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HONORIUS 1er


lance inontici' an pape par li-s foiiclioiiiiaiies byzantins lie la péninsule amena llonoiiiis, pour son malheur et celui de sa mémoire, à se montrer plus que condescendant))our l’empereur Iléraclius dans l’allaire du monotliélisme. Nous aurons à revenir le iSuoiiH’iit sur cette (fuestion, dont Ilonorins ne comprit certainement point la gravité. Quoi qu’il en soit, il considéra comme un de ses plus beaux titres de gloire la réduclion du schisme d’Aqtiilée. A deux reprises, il lui en est fait honneur ; d’abord, dans l’inscription c^u’Honorius composa pour la grande porte de Saint-Pierre, ornée par ses soins d’une statue de l’apôtre ; ensuite, dans l'épitaphe fort louajigeuse (pli orna son tombeau. Cf. Duchesne, Le Liber pontifiralis, t. i, p. 326.

Au delà même des frontières de l’Italie, dans ' lUtjriciim, où, durant toute cette période, les papes cherchaient à maintenir la prépondérance de l’influence romaine aux dépens de celle de Constantinople, Honorius fui amené à agir. L'évêque de Nicopolis, Hypatius, est accusé d’avoir été de connivence avec les meurtriers de son prédécesseur. Honorius mande aux évéques d Épire, qui l’ont consacré, qu’ils doivent envoyer Hypatius à Rome pour présenter sa justilication. En attendant, le pape suiseoit à l’envoi du pallium. Jaiîé, n. 2010. En Sicile, à Syracuse, à Cagllari, le pape intervient avec la même vigueur. Jaflé, n. 2015, 2029. Partout, avec l’apijui des magistrats de Byzancc, il arrive à taire exécuter les décisions du siège apostolique.

En Espagne, la conversion au catholicisme de la monarchie wisigothique était maintenant un tait accompli ; la grande tâche du clergé était désormais l’organisation religieuse de la péninsule. Honorius ne pouvait se désintéresser du travail qu’accomplissait en ce sens l'épiscopat espagnol, dans les conciles régulièrement tenus à Tolède. Il y a trace d’une lettre envoyée par lui aux évoques de toute l’Espagne et de la Gaule Narbonnnise réunis pour le VI « concile de Tolôde (9 janvier 638). Jaffé, n. 2038. La lettre d’Honorius ne nous est connue que par la réponse cju’y fit saint Braulio, évêque de Saragosse. P. L., t. Lxxx, col. 607. Autant qu’il est permis de reconstituer le document pontifical, Honorius devait engager les évéques, sur un ton assez vif, à jilus de vigilance pour la conservation de la foi, et les exhorter à établir des peines sévères contre ceux qui porteraient atteinte à son intégrité. De quels périls s’agissait-il ? Les canons du concile, Hefele, Histoire des conciles, Irad. Leclercq, t. iii, p. 279, ne parlent que de l’expuIsion des juifs et du serment que devra prononcer le roi à son avènement, de ne laisser séjourner dans le royaume personne qui ne soit imbu de la foi catholique. D’autres hérésies étaient-elles menaçantes'.' Nous l’ignorons, et la réponse de Braulio ne fait mention que du péril créé par les juifs. Il s’agit déjà de cette question qui fera le tourment de l’Espagne catholique, des juifs convertis en apparence au christianisme et qui retournent plus ou moins ouvertement à leurs superstitions. Je suis porté à croire qu’Honorius vise le même péril ; en quoi il secondait encore la politique de l’empereur Héraclius. Celui-ci avait ordonné que tous les juifs reçussent le baptême. Cf. lettre au roi Dagobert, dans la Chronique de Fr('('ég lire, c. lxv, P. L., t. Lxxi, col. 646.

Honorius, dans la partie de la chrétienté qui échappait à l’emprise directe du basileus, pressait l’exécution des mêmes mesures. C’est encore un des titres de gloire que lui décerne son épitaphe :

Judaicse gentis sub le est perfidia vicia : Sic UTium Domini reddis ovile pium.

En résumé, Honorius laisse l’impression d’un pon tife énergique, préoccupé de la défense des droits de l'Église et des prérogatives spéciales du siège romain. En étroite union avec le pouvoir impérial, il s’efforce de consolider en Occident l'état de choses créé par les conquêtes de Justinien. Il mourut le 12 octobre G38, sans avoir rien prévu encore des calamités eO’royables qui commençaient à ravager l’Orient chrétien. 11 fut enterré dans l'église Saint-Pierre. Il laissait à ses contemporains le souvenir d’un homme sage, bienfaisant et doux, plein de doctrine et d’humilité. C’est en quoi s’accordent l’auteur du Liber pontificalis, Jonas de Bobbio, dans la 'Vie de saint Bertulle, P. L., t. Lxxxvii, col. 1063, et l'épitaphe qu’on graa sur son tombeau. De Rossi, Inscriptiones christianse, Rome, 1888, t. ii, p. 127. Erat enim venerabilis prasiil Honorius, sagax animo, vigens consilio, docirina clarens, dulcedine et hnmilitate pollens, dit Jonas. Après de tels éloges, on ne songe pas sans mélancolie aux atteintes qui allaient être portées à la mémoire d’Honorius.

II. La question d’Honorius. Honorius et i.e MONOTHÉLisME. — Houorlus cst surtout connu des théologiens pour le problème épineux qu’il laisse à résoudre à leur sagacité. Il n’est point de manuel de théologie qui ne lui accorde quelques pages, tout au moins quelques lignes, et, du xvii » siècle à nos jours, tous les gros traités consacrés au pontife romain lui réservent une dissertation. Ce n’est pas seulement à l'époque du concile du 'Vatican qu’ultramontains et gallicans se sont mutuellement jeté à la face les pièces de plus en plus volumineuses de son procès. Chaque fois que les polémiciues se sont réveillées autour des prérogatives du siège romain, aux premiers temps du jansénisme, à l'époque de la Déclaration de 1682, après la bulle Unigenitus, à l’apparition du livre de Fél^ronius, lors de la signature du concordat de 1802, le nom du pape Honorius a été lancé dans le débat.

La sérénité scientifique n’a pas toujours présidé à toutes ces discussions. On est étonné de voir, dans un camp comme dans l’autre, les esprits les plus fermes, les critiques les plus avertis manquer soudain, quand il s’agit de la question d’Honorius, aux principes les plus solides de la théologie ou de la critique historique. Aujourd’hui qu’il ne saurait plus être question de faire du cas d’Honorius un argument contre l’infaillibilité personnelle du souverain pontife, il doit être permis d'étudier le problème avec la sereine impartialité que doit l’histoire aux actes du passé.

On sait, en bref, comment la question se pose. Un patriarche de Constantinople, pour des raisons diverses, patronne une formule théologique, d’allure douteuse, hérétique dans le fond, destinée dans sa pensée à concilier l’inconciliable. Pour l’imposer plus sûrement comme tessère d’orthodoxie aux autres Églises d’Oiient, il s’avise d’en demander l’approbation au pape de Rome. Sans voir tonte la gravité du problème qui se pose, Honorius fait sienne la formule du byzantin, ou tout au moins une formule qui semble s’en rapprocher. L’année même où meurt Honorius, l’empereur Héraclius impose à tout l’Orient ces mêmes dispositions : le monotlélisme devient la religion officielle. Pendant quarante ans, par la ruse, par la force, par la violence poussée jusqu'à l’effusion du sang, il triomphe dans l’empire byzantin. Le pape saint Martin, le saint abbé Maxime seront les martyrs de la vraie foi. Puis un rapprochement se fait entre Rome, fidèle gardienne de 1 orthodoxie, et Byzance, lassée de son inutile schisme et de son infructueuse hérésie. Le 'VI^ concile œcuménique, rassemblé à Constantinople, condamne le monothélisme et restaure la vraie foi. En même temps, il frappe d’ana-