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dienlia angclicie /idmonilionis, p. 110. Allusion à ri^vans^ile apocryplie de la Nativité de Marie, et en même temps réminiscence d’un texte où saint Bède ne parle pas autrement de Jean-Baptiste, conçu miraculeusement d’une mère stérile et d’un père avancé en âge, sans immixtion de la concupiscence charnelle : itbi desinente omni lascivia concupiscent iæ carnalis constaret quia nulla in conceptione causa voluplatis, sed sola cogitula sil spiriiualis yratia probis. llomiliie genuinæ, t. II, hom. xiii, (71 viyilia S. Joannis Bapiislx, P. L., t. xciv, col. 20.5. Ainsi, conception active sans concupiscence ; comme résultat, préservation préventive immédiate pour l’âme : la cause, c’est-à-dire la concupiscence, disparaissant, l’ellet, c’est-à-dire la souillure de l’àme, par voie de conséquence était empêché.

L’explication qui précède valait contre ceux qui attribuaient à la chair, considérée comme terme inimé<liat de l’acte générateur, une simple souillure, provenant de la eoncupiscence inhérente à cet acte ; elle était ineiïicace contre ceux ciui à cette souillure en ajoutaient une autre, beaucoup plus foncière. D’après un certain nombre de scolastiques contemporains, notamment Pierre Lombard, Senl., t. II, dist. XXX, § Quibus respondcri potest, et Rob. Pullus, Sen(., t. II, c. xxviii, P. L., t. cLxxxvi, col. 755 sq. ; cf. note de D. Mathoud, col. 1051 sq., les corps de tous les descendants d’Adam auraient été contenus dans celui du premier père à l’état de germes distincts, quoique non développés, per seminalem rutionem : théorie dite de l’emboîtement des germes. Quand.dam prévariqua, il se produisit dans tout son être, et par suite dans tout ce qu’il contenait, une corruption physique ou empreinte morbide, qui devait ensuite s’attacher .à toute chair humaine, au cours des générations. Cependant le Saint-Esprit pouvait, par une action spéciale et extraordinaire, faire disparaître cette empreinte morbide en purifiant radicalement une nature. C’est précisément pour mettre la chair du Sauveur à l’abri de cette souillure, que beaucoup attribuaient à la Vierge Marie, au jour de l’annonciation, la purification spéciale dont il sera question plus loin. D’autres jugèrent qu’il n’était pas digne du Verbe divin de s’unir à une chair ciui aurait été préalablement soumise à la loi du péché ; ils eurent recours à la singulière explication qu’expose brièvement Hugues de SaintVictor, De sacramentis, t. II, part. I, c. V, P. L., t. cLxxvi, col. 386 : « Certains prétendent que la chair à laquelle le Verbe s’est uni, ne fut pas comprise dans la corruption que le péché primitif entraîna pour toute la masse de la nature humaine contenue en Adam ; cette chair fut préservée de la contagion et de la corruption du péché, et depuis le premier père Jusqu’au)noment où le Verbe la prit, elle resta indemne de tout péché et se transmit pure ; ainsi, n’ayant jamais été soumise au péché, elle en fut, non pas délivrée, mais libre, et ideo a pcccalo non liberata, sed libéra. » Hugues indique ensuite comme principal fondement de ces théologiens, le texte où saint Paul dit que, dans la personne d’Abraham, Lévi paya la dîme à Melchisédech. Heb., VI, 9. Lévi, remarquent-ils, mais non le Clirist, parce que seule la chair de Lévi était contenue dans celle de son ancêtre comme chair soumise au péché. Voir encore Summa sententiarum, attribuée par beaucoup au même Hugues, tr. I, c. iv, P. L., t. oi.xxvi, col. 73 ; Robert de Melun, Tract, de Verbo incarnato, d’après les extraits publiés par du Boulay, Ilisloria universitatis Parisiensis, t. ii, p. C03 ; Roland Bàndinelli, Die Sentenzen Rolands, édit. Gietl, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. 163 sq. Cette théorie bizarre se rattacherait à une tradition d’après un franciscain converti du judaïsme, Pierre Galatin, Z)t’arcanis catiiolicse vcritalis, t. VII, c. ni sq., Orthoncc-Maris, 1518.

(>)niestor recourut à cette théorie pour sauvegarder l’al/solue pureté du corps de Marie en sa conception. Il regarde, il est vrai, comme possible qu’il n’y ait pas eu péché dans l’acte conjugal des parents de la Vierge : cujus /orsitan neuler parens concumbendo deliquit, p. 9. Mais ce n’est pas là sa réponse principale ; celle-là n’est autre qu’une application faite ; i .Notre-Dame de la susdite théorie : In massa nutur^r noslrx corruptiE in Adam, divina yratia venam quamdu :.i rcservavit, vclut quuddain (ut ila dicam) arminium : illam videlicel pulriarclmrum et prophetarum progeniem, ex qua Dominus noster humanam diynatus est sine pvccuti corruptione naturam assumere, p. 3. Unde crcdi potest curnein illam quæ assumpla est a Verbo post corruplionem tolius humanse naturee in primo parente, ita lanvn illœsam et ab omni eontugione peccati immunem cuslodilam, ul usque ad susceptionem sui a Dei Filio semper libéra manserit, et nulli unquam peccato vel modicum pensum reddiderit, p. 4. Vient ensuite la preuve tirée de saint Paul, Heb., vi, 9, avec cette conclusion : Si donc le Christ n’a reçu d’Adam que la nature, sans péché d’aucune sorte, il est à croire que la "mère du Christ n’a pareillement reçu de ses parents que la chair, sans tache d’aucune sorte ; étant donné surtout que la chair de l’une soit la chair de l’autre : verisimile est, ut et mater Christi solam carncm, et nullam penitus maculam a parenlibus contraxerit, prœsertim eum itna et eadem euro sit mutris et filii, et qualis agnus, talis est mater agni. Par cette explication Comestor arrivait, comme Abélard et Cantor, à un système de préservation préventive, avec cette différence que la préservation n’était plus immédiate et prochaine, mais médiate et remontant jusqu’aux origines de la nature humaine.

De tout ce qui précède il est facile de comprendre en quel sens les trois apologistes soutenaient la fête de la Conception. Que leur culte allât à la Vierge, considérée comme personne humaine et n’existant comme telle cju’en vertu de la conception consommée par l’union du corps et de l’àme, c’est là chose incontestable ; mais ils allaient plus loin et prétendaicni aussi vénérer ]Marie au début même de la conception, en considérant son corps comme saint dès ce momentlà. Celte sainteté n’était évidemment pas la sainteté intérieure et surnaturelle, celle que donne à l’àme l’infusion de la grâce sanctifiante ; c’était la sainteté entendue dans un sens plus large et relatif, disant deux choses : sous l’aspect positif, union morale d’ordre transcendant avec la divinité, union fondée sur la prédestination de Marie et sa destinée future ; sous l’aspect négatif, exclusion de toute souillure entraînanl plus ou moins l’idée de péché. Mais, en écartant soit l’empreinte morbide inhérente, d’après certains, à toute chair issue d’Adam, soit la concupiscence actuelle dans l’acle générateur et son tenue immédiat, la chair de Marie, ces théologiens prétendaient écarter du même coup ce qui, d’après leurs adversaires, avait pour terme corrélatif l’existence du péché originel dans l’àme et la personne de la Vierge. Aux écrits précédents s’ajoutent trois autres pièces de la même époque cjui ont été conservées dans deux abbayes cisterciennes d’Autriche, Heiligenkreuz, près Baden, et Zwettl. Elles ont été décrites et analysées par le P. Noyon, Noies bibliographiques, avril 1911, p. 177, 182, d’après une copie qui lui avait été communiquée et que j’utilise moi-même. Elles ont pour titre dans le manuscrit, la première : Sermo de conceptione dei yenilricis et semper virginis Marie ; les deux autres : Sermo unde supra, et : Item, unde supni. Mais la troisième seule semble être, en réalité, un sermon ; la première et la seconde ont la forme de dissertations ou réjjonses adressées à un moine qui fait partie d’un ordre où la fête de la Conception se