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IMMACULEE CONCEPTION


saint Bonaventure et saint Thomas écrivirent, plus nombreuses étaient les Eglises où la fête de la Conception n’existait pas encore ; mais les autres étaient déjà nombreuses, absolument parlant, et le nombre s’accrut notablement pendant le laps de temps qui s’écoula depuis la mort de ces docteurs jusqu’à la fin du siècle.

En Angleterre, le culte s’était maintenu dans les monastères où il s’était implanté. L’intérêt qu’on portait à la fête est révélé par ce que raconte Mathieu Paris, Hisloria major, Londres, 1640, p. 351 sq., de l’empressement avec lequel les moines de Saint-Alban profitèrent d’une visite qui leur fut faite, en 1228, par un archevêque de la Grande-Arménie, pour savoir si, dans ce pays, on célébrait la conception de la bienheureuse Vierge Marie. Détail plus important, l’introduction officielle de la fête dans les diocèses d’Angleterre commence à cette époque, dans la seconde moitié du xiiie siècle. Elle est déjà mentionnée dans le concile d’Oxford de 1222, can. 8, mais seulement comme fête de dévotion : praster festum Conceptionis, ciijus celebraiioni non imponitur nécessitas. Mansi, Concil., t. xxii, col. 1153 ; F. E. Warren, Manuscript Irish Missal Corpus Christi Collège Oxford, Londres, 1897, Inlrod., p. 47. En revanche, le concile d’Exeter de 1287 range la « Conception de la bienheureuse Marie » parmi les fêtes à observer, can. 23. Mansi, t. xxiv, col. 813.

En France, le progrès est attesté d’abord par les monuments liturgiques, imprimés ou inédits. Des hymnes sur la conception de la bienheureuse Vierge Marie, datant de cette époque, apparaissent dans les Analecta hijmnica de G. Brèves : t. xi, p. 33, brév. de Saint-Pierre de la Couture, au ^L’^ns ; t. l, p. 549 sq., trois hymnes par Jean de Garlande, docteur de Paris (t après 1252) ; t. uv, p. 278, tropaire parisien ou rémois. D’une plus grande portée, par leur nature même, sont deux documents publiés par le chanoine U. Chevalier : Ordinaire et Coutumier de l’Église cathédrale de Bayciix (Xlll'e siècle, Paris, 1902, p. 194, 295, 394, 40 ; Sacramentaire et martyrologe de Vubbaije de Saint-Rcmij. Martyrologe, calendrier, ordinaire et prosaircs de la métropole de Reims, fviir-xiiie siècles), Paris, 1900, p. xxi, 90, 162, 227, 250, 253, 391.

Beaucoup plus riche est l’apport fourni par les inédits : calendriers liturgiques, missels, bréviaires, psautiers, antiphonaires, leclionnaires, etc. En général, ils se présentent dans les mômes conditions que ceux du siècle précédent, col. 1033, mais avec cette différence notable que les manuscrits du xin « contenant la fête de la Conception sont sensiblement plus nombreux que les autres, environ 25 contre 8 d’après l’enquête faite par le P. Noyon, col. 1033. La plupart viennent de diocèses normands ; tels, une douzaine conservés à la bibliothèque de Rouen. H. Omont, Catalogue général des mss. des bibliothèques publiques de France. Départements, t. i, Rouen, n. 192, 205, 207, 245, 276, 277, 291, 299, 305, 394 ; cf. Vacandard. Les origines de la /été de la Conception dans le diocèse de Rouen, p. 168 sq. ; Les origines de la /été et du dogme de l’immaculée conception, p. 28. Quelques unités s’ajoutent, appartenant à d’autres villes : Baycux, brév. ; Évreux, psautier ; Couches, deux bréviaires ; Alençon, office célébré à l’abbaye de la Trappe, sans compter d’autres pièces où des mdices du culte apparaissent, par exemple, dans le cartulairc ms. de l’abbaye de Longues, au diocèse de Baycux, un legs fait en 1208, hoc in die Conceptionis béate Marie. Les diverses bibliothèques de Paris possèdent une dizaine de manuscrits, quelques-uns de provenance déterminée. Bibliothèque nationale : ms. lai. 776, lec- 1 lion, de Saint-Victor ; *2^, missel parisien, 9441 ; missc |

parisien ; 15181 et 15663, bréviaires parisiens. Bibliothèque de r.rsenal : ms. lat. 275, brév. de la collégiale du Saint-Sépulcre de Cæn ; 282, psautier lyonnais. Clermont-Ferrand conserve un bréviaire de la fin du xiii « . Un autre est signalé, au diocèse de Dax, comme provenant du prieuré de Saint-Caprais de Pontoux, qui appartenait à l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre de la Réole. A. Degert, art. cité, p. 536. Voir encore, pour les diocèses de Vienne et de Grenoble, la revue Notre-Dame, l’» année, Paris, 1911, p. 80-82.

Aux documents liturgiques d’autres s’ajoutent : statuts d’un synode de Coutances, tenu vers 1215, où la fête de la Conception est prescrite, can. 58, Martène, Thésaurus novus anecdotorum, Paris, 1717, t. IV, col. 820 ; faits de diverses sortes, rappelés par Mgr. Malou, op. cit., t. i, p. 120 sq., qui prouvent l’institution de la fête ou son existence dans les endroits suivants : Le Mans, 1247 ; Évreux, 1204 ; Blois, 1272 ; Saintes, 1287 ; Rodez, 1289. A la même époque, elle était établie ou réintroduite à Notre-Dame de Paris en conséquence d’un legs fait à cette intention par l’évêque Renaud d’Homblonière (t nov. 1288). Lesêtre, op. cit., p. 38. Ce prélat était originaire de Normandie ; son geste testamentaire montre qu’il partageait le sentiment de spéciale dévotion dont ses compatriotes étaient animés envers la conception de la mère de Dieu, tout particulièrement à l’époque où il vivait, comme on le voit par le Registre des visites pastorales d’Eudes Rigaud, archevêque de Rouen de 1248 à 1275 ; la fête y est mentionnée à six reprises différentes, notamment en 1266, où l’archevêque dit avoir célébré la messe dans l’église Saint-Séverin de Paris in conceptione beatæ Mariée… in festo nationis normannicæ. Reqestrum visitationum archiepiscopi Rothomagensis, édit. Bonnin, Rouen, 1852, p. 562 ; cꝟ. 380, 449, 503, 591, 615. Si l’appellation de nation normande ne désigne ici directement qu’un groupe des étudiants de l’université, la dévotion spéciale des membres de ce groupe n’en atteste pas moins indirectement celle de leur pays d’origine. Aussi, vers la même époque, Henri de Gand remarquait-il qu’entre les autres peuples, les Normands se distinguaient par leur zèle à fêter la conception de la mère de Dieu : zèle qu’il explique par cette circonstance que la révélation relative à la fête aurait eu lieu dans leur territoire : quod propterea normanni, in quorum territorio dicitur huiusmodi revelationem factam fuisse, præ ceteris populis illam conceptionem prœcipuc célébrant. Quodl., XV, q. xiii, § Queestio ista.

Les renseignements sont beaucoup moins riches pour les autres régions de l’Europe que pour l’Angleterre et la France. La fête apparaît en Hollande, peu après l’année 1280, au doyenné de Farnsum, province de Groningue. Van Noort, Tractatus de Dec redemptore, 2’^ édit., Amsterdam, 1910, p. 179. En Allemagne, un legs ad festum Conceptionis béate Virginia peragendum est reçu, en 1285, parlcchapitrcde Minden. Der Katholik, Mayence, 1905, 1. 1, p. 399. Deux autres documents, datant de 1289 et de 1291, attestent l’existence de la fête à Halbcrstadt, en Saxe. Le premier est particulièrement intéressant, car il contient une concessio.i d’indulgences pour le jour de la conception, obtenue en faveur du couvent des dominicains de cette ville par trois archevêques et neuf évêques se trouvant à Rome. G. Schmidt. Crkiindenbuch der Stadt Halbcrstadt, part. I. p. 17 1, 198, dans GeschichtqueUen der Provini.Sachsen, Halle, 1878, t. vii, La fête est encore signalée, en 1297, dans nii monastère de Paderborn, en Wesiphalic. }Vcstfaliclirs Urkundenbuch, t. iv, p. IIOX. En Sulsle. nn manuscrit d’Engelbert, au canton d’Unterwaiden,