de pseudo-Aréopagite), surprend et trouble « .ciiaines oreilles. On pourrait supposer qu’il entraîne la Suppression des deux natures. L’autre formule, deux aclivilés, scandalise d’autres personnes. Outre qu’elle n’a pas été employée par les docteurs, il semblerait s’ensuivre qu’il existe dans le Christ deux volontés opposée ? l’une à l’autre, comme si, par exemple, le 'Verbe divin avait voulu accomidir la passion salutaire, tandis que l’humanité aurait résisté à cette volonté. Ce serait introduire deux (personnes) qui oudraient des choses opposées, ce qui est une impiété. H est impossible, en effet, que, dans un seul et même sujet, subsistent en même temps deux volontés opposées sur le même objet. La doctrine des Pères nous enseigne, en effet, que jamais la chair animée du Sauveur (expression pour signifier simplement la nature humaine) ne s’est mise en mouvement d’elle-même et contrairemeiit à la direction (xôî vor-Jjj.xTi) du Verbe de Dieu qui lui est hyposlaliquement uni, mais qu’elle voulait quaml le Verbe voulait, comme il voulait, autant qu’il voulait. De même, en effet, que notre corps est conduit, orné, disposé par notre ànie raisonnable, semblabk-ment dans le Christ, toute la délibération humaine était, partout et toujours, divinement dirigéepar le Verbe.

Telles étaient, continue Sergius, les consignes envoyées par nous à Alexandrie ; elles y ont rétabli la paix. Il semble bien que l’intention du patriarche de Constantinople est de demander au pape la confirmation pure et simple de cette attitude un peu expectante sans doute, mais correcte dans le fond. Au dernier moment, toutefois, Sergius, comme quelqu’un qui rôde autour d’une tentation, revient à ce fameux discours de Mennas, dont il avait jadis révélé l’existence à Cyrus et par lui à Héraclius. Le théologien couronné a voulu en prendre plus ample connaissance, et l’a fait demander à la bibliothèque du patriarcat. En enoyant au prince des extraits de ce factum qui est intitulé : Rcp'. lvià ; ÈvEcysia ; y.a’i svoç 6eXr'|j.aT0ç, Sergius s’est permis quelques observations. Il a fait remai’quer la subtifité et la délicatesse du problème. Le mieux serait encore de s’en tenir a l’enseignement unanime des Pères, et de confesser tout simplement que le Fils unique de Dieu, vrai Dieu et vrai homme tout ensemble, opère dans l’unité de sa personne les actions divines et les humaines ; que c’est du seul et même Verbe de Dieu que procède, sans séparation, sans division, toute

r BlBl-