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IMMACULEE CONCEPTION


Sans conipLer les images déjà rencontrées et qui reparaissent, du lis ou de la rose qui surgit du milieu des épines, de l’étoile qui sort des nuages toute brillante, etc. Notable en ce genre est cette strophe d’une hymne irlandaise :

Mellis stilla Sed spinosuni

de spinis exiit, nil stilla sapiiit.

Maris Stella Scd nubosuni

de nube prodiit nil stella, habiiit

tenebrosa. radiosa.

Ibid., t. X, p. C5. Missel de Kilmorc ( Kilormircnse), à Dublin, Trinity Collège.

Les Églises d’Allemagne font écho aux Églises de France. De nouveaux offices contiennent l’invitatoirc, si expressif, que nous connaissons déjà, voir col. 1 105 :

Adoremus Dei patris natum ex para virgiiie. Qui conccptum suæ niatris prseservat a crimine. Ibid., t. V, p. 53. Prague, Olmutz, Cracovie.

Des hymnes et des prières énoncent pareillement, en termes formels, la préservation de ÎNIarie : Conceptio laudabilis

ab angelo nuntiata ; Marise tam amabilis

in conceptu præservata-. … Omni laude dignissima Quæ concepta vitiorum sine labe purissima. Ibid., t. XXX, p. 95, Vienne, Munich.

Sicut très pueros Dominus protexit ab igné, Sic prorsus matrem macula præservat ab onini. Et sicut Movsi rubus arclens non fuit ustus, Sic nec priniorum vitiis est lapsa parcntutii. Ibid., t. XXXI. p. 126. Cologne, cod. 20, pro euant de la Chartreuse de cette ville.

Même portée dans cette salutation adressée à la mère de Dieu :

Ave, quam originalis Non fœdavit macula. Ibid., t. XXXVIII, p. 239. Tegernsee, prière datant de 147(’. Il en est de la Vierge comme de l’astre du jour, inséparable de sa splendeur et de sa beauté :

. Sicut suum sol nitorem Nunquam perdit nec decoreni, Primi patris nec tu labem NuUam sentis nec fœtorcm. Ibid., t. IV, p. 41. Saint-Pierre de Salzhourg et Heiv.ogenbourg.

Jérémie et Jean-Baptiste furent des privilégiés, sanctifiés avant leur naissance ; Dieu a fait davantage pour sa mère, en la créant indemne de toute infection :

Sed amplius hic egit la matre, quam elegit : Supremam liane compegit Ex forma non infecta. Ibid., t. IX, p. 47. Missel cistercien de Neukloster. Tu a Deo fabricata. In conceptu præservata, NuUa trahis scelera. Ibid., t.Liv, p. 282. St-Pierre de Salzbourg et Tegernsee. Et tout cela en conséquence de l’éternel décret qui prédestina Marie à la maternité divine : Tu ex consilio Dei prævisa es Nobis præsidio, placens ut parères Sanctum sine macula Divini patris filium. Hinc ab initie, priusquam fieres, Electa Domino, tanta ne caderes. Es, ut tlbi sisteret Libertas sine crimine… Sancta conciperis, hinc sancta nasceris Legi non subiaces, gratis exempta es. Ibid., t. XII, p. 51, Luheck.

Ce progrès dans l’expression liturgique du glorieux privilège ne fut pas indépendant du décret de Bâic ni, à la fin du siècle, de l’attitude prise parle saintsiège ; quelques hymnes en font foi.

Post sacrum concilium

Basiliense conccptum Maria ;

solemni/at magna la-tilia Kcclesia romana.

Ibid., t. X, ]). GG sq. Prague, hymne franciscaine ; à la suite, une autre presque identique, provenant d’un monastère de carmes.

Un autre document nous montre que la même influence s’exerçait jusqu’en Italie : c’est un bréviaire (franciscain) secundum consueludinem romane curie, conservé à la bibliothèque du Vatican, ms. lai. 476J. Dans l’office de la Conception de la bienheureuse vierge Marie, fol. 362 v, allusion est faite, à la fin de l’antienne du Benedictus, au décret de Bâle, car il y est dit de la fcte que, confirmée par un concile général, elle se célèbre dans l’Église en beaucoui) d’endroits : que in generali concilio confirmata cclebratur par milita ecclesie loca. Paroles qui témoignent d’un fait dont les conséquences allaient se dérouler.

3° Le premier triomphe officiel : les constitutions, eu M PR^SEXCELSA et OR AVE iMMis, de Sixte IV. — Le saint-siège ne restait pas indifférent au large mouvement qui se manifestait en faveur de la fête de la Conception et de la pieuse croyance ; les circonstances l’amenèrent à suivre plus attentivement le débat. Dans la seconde moitié du siècle, fopposition prit en Italie un caractère agressif. Une première attaque vint d’un théologien dominicain, Raphaël de Pornassio, auteur de plusieurs écrits relatifs aux controverses agitées dans le concile de Bâle, en particulier d’un Tractatus de prærogativis Domiiii nostri Jhesu Christi, qui ne semble pas avoir été imprimé. Dédicaceen était faite aux chartreux (c’était avant le chapitre général de 1470), que le frère prêcheur prétendait défendre, ainsi que les religieux de son ordre, contre les embûches et les calomnies dont on les poursuivait. Dans cet ouvrage, soixante-douze témoignages de docteurs, pris en dehors de l’ordre dominicain, étaient apportés contre la pieuse croyance. Voir Doncœur. Les premières interventions du saint-siège, p. 47 (283). En 1465, dans une lettre à l’archevêque et au cierge d’Avignon, le même théologien attaqua, comme illégale et abusive, l’ordonnance portée dans le concile provincial de 1457. Roskovâny, op. c ; 7. t.i, p. 287, n. 2077. Un autre frère prêcheur alla plus loin en 1470 : il ne craignit pas d’employer du haut de la chaire, en parlant de l’opinion favorable au privilège, les termes d’erreur, d’impiété et d’hérésie. Ibid., n. 2079

La situation s’aggrava surtout par l’entrée en scène de Vincent Bandelli, plus tard général des dominicains (1501-1506), alors maître des étudiants de son ordre à Bologne. Il fit paraître à Milan en 1475, sous le voilo de l’anonymat, un premier écrit : Libellas recollectorius auctoritatum de veritaie conceptionis béate virginis gloriose. Après avoir parlé de la justice primitive et du péché originel, l’auteur énonçait en thèse, que c’est une impiété de soustraire à la loi commune la conception de la bienheureuse Vierge : Impium est tencre beatam virginem non fuisse in peccato originali conceptam. Jugement répété à diverses reprises en d’autres termes, par exemple, quand il dit des défenseurs du privilège, qu’ils renversent les fondements de la foi : Qui beatam virginem sine peccato originali fuisse asserit, christianæ fidei fiindamenta subvert il, ou qu’ils contredisent aux décisions de, l’Eglise : Est diccrc oppositnm eius qiiod est per ecclesiam detcrminatum, etc. La thèse est prouvée d’abord par une foule de const-