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IMMACULEE CONCEPTION


Virgo gloriosissima, non in parte, sed in loto ; et macula peccati sive mortalis sive venialis sive orir/inalis non est inlc, nec unquam fuit, ncc er(7. Théophile Raynaud, ’Idiota sapiens, l.yoïi, 1632, p. 538. Deux autres religieux continuent la tradition au siècle suivant, avant le concile de Hâle : Théodore Yrye, saxon ; compose un double traité, De immaculata conceptione, De multiplici conceptione, et Pierre de Venise, un Traclatus seu quæstio de conceptione bealissimæ V. Mariæ. Pierre de Alva, Monumenta anliqua… ex variis autlioribits, t. I, p. 185, 197, 258.

Ces témoignages suffisent, abstraction faite de beaucoup d’autres, pour montrer jusqu’à quel point la pieuse croyance avait gagné du terrain au cours du xrve siècle. Des circonstances extérieures n’avaient pas peu contribué, on va le voir, à favoriser ce résultat.

Pierre de Alva fournit de très riches matériaux pour cette époque comme pour la précédente dans presque tous ses ouvrages, si nombreux, voir t. i, col. 925, particulièrement dans les suivants, auxquels des références ont été faites : Sol veritatis ciun uentilabro seraphico. pro candida aurora Maria insuo conceptionisorlii sancta, pura, immaculata et a peccalo originali pneservala. Madrid, 1660 ; Funiculi nodi indissoluhilis de conceptu mentis et conceplii venlris, Bruxelles, 1661 ; Monumenta anliqua immaculatæ conceptionis sanctissim^x Virginis Mariæ, ex variis autlioribus antiquis tam manuscriplis quam olim impressis, sed qui vix modo reperiunUir, Louvain, 1664 ; Monumenta anliqua immaculalic conceplionis sanctissimæ Virginis Mariæ, ex novem aullioribus antiquis, Louvain, 1664 ; Monumenta anliqua seraphica pro inimaculala conceptione Virginis Mariæ, ex variis aulhoribus religionis serapliicæ in unum comporlata et collecta, Louvain, 1665 ; Radii solis zeli seraphici cœli veritatis pro immaculatæ conceplionis myslerio, Louvain, 1666.

P. Doncœur, Les premières interventions du saint-siège relatives à l’immaculée conception (XII’-XIV siècle), Louvain, 1908. Extrait de la Revue d’histoire ecclésiastique, t. viii, n. 2, 4 ; t. ix, n. 2 ; Aug. de Roskovany, Beata Virgo in sua conceptu immaculata ex monumenlis omnium seculorum demonstrata, Budapest, 1873, t. i, p. 215-236 : Specialis litteratura…e sa’c. XIV ; H. Holzapfel, Bibliotheca franciscana de immaculata conceptione, Quaracchi, 1904 ; Cand. Mariotti, L’immaculala concezione di Maria ed i franciscani, c. v, Quaracchi, 1904.

3 » Lutte ouverte en France et en Aragon. — La modération relative dont les adversaires de la pieuse croyance avaient d’abord fait preuve, ne se maintint pas pendant la seconde moitié du xive siècle ; un certain nombre donnèrent à leur opposition un caractère absolu et agressif. Ce fut l’occasion de conflits retentissants,

1. Lutte en France : Jean de Monzon et r université de Paris, 1387-1389. — Si l’on en croyait Bernardin de Bustis, l’université de Paris se serait, dès l’année 1333, formellement prononcée en faveur de l’immaculée conception : Determinavii quoque Universitas Parisiensis anno Domini 1533, Mariam matrem Dei pcr nullum instans vel momentum originali culpæ subjectam, sed speciali prioilegio ab omni macula immunem fuisse præservatam. Mariale, Lyon, 1502, part. I, p. 32 : Serm., viii, de Conceptione Mariæ. Nulle trace d’un pareil décret dans les registres de l’université, remarque Duplessis d’Argentré, Colleclio judiciorum, t. i a, p. 335. Un tel acte paraît d’ailleurs inconciliable avec l’attitude qu’elle tenait à cette époque. UAlma mater laissait aux deux partis la liberté de leur opinion, exigeant seulement qu’on respectât la pieuse croyance, adoptée par un grand nombre des maîtres. Les théologiens franciscains qui enseignaient à Paris se tenaient dans la réserve voulue ; ainsi Pierre Philargos ou de Gandie, le futur Alexandre V, se contentait, dans son commentaire sur le III « livre des Sentences, en 1380, de présenter comme iraisonnable la préférence donnée à la thèse immaculiste : Dicam

breviter quod mihi videtur rationabilitcr cUgendum. Bruxelles, liibl. roy., ms. 3699-3700, fol. 158 ; leçon reproduite, sous le titre de Quæslio de conceptione V. Mariæ, par Pierre de Alva, Monumenta anliqua seraphica, p. 191. Quand des écarts notables se produisaient, ils ne restaient pas impunis. En 1362, deux frères prêcheurs, Jean l’Eschacier et.Jacques de Bosco, dirent en chaire à Châlons-sur-Marne, que l’opinion soutenant le privilège était fausse, hérétique et, de ce chef, condamnable ; l’autorité ecclésiastique procéda contre eux et exigea une rétractation. Deniflc, Chartularium, t. iii, n. 1272, p. 99.

Un cas beaucoup plus grave survint en juin 1387. .Jean de Monzon, dominicain originaire du diocèse de Valence, en Aragon, avança dans ses Vespéries et dans sa Rcsumpta, c’est-à-dire dans la thèse qu’il soutint le soir de sa promotion à la maîtrise et dans la première leçon qu’il donna comme maître, diverses conclusions qui choquèrent et provoquèrent des récriminations. Quatorze propositions furent relevées, dont quatre se rapportaient, formellement ou implicitemerit, à la conception de la bienheureuse Vierge.

10. Non omnem hominem prseter Christum contrahcre ab Adam peccatum originale est expresse contra fidem.

11. Beatam Mariam Virgincm et Dei genitricem non contraxisse peccatum originale, est expresse contra fidem.

12. Tantum est contra sacrain Scripturam, unum homincm esse exemptum a peccato originali, practcr Christum, sicut si decem homines de facto ponercntur exempti.

13. Magis est expresse contra sacram Scripturam, beatam Virginem non esse conceptam in peccato originali, quam asserere ipsam fuisse simul beatam et viatricem ab instant ! suae conceptionis vel sanctificationis.

Il est expressément contre la foi, de nier que tout homme, en dehors du Christ, ait contracté d’Adam le péché originel.

Il est expressément contre la foi, de nier que la bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu, ait contracté le péché originel.

Il n’est pas moins contre la sainte Écriture de dire qu’un seul homme, en dehors du Christ, a été réellement exempt du péché originel, que d’étendre l’exemption ; i dix hommes.

Il est plus expressément contre la sainte Écriture, d’affirmer que la bienheureuse Vierge n’a pas été conçue dans le péché originel, que d’aOirmer qu’elle a été simultanément dans l’état de bienheureux et celui de voyageur, dès le moment de sa conception ou de sa sanctification.

Jean de Monzon ne se contentait pas de soutenir ces propositions pour son propre compte ; il prétendait les couvrir de l’autorité de saint Thomas, dont la doctrine, déclarée véridique et catholique par Urbain VIII, avait été spécialement recommandée en 1326 par l’évêque de Paris. D’où cette remarque du R. P. Mortier, op. cit., p. 622 : « L’imprudence de Jean de Monzon consistait donc principalement eu ces deux points : déclarer héréti jUe l’opinion qui soutenait le privilège de l’immaculée conception et baser cette déclaration sur la doctrine de saint Thomas. 1)

La faculté de théologie fit examiner les quatorze propositions, notamment celles qui concernaient la bienheureuse Vierge. Sur son ordre, un de ses docteurs, Jean Vital, franciscain espagnol, composa un ouvrage apologétique : Dejensorium B. Virginis Mariæ, pubUé par Pierre de Alva, Monumenta antiqmi seraphica, p. 89 ; cf. Analccta jranciscana, t. ii, (Quaracchi, 1887), p. 217 sq. Il y traite, en cinq livres, de la justice originelle, du péché originel, de la pureté origineUe de la mère de Dieu, des preuves de cette pureté et de la controverse actuelle, considérée du point de vue juridique. Deux sortes de questions sont particulièrement caractéristiques : d’abord, celles où